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À La Une - Disparition

Le « Journ el-Kébbé » d’Alixa Naff au Smithsonian

La chercheuse a sillonné les États-Unis avec son « chameau » (surnom de sa Volkswagen Coccinelle bleue), à la recherche des sagas des émigrés venus du Liban et des autres pays arabes.

Alixa Naff avec des mortiers à café et « kebbé ».  Photo Arab American National Museum.

Elle se nomme Alixa Naff et elle est la mémoire collective libanaise de la diaspora arabe des États-Unis. Cette chercheuse d’origine libanaise vient de décéder à l’âge de 93 ans, laissant derrière elle un trésor historique sur l’existence de ceux venus chercher une meilleure vie de l’autre côté de l’Atlantique.
Un trésor mis à la disposition de tous puisqu’elle a offert cette collection, portant le nom de ses parents « Faris et Youmna Naff » au Smithsonian Institution à Washington. Il s’agit de plus de 2 000 photos, 450 enregistrements de récits réels et 500 objets personnels ou autres, propres à notre culture (dont un « Journ el-Kébbé » ), et qu’elle avait consacré sa vie à amasser. Cet ensemble est une parfaite documentation sur la première vague d’émigrés, pour la plupart chrétiens, qui étaient arrivés aux États-Unis au tournant du siècle dernier.


Ses parents en faisaient partie. Ils avaient débarqué en 1922, dans l’Illinois, venant de leur village de Rachaya al-Wadi. Puis, pour des raisons de survie, ils se sont fixés à Detroit. Là, enfant, Alixa s’amusait à découper les journaux et collectionner des photos et des objets inhabituels, se distinguant, plus tard, des autres jeunes filles de sa génération par son goût pour la lecture et les recherches. Elle avait tenté une carrière dans une banque, pour élargir son horizon, mais avait été forcée de travailler dans l’épicerie familiale.


Dans les années 50, on retrouve Alixa Naff à l’Université de Californie où elle obtient un BA. Dans ce contexte, elle avait rédigé une intervention intitulée « Les Arabes d’Amérique », pour un séminaire sur l’histoire américaine et l’immigration. Elle avait précisé, que faute d’études à ce sujet, elle s’était appuyée sur des entretiens avec des parents et des amis. Ce qui a poussé son professeur à lui accorder une bourse pour qu’elle poursuive ses recherches.

La « Mère » des études arabo-américaines
Au cours des années 60, elle achète, pour mille dollars, un enregistreur (qui se trouve aujourd’hui à l’Arab American National Museum, Detroit) et parcourt seize communautés d’émigrés arabes aux États-Unis et au nord du Canada pour recueillir leurs expériences. Suit un doctorat (sur l’histoire sociale de Zahlé, la principale ville marchande du Liban du XIXe siècle), une période d’enseignement et d’engagement. Elle envoie des messages au Congrès pour demander à ses membres : « D’où prenez-vous vos informations sur les Arabes d’Amérique ? » Mais elle blâme également ces derniers qui négligent leur identité et leur patrimoine.


Une autre bourse lui permet de fignoler un ouvrage intitulé Devenir Américain : la première expérience des émigrés arabes qui avait été publié par les presse de l’Université de l’Illinois en 1985. À son actif d’autres ouvrages dont un livre pour enfants sur les « marchands colporteurs », métier qu’ont exercé les premiers émigrés libanais surnommés « Tejar al-Kaché ».
Quand, dans les années 80, elle décide de faire don de sa collection de documents et d’objets au Smisthonian Institution (qui chapeaute quelque 19 musées et 11 centres de recherche), elle se transforme en archiviste pour l’organiser et la cataloguer elle-même – la connaissant mieux que tout le monde – afin qu’elle soit préservée, mise à la disposition des chercheurs et des étudiants et exposée périodiquement.
Alixa Naff espérait que quelqu’un, après elle, poursuivra ses recherches en ouvrant « un chapitre suivant », disait-elle. Elle aimait à répéter que le lancement public, en 1984, de sa collection serait plus important que ses funérailles ! En fait, elles se sont avérées être à égalité, à en juger par les grands espaces que les médias lui ont consacrés à l’annonce de sa disparition... elle qui a mérité le titre de la « Mère » des études arabo-américaines.

 

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