Moscou plongé malgré lui dans les méandres de la politique libanaise

Le ministre russe adjoint des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, était venu au Liban pour convaincre ses interlocuteurs libanais du bien-fondé de la position de son pays par rapport à la guerre en Syrie, mais il s’est retrouvé à sa grande surprise plongé dans les dédales de la politique libanaise.

L’émissaire du président russe, Vladimir Poutine, a clôturé samedi sa visite officielle à Beyrouth où il a eu des entretiens pendant trois jours, avec un large éventail d’hommes politiques de tous bords. Il est d’ailleurs l’une des rares personnalités étrangères à tenir autant de réunions avec des acteurs de la politique libanaise au cours d’une même visite.
Selon une source bien informée, M. Bogdanov, qui a remis une lettre du président Poutine à son homologue Michel Sleiman, n’était pas porteur d’une initiative quelconque et n’a sûrement pas réussi à modifier quoi que ce soit à la lecture des deux camps adversaires du 14 et du 8 Mars par rapport aux événements en Syrie.

Il a expliqué à ses interlocuteurs les motifs de l’appui de Moscou au régime syrien et pris connaissance de leurs remarques, notamment en ce qui concerne les violations à la frontière nord et nord-est. M. Bogdanov a promis d’effectuer des contacts avec le régime syrien pour obtenir une cessation des bombardements de régions et de localités frontalières. Il a également promis un soutien de son pays à la tenue d’une conférence internationale qui sera consacrée au dossier des réfugiés, après avoir pris connaissance des dangers que représente, à tous les niveaux, le flux sans cesse grandissant de déplacés syriens, mais il a assuré qu’il donnera une réponse plus précise à ce sujet, par les moyens diplomatiques, au terme de concertations qu’il engagera avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
L’émissaire russe a en outre réaffirmé l’appui de Moscou à la stabilité politique et de sécurité au Liban, mais sans entrer dans les détails des moyens susceptibles de la préserver. Quelle n’a été sa surprise toutefois d’entendre certains dirigeants libanais s’étendre, avec force détails, sur les difficultés qui se dressent devant l’adoption d’une nouvelle loi électorale et la formation d’un nouveau gouvernement, ainsi que sur les craintes de frictions sectaires, tantôt à Tripoli, tantôt à Saïda. Plongé malgré lui dans les méandres de la politique libanaise, il a réagi en introduisant à ses déclarations de nouveaux éléments, à savoir encourager les Libanais à parvenir à une entente sur les deux questions et à préserver la stabilité.

Lire aussi

« Les brigades des hommes libres de la Békaa » pour faire face aux combattants du Hezbollah

Les « conseils » de Bogdanov au Hezbollah parviendraient-ils à débloquer la crise ?