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Nos Lecteurs ont la Parole

Proportionnellement vôtre, mesdames

Georges TYAN
Beaucoup d’encre coulera au sujet de la loi électorale en préparation. Aussi je me dispenserai de la commenter, bien qu’au même titre que tous les Libanais, elle me concerne. Mais je laisse aux spécialistes en la matière le soin de le faire, de la dénigrer ou de la porter aux nues.
Cependant, ce que j’ai retenu au sujet de la proportionnelle me laisse dubitatif. Ce mode de scrutin s’applique à des sociétés qui se situent à un stade avancé de la démocratie, où les partis et non les communautés régissent la vie politique.
Enfin, qui vivra verra. Tout nouveau tout beau, dit-on. Peut-être que ce mode de scrutin plaira tant aux Libanais que chaque année nous aurons de nouvelles élections. Mes concitoyens ont l’imagination si fertile qu’ils ne manqueront pas de trouver à tout bout de champ des occasions de le mettre en pratique.
Ce qui m’interpelle cependant, c’est le quota laissé aux femmes. La loi en gestation stipule que chaque liste doit obligatoirement comporter dix pour cent de femmes. Mais il n’est pas dit à quel niveau elles se situeront : en tête de la liste, en son milieu ou en dernière place ; sachant que les candidats ou candidates dans cette position sont susceptibles d’être élus, quand les poules auront des dents.
Misogynie, quand tu nous tiens ! Il faut avouer qu’en général, les peuples de la région sont plutôt machistes, une femme dans un gouvernement, quelques-unes à la Chambre des députés, c’est juste une opération cosmétique pour la galerie, de la poudre aux yeux des pays dits évolués, car en fait elles sont le plus souvent tenues loin de la décision.
Dans nos contrées, les femmes furent le plus souvent résignées à subir les brimades dont elles ont été l’objet. Il y a quelques courtes décennies, à part ma belle-mère, rares sont celles qui conduisaient une automobile, postulaient à un poste de responsabilité, se contentant d’un petit travail en secrétariat la matinée, pour vite rejoindre maman aux fourneaux, tricots et canevas, en attendant que le prince charmant, qu’elles n’avaient connu ni d’Adam ni d’Ève, se présente.
Caricatural ? Pas vraiment.
Depuis, les temps ont changé ; la femme s’est – bien que je n’aime pas ce terme – émancipée. Des fois même dans plusieurs domaines de pointe, elle a dépassé l’homme dont elle voulait seulement être l’égale. Elle est désormais reconnue pour son sérieux, son suivi, son aptitude à endurer, former et surtout diriger.
Je ne tomberai pas dans les lieux communs nommant ces femmes d’exception qui ont mené avec plus ou moins de bonheur leur pays, des entreprises publiques ou privées ; ni les pasionarias qui, les armes à la main, ont défendu leur patrie avec témérité et bravoure, se montrant de loin plus courageuses que beaucoup de leurs compatriotes mâles.
Sois belle et tais-toi ! C’était au tout début du siècle dernier. Il n’est même plus anecdotique, ce leitmotiv éculé, inodore, incolore et sans saveur, à l’instar de ceux qui croient encore que la place d’une femme est au foyer, soumise et consentante, juste bonne pour s’afficher avec en plastronnant, faire ressortir sa beauté la parant de belles robes et de bijoux, ou la cacher sous une grossière toile noire.
Certes, s’il en reste des comme ça, fort heureusement elles se font rares. Déjà plusieurs organisations féminines libanaises s’attellent à refuser non le joug de l’homme, mais revendiquent haut et fort le droit de la femme, sinon son devoir le plus élémentaire, d’accéder de plain-pied à la vie publique de notre pays et pourquoi pas, tenir un jour prochain les rênes du pouvoir.
Il y a de fortes chances qu’alors, le discours politique respecte les limites de la bienséance ; les animaux de la ménagerie et ceux de la jungle ne seront plus invités aux débats dans l’hémicycle, les écuries d’Augias que sont nos administrations seront à coup sûr nettoyées, le pays connaîtra une ère de calme et de prospérité, loin qu’il sera de l’esprit aventureux et tapageur des hommes qui actuellement nous gouvernent.
C’est un vœu pieux peut-être, comme celui de ces dames qui attendent le bon vouloir de la génération actuelle de politiciens pour leur faire l’aumône d’un petit pourcentage sur les listes électorales, sachant pertinemment qu’il ne servira à rien, car figurer sur une liste de candidatures est une chose, être élue en est une autre.
Il y a donc loin de la coupe aux lèvres. Par contre, aux dernières statistiques, du fait des guerres, des émigrations forcées ou non, de la natalité aussi, il y aurait au Liban six femmes pour un seul homme. C’est dire de quel potentiel ces dames disposent au cas où elles décident de s’unir et d’entrer en lice sous leur propre bannière, le mode de scrutin étant sans importance aucune.

Georges TYAN
Beaucoup d’encre coulera au sujet de la loi électorale en préparation. Aussi je me dispenserai de la commenter, bien qu’au même titre que tous les Libanais, elle me concerne. Mais je laisse aux spécialistes en la matière le soin de le faire, de la dénigrer ou de la porter aux nues.Cependant, ce que j’ai retenu au sujet de la proportionnelle me laisse dubitatif. Ce mode de scrutin...

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