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À La Une - Liban

Nasrallah : Nous ne laisserons pas les Libanais de Qousseir sans défense

"Les amis de la Syrie dans la région ne permettront pas la chute du régime d'Assad", assure le chef du Hezbollah.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d'un discours télévisé retransmis mardi soir sur la chaîne du parti al-Manar. AFP PHOTO/MANAR TV

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé mardi soir un discours télévisé retransmis sur la chaîne du parti, al-Manar, principalement axé sur l'affaire du drone abattu la semaine dernière par Israël ainsi que sur le conflit en Syrie. 

 

Evoquant d'abord l'affaire du drone, Hassan Nasrallah a de nouveau démenti l'implication de son parti.

"Le Hezbollah a le courage de revendiquer des actes aussi courageux, son histoire le prouve", a-t-il déclaré. Et de poursuivre : "Jusqu'à ce moment, rien ne confirme les informations israéliennes sur ce drone, cette affaire pourrait donc être inventée." Le cas échéant, l'éventualité que le drone ait été envoyé par les Gardiens de la révolution iranienne "n'est pas réaliste", selon le chef du Hezbollah. "Une tierce partie non-amie pourrait se tenir derrière l'affaire afin d'entraîner la région dans une guerre entre le Hezbollah et Israël, a ajouté Nasrallah. Il se peut que l'Etat hébreu lui-même ait envoyé le drone." Il a dans ce contexte mis en garde Israël contre "des calculs erronés s'il croit que le Hezbollah n'est pas prêt à contrer toute offensive."

 

Jeudi dernier, Israël a annoncé avoir abattu un drone entré dans son espace aérien en provenance du Liban, accusant le Hezbollah qui a aussitôt démenti son implication alors qu’il avait déjà envoyé un drone en Israël en octobre. Dimanche, la 2e chaîne de télévision israélienne avait également indiqué que le drone a bien décollé de Beyrouth, "mais n’a pas été envoyé par le Hezbollah". Et hier, un responsable de la sécurité libanaise a démenti que le drone ait été lancé à partir du Liban. Selon ce responsable, qui n’a pas été identifié, le drone pourrait avoir été lancé par un amateur israélien ou par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

 

 

La crise syrienne

Sur le conflit syrien, qui a fait depuis deux ans plus de 70.000 morts, selon l'ONU, Hassan Nasrallah a estimé que le but recherché par ceux qui se tiennent derrière la guerre en Syrie est la destruction totale du pays afin qu'il soit rayé de l'équation régionale. "Ils ne veulent pas un Etat fort en Syrie, mais un Etat faible, incapable de contrôler son pétrole et son gaz", a-t-il insisté.

S'adressant aux rebelles syriens, le secrétaire général du parti chiite a déclaré : "Vous ne serez jamais capables de faire chuter militairement le régime de Damas, le combat sera très long."

 

(Pour mémoire : Le Liban dans le piège syrien, l'éclairage de Scarlett Haddad)

 

"La Syrie compte dans la région de vrais amis qui ne permettront pas que ce pays tombe dans les mains des Etats-Unis, d'Israël ou des groupes takfiri" (en allusion aux extrémistes sunnites), a ajouté Nasrallah laissant entendre pour la première fois que l'Iran et son parti pourraient intervenir directement dans le conflit.
"Il y a actuellement des experts iraniens qui sont en Syrie depuis des dizaines d'années mais pas de forces militaires iraniennes car c'est maintenant le peuple syrien qui combat, a-t-il noté. Mais si la situation devenait plus dangereuse, des Etats, des mouvements de résistance et d'autres forces seront dans l'obligation d'intervenir de manière efficace dans la confrontation sur le terrain", a-t-il ajouté.

 

Hassan Nasrallah a par la suite conseillé au monde musulman et à ceux qui veulent véritablement régler la crise en Syrie d'oeuvrer à trouver une solution politique, estimant que "c'est un devoir politique et moral". "Miser sur les options militaires est une grande aventure qui ne mènera qu'à plus de dégâts", a-t-il poursuivi.


L'implication du Hezbollah

Evoquant l'implication de membres de son parti dans les combats auprès du régime de Bachar el-Assad dans des régions syriennes frontalières du Liban, le chef du Hezbollah l'a officiellement reconnue pour la première fois.

Il a indiqué dans son discours qu'il existe plus de 30 000 Libanais, de différentes confessions, à Qousseir (au centre de Syrie) qui ont été menacés.

"Certaines informations faisaient état d'une éventuelle invasion par des rebelles de villages habités par des Libanais en Syrie ", a déclaré Hassan Nasrallah, ajoutant que les combats dans ces régions se sont intensifiées dernièrement. "Aussi, c'était normal d'offrir toute l'aide possible et nécessaire pour épauler l'armée syrienne, les comités populaires (milices locales pro-régime) et les habitants libanais", a-t-il dit en soulignant que "la bataille n'est pas finie".

 

Dans ce contexte, le chef du parti chiite a demandé : "L'Etat libanais est-il capable de déployer l'armée libanaise dans les villages syriens habités par des Libanais?" Et de poursuivre : "Il est du droit des Libanais qui habitent dans des villages syriens de se défendre. Nous n'hésiterons pas, de notre côté, à les défendre et nous ne les laisserons pas à la merci des groupes armés."

 

Par ailleurs, Hassan Nasrallah a justifié la présence des combattants du Hezbollah à Sayeda Zeinab en soulignant qu'ils combattaient les takfiri. "Il faut que des moujahidine (combattants de l'islam) honnêtes se dressent pour empêcher la chute du village et du mausolée de Sayeda Zeinab (...) Il y a des gens sur le terrain qui empêchent l'avancée des takfiri", a-t-il expliqué. Selon la légende, Zeinab petite fille de Mahomet et soeur de l'imam Hussein, vénéré par les chiites, y serait enterrée.

 

(Pour mémoire : L’implication du Hezbollah en Syrie, entre accusations et démentis)

 

 

Le secrétaire général du Hezbollah a en outre évoqué les informations rapportées par les médias faisant état de la présence de centaines de combattants du parti tués ces dernières semaines en Syrie. Il a dans ce contexte demandé : "Qui peut cacher 500 martyrs? C'est complètement absurde". Selon lui, les médias avancent des chiffres erronés dans le cadre d'"une guerre psychologique contre le Hezbollah, à laquelle le parti chiite est habitué".

"Nous sommes fiers des martyrs qui sont tombés ces dernières semaines et ils nous honorent. Je salue leur famille", a-t-il toutefois lancé sans préciser le nombre de tués dans les rangs de son mouvement.

 

Depuis quelques jours, l'implication de membres du mouvement chiite dans la guerre que mène le régime syrien contre les rebelles, en très grande majorité sunnites, ne fait plus l'ombre d'un doute.

Le Hezbollah affirme qu'il s'agit de Libanais membres du parti qui résident depuis des décennies dans des villages syriens et ne font que se défendre et défendre leur terre contre les "attaques rebelles" : 13 villages habités totalement ou partiellement par des chiites libanais se trouvent en territoire syrien.

La semaine dernière, Nabil Qaouq, vice-président du conseil exécutif du Hezbollah, a affirmé que la défense de ces habitants Libanais était un "devoir national".

 

 

L'implication du Hezbollah est violemment dénoncée par l'opposition syrienne. Nommé lundi dernier, le chef par intérim de l’opposition syrienne, Georges Sabra, a aussitôt estimé que "ce qui se passe à Homs est une déclaration de guerre contre le peuple syrien, et la Ligue arabe se doit de considérer l’affaire comme telle".  Et depuis plus de deux semaines, les rebelles syriens tirent, en guise de riposte, des obus en direction de la région libanaise frontalière du Hermel, bastion du Hezbollah.

 

L'implication du Hezbollah est aussi vivement dénoncée par les adversaires libanais du parti chiite qui craignent l'entraînement du Liban dans la spirale de violence syrienne. L’imam salafiste de la mosquée Bilal ben Rabah, cheikh Ahmad el-Assir, et le cheikh radical Salem Raféi sont allés jusqu'à appeler mardi dernier au jihad en Syrie pour défendre les habitants sunnites de la région centrale de Homs. Des appels toutefois rejetés par l'Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion, qui a refusé "toute présence de combattants étrangers, quelle que soit leur provenance".

 


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