Sur une pancarte brandie par une manifestante, on peut lire : « Nous sommes un milliard 400 millions au service du Prophète. » Photo AFP
Plusieurs milliers de manifestants ont défilé hier dans les rues de la banlieue sud de Beyrouth où le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a harangué la foule, dans une de ses rares apparitions publiques.
C’est aux cris de « Mort à l’Amérique, mort à Israël ! » que les manifestants ont marché dans les rues de Roueis, dans la banlieue, brandissant des drapeaux du Hezbollah, d’Amal, du Liban et de la Syrie, ainsi que des portraits du président syrien, Bachar el-Assad, pour dénoncer le film islamophobe produit aux États-Unis, L’Innocence des musulmans.
« Amérique, grand satan, Israël, ennemi des musulmans », ont scandé les hommes, femmes et enfants qui participaient à la marche, les poings en l’air. « Amérique, écoute-nous. N’insulte pas notre Prophète », ont aussi repris en chœur les manifestants. « Amérique, attention, ne touche pas à notre religion », « Amérique, mère du terrorisme », « Le peuple musulman se sacrifie pour son Prophète », ont-ils également crié.
Dans d’autres slogans, le traditionnel « Labbayka Nasrallah » (« nous sommes là pour exécuter ta volonté, Nasrallah ») des partisans du Hezbollah a été remplacé par « Labbayka Rassoul Allah » (le Prophète). « Nous sommes un milliard 400 millions de musulmans. L’Amérique représente une minorité », pouvait-on lire sur des banderoles.
Le secrétaire général du Hezbollah a créé la surprise en faisant une apparition publique qui a provoqué des scènes de délire dans la foule.
Il s’agit de sa cinquième apparition en public depuis la fin de la guerre de l’été 2006 et son premier discours en public depuis 2008.
Une foule massive a répondu à l'appel
de Hassan Nasrallah. AFP
Mise en garde aux États-Unis
Sayyed Nasrallah qui, au moment même du départ du pape Benoît XVI de Beyrouth, avait appelé ses partisans dimanche soir à « montrer au monde entier leur colère » cette semaine contre la diffusion de L’Innocence des musulmans, a harangué la foule, en assurant que ces mouvements de protestation ne seront pas provisoires. « Le monde entier doit comprendre que l’offense à notre Prophète aura des conséquences très graves », a-t-il martelé, en mettant les États-Unis en garde contre une projection de la totalité du film.
(Lire aussi : Les auteurs du film anti-islam, des partisans du prêtre copte Zakaria Botros)
Jusqu’à présent, des extraits de quelques minutes du film incriminé sont diffusés sur Internet. « Rien qu’en 12 minutes, “ils” ont porté atteinte à la pureté de la naissance du Prophète, à sa famille, à ses femmes, à son Coran, à sa vie et à son islam. Qu’en sera-t-il à la projection de l’ensemble du long-métrage ? » a fulminé sayyed Nasrallah, avant d’appeler les musulmans à boycotter les sites électroniques qui refusent de cesser la diffusion du film.
Il a expliqué que la manifestation est le début d’une campagne devant permettre d’atteindre les objectifs suivants : « Obtenir une suspension de la diffusion de ces séquences sur Internet, empêcher les Américains de diffuser l’ensemble du film de deux heures et barrer la voie de manière définitive à toute velléité d’atteinte au Prophète et aux valeurs sacrées de l’islam. »
(Lire aussi : Les protestations se propagent dans le monde musulman)
Dans cette perspective, sayyed Nasrallah a lancé un appel à la formation d’équipes « de planification, de réflexion et d’exécution » dans l’ensemble du monde islamique pour atteindre les trois objectifs qu’il a cités, en insistant sur le fait que les musulmans doivent se réunir autour de ces buts « même si certains dossiers les divisent ». « Ce qui s’est passé ces derniers jours révèle une grande sagesse chez les musulmans et les chrétiens, et un attachement extraordinaire à la coexistence », a affirmé le chef du Hezbollah, qui a également jugé que « les États-Unis qui protestent et qui essaient de nous flouer sous prétexte de la liberté d’expression doivent comprendre que la diffusion de tout le film aurait des conséquences extrêmement dangereuses ».
(Lire aussi : Les Etats-Unis déconseillent à leurs ressortissants de se rendre au Liban)
Selon lui, les gouvernements arabes et musulmans doivent « exercer des pressions sur la communauté internationale afin que des lois soient promulguées pour interdire et sanctionner toute atteinte aux religions, ainsi qu’à Ibrahim, Moïse, à Jésus et à Mohammad ».
Pour mémoire
Film islamophobe : la colère arabo-musulmane gagne le Liban
« La colère ne donne pas le droit de tuer », affirme Téhéran
commentaires (0)
Commenter