Les femmes dans l’Eglise, un "trésor méconnu" selon le Vatican

Il s'agit-là d'une première dans l’histoire de l’Eglise. Le journal du Vatican, l'Osservatore Romano vient d’inaugurer un supplément mensuel de quatre pages rédigé par et pour les femmes du monde catholique et au-delà.

Ce supplément en couleur, qui paraîtra en italien en même temps que l'édition quotidienne du numéro du dernier jeudi de chaque mois, entend mieux faire connaître "le trésor méconnu" de la présence et de l'influence des femmes dans l'Eglise, a expliqué le directeur de l'Osservatore Romano, Giovanni Maria Vian devant la presse.

L'historienne Lucetta Scaraffia, qui se définit comme féministe et qui est déjà éditorialiste dans le quotidien du pape, est responsable de la conception de ce journal avec une autre femme, Giulia Galeotti.

Benoît XVI a soutenu le projet. M. Vian a rappelé les propos tenus en Terre Sainte par le pape en 2009 : "l'Eglise et la société dans son ensemble ont besoin d'urgence du charisme prophétique des femmes".

Pour Mme Scaraffia, "les femmes ont joué dans le passé un rôle essentiel", très méconnu, dans l'histoire de l'Eglise. "Celles d'aujourd'hui se sont pas non plus très connues", a-t-elle remarqué.

Dans le premier numéro, elle donne la parole à l'avocate Maria Voce, l'unique femme à la tête d'un des grands mouvements de l'Eglise, les Focolari (Foyers).

Le supplément interroge aussi une chercheuse française spécialiste de l'Eglise, Sylvie Barnay, qui évoque la figure de Jeanne d'Arc, "jeune vierge déguisée en homme qui ne cesse de susciter la curiosité, parce qu'elle se libère du destin habituellement réservé aux femmes".

"Ce supplément informe sur la vie et la condition féminine, sans omettre les thèmes comme la procréation, l'accès à la culture et l'émancipation", a expliqué Mme Scaraffia.

En présence de Mgr Claudio Maria Celli, président du Conseil pontifical des communications sociales qui a favorisé l'initiative, un court métrage de la cinéaste Liliana Cavani a été présenté sur les soeurs clarisses (ordre franciscain féminin) d'Urbino. Dans ce film, les soeurs discutent ouvertement de l'inégalité entre hommes et femmes, et du mépris et du manque d'attention très fréquents des religieux et des prêtres à l'égard des femmes. Il y a dans l'Eglise 740.000 religieuses, contre 460.000 religieux et prêtres.

Pour rappel, en 2009, l'Osservatore Romano avait célébré la Journée de la femme en estimant que le lave-linge était l'un des objets qui a "le plus participé à l'émancipation des femmes occidentales au XXe siècle".

"Au XXe siècle, qu'est-ce qui a le plus participé à l'émancipation des femmes occidentales ?", s'interrogeait la journaliste Giulia Galeotti. Celle là même qui est coresponsable de la conception du nouveau supplément mensuel féminin de l’Osservatore. "Le débat est encore ouvert. Certains disent que c'est la pilule, d'autres la libéralisation de l'avortement, ou encore le fait de travailler hors du foyer. D'autres, cependant, se permettent d'aller encore plus loin [et proposent] : la machine à laver", écrivait-elle, dans un article intitulé : "La machine à laver et l'émancipation de la femme - 'Mets la lessive, ferme le couvercle et détends-toi'", en référence au manuel d'utilisation d'un des premiers modèles.

Un article dans lequel était célébrée ladite machine, en ce qu’elle permettait de "changer les draps deux fois par semaine au lieu d’une".