Rechercher
Rechercher

Liban - L’éclairage

Gouvernement : le Hezbollah hausse les enchères... pour soulager le grand frère syrien

Le régime syrien a jusqu’à présent échoué à mettre l’opposition en déroute, notamment à Damas et dans sa banlieue. De même, il n’a pas réussi à étendre de nouveau sa domination sur l’aéroport de la capitale afin d’assurer les liaisons avec Deraa et Homs. À la lumière de cette situation, ainsi que de l’implication du Hezbollah dans les combats en Syrie, Moscou a pris l’initiative de dépêcher son vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, dans la région, et notamment au Liban, étape principale de sa tournée.


L’émissaire spécial de Vladimir Poutine a profité de sa présence au Liban et de ses réunions avec les différents pôles politiques pour distribuer une série de messages. Il a d’abord assuré le soutien de son pays au Liban et aux efforts consensuels menés par le président Michel Sleiman pour immuniser la scène locale et épargner au Liban les retombées des développements de la crise syrienne à travers la déclaration de Baabda, qui avait été signée par les participants à la conférence de dialogue et qui préconisait notamment la neutralisation du Liban face aux axes régionaux et la politique de distanciation à l’égard du conflit syrien sous l’égide du cabinet Mikati. L’émissaire russe a souligné dans ce cadre la nécessité de sanctuariser la paix civile et la stabilité, et de faciliter la formation rapide du nouveau cabinet et la tenue des législatives dans les délais impartis.


Mikhaïl Bogdanov a également appelé le Hezbollah à retirer ses combattants de Syrie après la mobilisation de plusieurs groupes extrémistes sunnites pour aller en découdre au nom du jihad sur le territoire syrien – une situation qui n’est pas sans installer progressivement un climat de discorde sectaire sunnito-chiite au Liban. Moscou a souligné qu’il souhaite se tenir à égale distance de tout le monde et qu’il est contre toute discorde confessionnelle, d’autant que celle-ci, a souligné M. Bogdanov, ne saurait par la suite rester cantonnée à l’intérieur d’une zone géographique déterminée... Mais le Hezbollah a par la suite démenti l’information selon laquelle l’émissaire russe aurait demandé le retrait par le parti de ses miliciens de Syrie.


Le vice-ministre des Affaires étrangères a enfin considéré l’accord de Genève comme point de départ pour une solution en Syrie, plaidant en faveur de la fin de la violence, aucune solution ne pouvant être imposée par les armes, selon lui. Aussi a-t-il appelé, depuis le Liban, la communauté internationale à œuvrer pour mettre fin au cycle de violence et initier un dialogue entre les différentes parties syriennes afin d’aboutir à un accord entre le régime et l’opposition, sans conditions préalables.


La visite de Mikhaïl Bogdanov avait été précédée par de dangereux développements, notamment l’affaire du drone abattu dans l’espace aérien israélien par l’aviation israélienne. Le Hezbollah avait démenti être à l’origine de cet acte, en dépit des accusations israéliennes dirigées à son encontre. Cependant, un ministre local n’a pas hésité à déclarer que ce drone était un message adressé à l’Occident signifiant que l’Iran et ses alliés au Liban sont capables de modifier la donne et de provoquer une explosion de la situation régionale. Par conséquent, nul ne peut ignorer leur puissance manifeste.


De source diplomatique, on indique que le Hezbollah, qui sent que la balance sur le terrain syrien penche désormais en faveur de l’opposition, tente désormais de trouver une issue de secours, une sorte de déversoir qui lui permettrait d’amoindrir la pression sur la Syrie afin d’aider le régime à reprendre son souffle. Et pour cause : le pouvoir a été incapable de tenir ses promesses faites à Moscou et à Téhéran d’inverser en sa faveur le rapport de forces sur le terrain, de manière à consolider l’influence russe et le positionnement iranien dans la région, et de renforcer la situation de Vladimir Poutine dans le cadre négociations avec les Américains dans la perspective du sommet américano-russe en juin prochain en marge du sommet du G8 en Irlande du Nord. Le Hezbollah avait d’ailleurs déjà donné des signaux dans ce sens en faisant preuve de souplesse au plan local et en proclamant, par la voix de certains de ses ténors, sa volonté d’éviter les conflits et de faciliter la mission du Premier ministre désigné Tammam Salam, à condition de ne pas interpréter cette démarche comme un signe de faiblesse de sa part et de la part de l’axe syro-iranien.


Il n’empêche que le Hezbollah a effectivement perdu de sa superbe, soulignent certains observateurs, du fait du recul de l’axe régional lui-même. C’est pourquoi, en dépit de son engagement explicite à faciliter la formation du cabinet Salam, le voilà qui fait maintenant monter les enchères s’agissant de la forme et de la composition du gouvernement, après avoir laissé un moment son allié aouniste monter au créneau à ce niveau. Aussi le parti chiite réclame-t-il, depuis quelques jours, le tiers de blocage à l’intérieur du cabinet, qu’il souhaite formé de 30 ministres afin de pouvoir assurer la représentation de ses alliés. Le voilà aussi qui rejette le principe de l’alternance au niveau des portefeuilles et refuse que l’équipe « neutre » ou « indépendante » ait le même niveau de représentation que le 8 Mars au sein du cabinet.
Pour le 14 Mars, cette hausse des enchères constitue une réponse du Hezbollah au refus du courant du Futur de rouvrir les canaux de communication avec le parti chiite avant que ce dernier ne fasse montre d’une série de signaux jugés nécessaires pour l’ouverture d’une nouvelle page. Pour le courant du Futur, le Hezbollah devrait ainsi d’abord reconnaître le Tribunal spécial pour le Liban, remettre les quatre accusés à la justice internationale et accepter le principe du dialogue sur son arsenal militaire dans le cadre d’une stratégie de défense. Partant, assure une source de la nouvelle majorité, le 14 Mars n’est pas disposé, à l’heure actuelle, à dialoguer avec le Hezbollah après sa révolution blanche de 2011 contre le cabinet Hariri. La politique de la main tendue avec le parti chiite qui s’est engagé dans le bourbier syrien et qui souffre de la crise économique iranienne, c’est non. Or, précisément, le Hezbollah n’attend, pour compenser toutes ses pertes, qu’une relégitimation libanaise que seul le courant du Futur est en mesure de lui donner. Confronté à une fin de non-recevoir, le parti pro-iranien ne veut plus faciliter la formation du cabinet et commence à imposer ses conditions en cascade. Au niveau de la loi électorale, par exemple, il atermoie pour tenter d’obtenir une prorogation du mandat de la Chambre de deux ans, durant laquelle il espère améliorer de nouveau son positionnement sur la scène locale, en misant sur de nouveaux développements régionaux en sa faveur, notamment au lendemain du sommet américano-russe.


Mais Tammam Salam, lui, ne l’entend pas ainsi. Le Premier ministre désigné refuse que la formation de son cabinet soit récupérée et instrumentalisée par une partie quelconque dans un contexte régional. Il ne saurait accepter le blocage de son gouvernement pour un jeu de pressions et de contre-pressions, ou encore un chantage affectif accompagné d’une politique du bord du gouffre dans le but de pousser l’Occident en particulier à intervenir pour permettre de rétablir les contacts entre toutes les parties, et d’alléger, de facto, la pression sur Damas.

 

Lire aussi

Des « idées » électorales... et des scénarios ministériels contradictoires

Le régime syrien a jusqu’à présent échoué à mettre l’opposition en déroute, notamment à Damas et dans sa banlieue. De même, il n’a pas réussi à étendre de nouveau sa domination sur l’aéroport de la capitale afin d’assurer les liaisons avec Deraa et Homs. À la lumière de cette situation, ainsi que de l’implication du Hezbollah dans les combats en Syrie, Moscou a pris...

commentaires (4)

CORRECTION ! Merci : "....Recrutés souvent Jeunes et/ou incultes...."

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 41, le 01 mai 2013

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • CORRECTION ! Merci : "....Recrutés souvent Jeunes et/ou incultes...."

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 41, le 01 mai 2013

  • LA VOIX DU PEUPLE EST LA VOIX DE DIEU ! Le Peuple Syrien sortira vainqueur et le changement se fera. La Démocratie s'établira, à ne pas en douter du tout. Il est à conseiller que cela se fasse par des négociations entre les parties syriennes exclusivement, si possible, sinon entre les deux grandes puissances...

    SAKR LOUBNAN

    10 h 54, le 30 avril 2013

  • M. Abi Akl, vos articles sont toujours intressants et objectifs. Vous analysez tres bien la situation tant sur le plan local qu'international. C'est un vrai eclairage! Ce que j'aime surtout en vous, c'est que vous etes NEUTRE! Bravo! C'est ce qu'un vrai journaliste doit etre avant tout...

    Michele Aoun

    09 h 38, le 30 avril 2013

  • Les SAINS, Libanais et Syriens, se retrouvent ainsi face à des Intégristes de tous poils organisant des battues et des chasses à cours Sectaires jusqu’au fin fond des petites ruelles de ce que peuvent compter ces Deux patelins d’innombrables petites ruelles ! Désespérant du fait qu’ils ne seront jamais admis dans la Saine Société, ils appartiennent aux Pires Fanatisés de la société et constituent donc une pépinière d’Intégristes de toutes espèces vivant sur le dos de cette même société. Rôdeurs sans toit ni loi ne démentant jamais le caractère typé de Sectaires de grands chemins ! Recrutés souvent incultes, ils sont capables des actes les plus infâmes. On leur donne même un costume Noirci particulier pour les distinguer du reste de la Bonne société…. Comme guides, on leur attache des experts? "Pers(c)és", ou bien ils élisent themselves leurs Petits chefs dont les rodomontades sur le fanatisme fakihiste les séduisent fatalement. Cette parodie "de religiosité" dramatique restera à jamais vitale à ces Pâmés pour continuer à enchainer leurs Puinés à la tradition archaïque et rétrograde liée à ce Walïyoulfakihisme diversifié, en vue de lutter contre l’État Moderne syrien et libanais ; et contre l’Indispensable Développement tant économique, social que sociétale nécessaire et inéluctable pour le Liban et la Syrie Développés du 21ème siècle et pour leur Nouvelle Jeune Génération Éclairée....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 31, le 30 avril 2013

Retour en haut