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Liban - Éclairage

Situation bloquée sur fond de malaise sunnite

La séance parlementaire avortée de lundi a mis en évidence la confusion qui règne sur le plan politique entre les alliés au sein d’un même camp. La volonté du président de la Chambre Nabih Berry de soumettre au vote des députés un projet de loi sur la prorogation de l’âge de la retraite des militaires a commencé par montrer l’ampleur du fossé entre lui et le chef du bloc du Changement et de la Réforme, mais aussi le flou dans lequel baigne le courant du Futur et l’ambiguïté de ses positions. C’est ainsi qu’en choisissant de boycotter la séance, les députés du Futur et du 14 Mars ont fait passer au second plan les critiques mutuelles que se lancent à mots couverts MM. Berry et Aoun. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains, au 8 Mars, voient dans la position du 14 Mars une aubaine pour régler dans le calme le conflit entre le président de la Chambre et le chef du CPL, estimant que ce conflit est désormais passé au second plan.


L’élément marquant de la séance de lundi a donc été illustré par les divergences apparues au grand jour entre le président de la Chambre et le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati. Au-delà du conflit en principe constitutionnel sur la possibilité pour le Parlement de légiférer, alors que le gouvernement est chargé de gérer les affaires courantes, c’est la rivalité entre sunnites et chiites qui se profile et qui pourrit le débat politique. Selon les milieux proches du président de la Chambre, M. Mikati aurait ainsi pris pour prétexte la thèse de l’ouverture d’une session extraordinaire par un décret présidentiel signé par le chef de l’État et le Premier ministre, alors qu’il proteste en réalité contre le fait que le Parlement veut travailler à plein régime alors que le gouvernement, lui, est en veilleuse parce qu’il gère les affaires courantes. D’ailleurs, les mêmes sources précisent que telle était la teneur du débat qui a eu lieu au cours de la réunion au Sérail qui a regroupé, outre Nagib Mikati, Fouad Siniora et d’autres personnalités.  C’est pourquoi le président de la Chambre a décidé de monter au créneau et de mettre en avant l’incohérence des positions du courant du Futur, aidé d’ailleurs par le chef du PSP Walid Joumblatt qui, dans un communiqué qui lui avait valu les foudres d’Ahmad Fatfat, avait évoqué la confusion dans laquelle se débat ce courant.

 

(Lire aussi: Arslane critique le boycottage de la Chambre)


Dans cette nouvelle polémique, les milieux proches de Nabih Berry se demandent comment le courant du Futur peut voter en faveur de la prorogation du mandat du Parlement et ensuite se prononcer en faveur du recours en invalidation de cette loi, puisque les deux membres sunnites du Conseil constitutionnel se sont rendus aux séances et étaient prêts à se prononcer en faveur de l’acceptation de ce recours. Même chose avec la prorogation du mandat du commandant en chef de l’armée. C’est l’ancien Premier ministre Saad Hariri qui avait lancé le sujet, au lendemain du coup de force de l’armée contre le fief d’Ahmad el-Assir. Certes, l’idée du projet de loi était déjà en cours, mais Nabih Berry attendait le moment propice, d’autant qu’il voulait en même temps permettre à la loi de maintenir en poste le commandant en chef de l’armée Jean Kahwagi et le chef d’état-major druze Walid Selman, ainsi que d’autres officiers titulaires de postes-clés. Le chef du législatif n’aurait jamais eu l’idée d’ouvrir ce débat sitôt après l’opération militaire de Abra. Toutefois, lorsque Saad Hariri en a lancé l’idée, il a saisi l’occasion. Mais quelle n’a été sa surprise en constatant que Fouad Siniora cherchait par tous les moyens à se désengager de ce dossier. C’est ainsi qu’a été lancée l’idée de donner un effet rétroactif à la loi pour en faire bénéficier l’ancien chef des FSI Achraf Rifi, sachant que ce rajout serait inacceptable pour le 8 Mars qui avait préféré que le gouvernement démissionne plutôt que de maintenir le général Rifi à son poste au-delà de l’âge de la retraite. Et cela avant les dernières déclarations de ce dernier sur la situation à Tripoli et sa défense des « chefs des axes » ! C’est dire qu’il n’y a aucune chance pour que l’effet rétroactif exigé par le courant du Futur soit accepté par le camp adverse, y compris Walid Joumblatt.


Les milieux proches de Nabih Berry déplorent ce qu’ils appellent le manque de logique dans les positions du courant du Futur et estiment qu’elles sont dues à la politique ambiguë adoptée par ce courant à l’égard des salafistes. Depuis le début, le courant du Futur a en effet cherché à ménager les islamistes, croyant pouvoir les utiliser, et il les a aidés en financement et en armes pour jouer cette carte face au Hezbollah. Mais avec le déclenchement de la crise en Syrie, ces courants se sont développés et sont devenus pratiquement autonomes, ayant leurs propres sources de financement et leur propre dynamique, au point que le courant du Futur s’est vu dans l’obligation de s’aligner sur leurs positions, surtout à cause de l’ouverture de son rival, Nagib Mikati, en leur direction. Le problème se pose toutefois avec encore plus d’acuité après les derniers développements à Tripoli et à Saïda. Le courant du Futur se veut à la fois avec l’État et ses institutions (dont l’armée) contre les armes dites illégales, et avec les salafistes et leurs excès. Il se trouve contraint à une contorsion acrobatique, entre son appui à l’armée et sa couverture des salafistes, lesquels par exemple sont entrés en armes à la mosquée vendredi pour accompagner cheikh Chahhal à Saïda... C’est pourquoi il se réfugie dans l’invocation du complot visant à affaiblir la communauté sunnite, tout en se retrouvant dans le camp hostile à l’armée, accusée d’être « complice du Hezbollah ! ».

 

(Lire aussi: Le courant du Futur exige « une enquête judiciaire et militaire transparente » au sujet des incidents de Abra)


Face à une situation aussi bloquée, la solution aurait été de former rapidement un gouvernement, ce qui décongestionnerait un peu la scène sunnite. Mais aux dernières nouvelles, la délégation envoyée par Walid Joumblatt en Arabie saoudite serait revenue avec des instructions précises : il ne faut pas faire la moindre concession au Hezbollah depuis qu’il a envoyé ses hommes à Qousseir. Autrement dit, il ne faut pas accepter qu’il participe au prochain gouvernement et il faut rejeter sa demande de voir les différentes parties représentées selon leur poids au Parlement. Les pressions sur le Premier ministre désigné Tammam Salam viennent donc des deux camps, et si ce dernier choisit de passer outre les demandes du 8 Mars, il devra convaincre Walid Joumblatt pour que son gouvernement puisse obtenir la confiance du Parlement... On n’est donc pas près de sortir de l’auberge.

 

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commentaires (4)

Interdit aux plus de 7 ans....

Antoine-Serge KARAMAOUN

12 h 58, le 03 juillet 2013

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Commentaires (4)

  • Interdit aux plus de 7 ans....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    12 h 58, le 03 juillet 2013

  • Le hezb résistant possède une arme imparable parmi les armes dont il maîtrise les effets, elle est invisible mais d'une efficacité telle que quand elle frappe elle est indolore mais produit un effet perturbant, dont le résultat immédiat est une confusion totale de la raison , les ondes de choc traversent la frontière libanaise du nord au sud et pénètrent en profondeur dans les capitales bensaoudiques et évidemment se propulsent vers le pays des yanky sionisés, avec un retour pointé sur le pays usurpateur ,qui en dernier recours , électrifié , renvoie par un phénomène circonvolutif des messages que les exécutants eux mêmes ne saisissent plus tout à fait. C'est pas un drone, parce que le hezb résistant en possède , c'est même pas matériel , non, c'est "psychologique " et a des composants rayonniques , découvert par Hyppocrate et repris par Freud, j'en donne la définition :pathologie profonde et durable , vite invalidante, névrose classée parmi les troubles de conversions ou troubles dissociatifs . L'HYSTERIE, encore plus dangereuse quand elle est collective. Heureusement qu'on a Scarlett comme anxiolytique ou anti dépresseur comme prélude à une psychothérapie.

    Jaber Kamel

    12 h 33, le 03 juillet 2013

  • No comment, parce que les analyses des-informatives continues bon train. En Libanais nous appelons ça: "Felej ma t3elij". Quoi que l'on dise quoi que l'ont fasse il n'y a qu'un seul problème au Liban et c'est la présence du Hezbollah et de ses armes dans la vie politique du pays. Tout le reste n'est que résultats et conséquences de la soumission de ce partis et de ses amis a des états étrangers qui les financent ouvertement pour des raisons qui n'ont rien a faire avec les intérêts du pays. Ça s’arrête la, point a la ligne!

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 16, le 03 juillet 2013

  • L'HYSTÉRIE AVEUGLE FRAPPE PARTOUT ET TOUS ! CE QU'ON DÉNIE AUX AUTRES ON SE LE PERMET POUR SOI ! ET LE PAYS EST SUSPENDU AU DESSUS DE L'ABYSSE OÙ ON L'Y A ENGOUFFRÉ... ER7ALOU BAA !

    SAKR LOUBNAN

    07 h 50, le 03 juillet 2013

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