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À La Une - Révolte

Des talibans pakistanais combattent désormais en Syrie

Violents combats dans un quartier de Damas, des centaines de familles assiégées.

À Deir ez-Zor, douche improvisée dans la rue pour un rebelle, entourée de « décorations » de ramadan. Khalil Ashawi/Reuters

Au moins 13 personnes ont été tuées hier dans un quartier de Damas où des combats opposent les rebelles à l’armée syrienne qui y assiège des centaines de familles, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. « Le siège est dû au fait que les tireurs embusqués du régime sont postés sur les périphéries de Qaboun, ce qui rend difficile le mouvement d’exode », explique cette ONG basée en Grande-Bretagne. Les violents combats se déroulent à l’intérieur et à la périphérie du quartier de Qaboun, d’où l’armée cherche à déloger les insurgés depuis des mois, selon l’organisation qui se base sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires sur le terrain. L’armée pilonne en même temps le secteur, causant la mort d’au moins 13 personnes, dont sept rebelles, ajoute l’OSDH. Dans une vidéo diffusée par les militants à Qaboun, de violents tirs d’artillerie et au mortier étaient entendus presque sans interruption, des fumées noires se dégageant de plusieurs endroits du secteur. « Il y a une grande pénurie de produits alimentaires et certaines familles n’ont rien à donner à manger à leurs enfants », indique l’OSDH.


Toujours à Qaboun, des dizaines de personnes qui étaient détenues par les forces du régime dans un endroit souterrain près d’une mosquée ont retrouvé la liberté à la suite des combats qui ont forcé l’armée à se retirer du lieu, selon l’OSDH. Plus tôt dans la journée, l’opposition syrienne avait justement appelé la communauté internationale à faire pression sur le régime pour qu’il libère 200 personnes détenues selon elle par ses troupes dans une mosquée de Qaboun, mais l’on ne sait pas s’il s’agit des mêmes détenus. L’opposition n’a, en attendant, pas précisé s’il s’agissait de civils ou de combattants rebelles. Cette campagne militaire du régime est une poursuite du siège imposé depuis près de sept mois sur les quartiers de Barzé et de Qaboun, précise la Coalition de l’opposition dans un communiqué.

 

(Video : En Syrie, le Krak des Chevaliers endommagé par un raid)

 


« Ce sont ces chars qui tuent nos enfants »
Dans ce même quartier de Qaboun, une vidéo diffusée samedi par des militants montre la destruction, vraisemblablement par des tirs de rebelles, d’un char de l’armée circulant près des décombres d’une maison. « Les héros de l’Armée syrienne libre (ASL, rebelles) détruisent un char BMP (véhicule de combat soviétique) à Qaboun », peut-on entendre sur la vidéo qui montre le char visé par des tirs avant de prendre feu. « Ce sont ces chars qui tuent nos enfants », s’écrie la personne filmant la scène.

 

 

 

 

Les forces du régime tentent depuis des mois à déloger les rebelles des quartiers périphériques de la capitale. Pour leur part, les insurgés tirent de manière irrégulière des obus sur la capitale, où les jihadistes ont multiplié, eux, les attentats-suicide à la voiture piégée. Signalons au passage que l’OSDH a fait état d’un attentat à la voiture piégée devant un commissariat dans la province de Damas, faisant un nombre inconnu de victimes.


Ailleurs dans le pays, le Croissant-Rouge est parvenu à faire entrer 5 000 rations alimentaires à la prison centrale d’Alep, assiégée par les rebelles depuis trois mois, toujours selon l’ONG. Au moins 120 prisonniers sont morts depuis mai dernier en raison des bombardements, du manque de médicaments et de nourriture. Les rebelles, qui veulent libérer les 4 000 détenus de cette vaste prison, occupent depuis avril une partie du site, mais les forces du régime contrôlent toujours les bâtiments dans lesquels se trouvent les prisonniers. De plus, un homme et ses trois enfants ont été tués dans le district de Jabal al-Zawiya, dans la province d’Idleb, par le raid d’un hélicoptère militaire.

 

(Reportage: À Damas, la guerre a ressuscité la vie de quartier)


« Mandataires d’el-Qaëda »
Dans un contexte de heurts meurtriers de plus en plus répétés entre rebelles et jihadistes, des commandants du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) ont affirmé hier que les talibans pakistanais ont établi des bases et envoyé des centaines d’hommes en Syrie pour lutter aux côtés de la rébellion contre les forces du président Bachar el-Assad. Cette stratégie vise à consolider les liens avec le commandement central d’el-Qaëda, affirment-ils. La guerre civile en Syrie, qui a fait plus de 100 000 morts depuis 2011, attire des combattants sunnites qui rejoignent ce qu’ils considèrent comme une guerre sainte contre les oppresseurs chiites. « Quand nos frères ont eu besoin de notre aide, nous avons envoyé des centaines de combattants aux côtés de nos amis arabes », a déclaré hier un haut commandant du TTP. Il a affirmé que son mouvement diffuserait prochainement des vidéos de « victoires » en Syrie. Un autre commandant du TTP, également sous anonymat, a déclaré que la décision d’envoyer des combattants en Syrie avait été prise à la demande d’« amis arabes ». « Nos frères arabes étant venus nous soutenir, nous sommes tenus de les aider dans leurs pays respectifs et c’est ce que nous avons fait en Syrie », a-t-il expliqué. « Nous avons établi nos propres bases en Syrie. Certains de nos gens y vont et reviennent après avoir combattu un certain temps là-bas. » Ce renfort présumé des talibans pakistanais survient à un moment de tensions très fortes entre les islamistes, dont le Front el-Nosra, et l’opposition armée dirigée par l’Armée syrienne libre (ASL). Des tensions exacerbées par le meurtre, jeudi, d’un haut gradé de l’Armée syrienne libre par des membres de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), affilié à el-Qaëda.


Le Tehrik-e-Taliban opère principalement à partir des zones tribales pakistanaises situées à la frontière avec l’Afghanistan et lutte pour renverser le gouvernement d’Islamabad et imposer une vision rigoriste de l’islam. Mais le mouvement est aussi étroitement lié à el-Qaëda et aux groupes jihadistes qui ont déployé des hommes dans les régions tribales. Ahmad Rashid, auteur pakistanais spécialiste des talibans, estime que le TTP est « resté en quelque sorte un mandataire d’el-Qaëda ». Il y voit pour preuve la présence dans les zones tribales de « ces étrangers qui sont pris en charge et entraînés par les talibans ». « Ils agissent comme des jihadistes, avec précisément les mêmes objectifs qu’el-Qaëda. C’est une manière, je suppose, de cimenter les relations avec les groupes militants syriens (...) et d’élargir leur sphère d’influence. »


Enfin, un obus tiré de Syrie, vraisemblablement pendant les combats opposant l’armée aux rebelles syriens, est tombé hier sur la partie du Golan occupée par Israël, a déclaré une porte-parole de l’armée israélienne. Il n’a pas été fait état dans l’immédiat de victimes ou dégâts.

 

 

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Au moins 13 personnes ont été tuées hier dans un quartier de Damas où des combats opposent les rebelles à l’armée syrienne qui y assiège des centaines de familles, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. « Le siège est dû au fait que les tireurs embusqués du régime sont postés sur les périphéries de Qaboun, ce qui rend difficile le mouvement d’exode »,...

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