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À La Une - Épidémie

Sida : trente ans plus tard, « l’espoir chevillé au corps »

Les grands noms de la médecine s’apprêtent à donner un aperçu optimiste de la lutte contre le sida, même s’il reste bien d’obstacles à franchir avant de remporter la bataille.

Obtenir une « quasi-guérison » ou plutôt une « rémission persistante » au long cours chez les séropositifs, qui permettrait de se passer de traitement, est désormais à l’ordre du jour pour des médecins et des chercheurs qui se réunissent aujourd’hui à Paris. Placée sous le thème de « Imagine the Future » (Imaginer l’avenir), la conférence, dont les travaux se poursuivront jusqu’au jeudi 23 mai, marque le trentième anniversaire de l’identification du virus du sida en 1983.
La guérison suppose l’éradication du virus de l’organisme, et donc de le chasser de tous les compartiments, les réservoirs où il se cache et « c’est extrêmement difficile avec ce virus », note la Prix Nobel de médecine, Françoise Barré-Sinoussi, codécouvreur du virus.


Le 20 mai 1983, dans la revue américaine Science, l’équipe dirigée par le professeur Luc Montagnier (également Nobel pour cette découverte) révèle un nouveau virus différent de ceux jusque-là suspects d’être responsables du syndrome d’immunodéficience acquise (sida).
Isolé à partir d’un patient séropositif, ce virus est baptisé LAV pour virus associé à la lymphadénopathie par allusion au gonflement des ganglions (adénopathie), signe avant-coureur de la maladie. Le rôle de cet agent meurtrier était confirmé l’année suivante par l’équipe américaine du professeur Robert Gallo.
Depuis les choses sont allées très vite : « Il est clair que jamais on n’avait été aussi vite pour identifier une nouvelle maladie et sa cause, apporter des réponses thérapeutiques et arriver au résultat d’aujourd’hui », résume le Pr Willy Rozenbaum, spécialiste français des maladies infectieuses et cosignataire de l’article de 1983.
« L’arrivée, en 1996, des traitements combinés surnommés trithérapies, a radicalement changé la donne en permettant aux séropositifs dépistés précocement d’avoir une durée de vie équivalente à celle de la population générale, avec un risque de transmettre la maladie extrêmement faible », souligne ce clinicien.
Toutefois, même si la recherche n’a pas baissé les bras, après trente ans et des échecs, il n’existe toujours pas de vaccin préventif. Un tel vaccin reste indispensable si l’on veut vraiment voir la fin du sida, dit le Pr Adeeba Kamarulzaman (Malaisie), spécialiste des maladies infectieuses qui coprésidera la conférence internationale sur le sida de juin à Kuala Lumpur.


Mais, pour l’heure, les espoirs paraissent résider dans la rémission persistante après arrêt du traitement et le développement de stratégies d’attaque des réservoirs du virus, d’où il peut ressurgir.
À côté, des « contrôleurs naturels », personnes très rares (moins de 1 %) qui peuvent contenir le virus (VIH) sans jamais avoir pris le moindre traitement, les cas de contrôleurs adultes (étude française Visconti), traités très précocement, qui peuvent se passer d’antirétroviraux, pour certains jusqu’à dix ans après avoir cessé de les prendre, et celui apparemment similaire d’un bébé du Mississippi, traité moins de trente heure après sa naissance, offrent des pistes et des lueurs d’espoir.
Réduire les sanctuaires du virus dans le corps et doper les défenses immunitaires, pour augmenter le nombre de ces contrôleurs, font partie des objectifs.
« On était très naïfs à l’époque, se souvient Mme Barré-Sinoussi. On pensait qu’ayant identifié le virus, on allait trouver un traitement, un vaccin et le problème sera réglé. » « Nous avons par la suite constaté que c’était plus complexe avec ce virus », qui a fait montre de son extraordinaire capacité à défier tous les schémas connus et contourner les défenses du corps, ajoute-t-elle.
Mais, on ne poursuit pas la recherche, sans avoir « l’espoir chevillé au corps », indique-t-elle.
Quelque 34 millions de personnes vivent avec le VIH dans monde, dont 1,8 million environ décèdent chaque année.

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