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Moyen Orient et Monde - Éclairage

François Hollande : un bilan mitigé et une image ternie

Le président français a vécu un quinquennat ardu sur tous les fronts : économique, politique et sécuritaire.

François Hollande annonçant, lors d’une allocution télévisée, sa décision de ne pas briguer sa propre succession. Staff/AFP

Au crépuscule d'un quinquennat ardu sur les fronts économique, politique et sécuritaire, François Hollande a jeté l'éponge par peur de ne pouvoir rassembler autour de sa candidature. Et au-delà du bilan mitigé de son action, c'est l'image du chef de l'État socialiste qui était abîmée au terme d'un mandat où le procès en autorité à son égard n'a pas cessé.

Le prochain locataire de l'Élysée succédera à un chef de l'État socialiste dont les cinq ans de règne auront été marqués par la mort et l'adversité, dans un contexte mondial troublé. Président d'un pays confronté aux attentats les plus meurtriers de son histoire, « chef de guerre » d'une armée engagée sur plusieurs fronts, M. Hollande a trouvé sur sa route maints obstacles : manifestations – de « droite » contre le mariage homosexuel et de « gauche » contre la loi sur le travail, notamment –, fronde persistante d'une partie de la majorité contre les réformes, problèmes liés à sa vie privée, cote de confiance historiquement faible.

En entrant à l'Élysée, il avait demandé à être jugé sur ses résultats, à commencer par la situation économique et l'emploi, préoccupation n° 1 des Français. Malgré des taux d'intérêt historiquement bas et une chute des prix du pétrole, le miracle n'a pas eu lieu. Depuis quelques mois, le président assure que la France est sortie de l'ornière, avec le retour de la croissance et le recul du chômage et des déficits. Mais sur tous ces indicateurs, les progrès sont lents et poussifs. À peine arrivé aux affaires, il s'était fixé un ultimatum : sans « inversion » de la courbe du chômage, qu'il imaginait au départ dès fin 2013, il ne saurait briguer un second mandat.

Le graphique du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A montre effectivement une inflexion à la baisse. Mais, à près de 3,48 millions à fin octobre, ce nombre reste proche de son record (3,591 millions en février 2016) et supérieur de 556 000 au niveau du début du quinquennat, fin mai 2012. Pas d'embellie réelle non plus côté croissance économique, qui atteindra péniblement cette année 1,2 % à 1,3 %, du même ordre qu'en 2015. Le déficit public ne devrait, pour sa part, revenir sous la limite européenne de 3 % du PIB qu'au plus tôt fin 2017, alors que M. Hollande s'était engagé lors de la campagne présidentielle à le ramener à l'équilibre à cette date.
Quant à la hausse des impôts des ménages décidée en début de quinquennat, même si elle a été suivie de baisses pour les moins fortunés, elle a généré un « ras-le-bol fiscal » qui a braqué nombre d'électeurs de la classe moyenne.

 

(Repère : Les grandes dates de la présidence Hollande)

 

Une gauche balkanisée
L'absence de succès économiques rapides, les choix fiscaux favorables aux entreprises, une réforme bancaire jugée trop timorée et la volonté d'assouplir le droit du travail ont provoqué une scission de plus en plus marquée entre l'aile gauche du Parti socialiste et les soutiens de l'exécutif. Le gouvernement s'est heurté à cette contestation quasi permanente sur de nombreux projets de loi. Au point de pousser M. Valls à recourir à l'article 49-3 de la Constitution permettant une adoption sans vote de deux réformes économiques et sociales : les lois dites Macron et El-Khomri, visant à desserrer de nombreuses contraintes.

Ces passages en force ont encore durci le camp des socialistes « frondeurs » et renforcé une gauche contestataire, aujourd'hui séduite par Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg. Le départ tonitruant de ce dernier du gouvernement en août 2014 a été suivi, deux ans plus tard, par une autre défection de taille, celle d'Emmanuel Macron, ancien protégé du président nommé ministre de l'Économie, désormais au nombre des adversaires du chef de l'État. Le projet présidentiel d'inscrire la déchéance de la nationalité dans la Constitution, envisagé après les attentats de novembre 2015, a suscité l'émoi du « peuple de gauche » et provoqué le départ du gouvernement de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, porteuse de la loi sur le mariage homosexuel.

Les résistances jusque dans son propre camp n'ont toutefois pas empêché M. Hollande de redessiner la carte de France, faisant passer de 22 à 13 le nombre de régions désormais de taille européenne et moteurs de développement. Après des défaites électorales répétées – « vague bleue » aux élections municipales et perte du Sénat en 2014, cinq régions sur 13 « sauvées » par le PS aux régionales fin 2015 –, l'ancien expert de la synthèse ayant reconnu presque à contre-jour mener une politique social-démocrate fait face aujourd'hui aux querelles d'une gauche balkanisée.
L'autorité présidentielle a aussi pâti des épisodes liés à la vie privée de François Hollande, qui s'est séparé en 2014 de son ex-compagne Valérie Trierweiler après la révélation, dans la presse people, de son idylle avec l'actrice Julie Gayet.

 

 

Guerres et attentats
Le quinquennat de M. Hollande a aussi été marqué par une série d'attentats jihadistes sans précédent, qui ont notamment décimé la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015 et endeuillé la Promenade des Anglais à Nice le 14 juillet dernier. L'état d'urgence, déclenché le 13 novembre 2015 après les fusillades qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis – une première depuis la guerre d'Algérie –, sera prolongé au moins jusqu'à l'élection présidentielle.

Théâtre d'atrocités, notamment dans la ville martyre d'Alep, berceau avec l'Irak des jihadistes, lieu de départ de centaines de milliers de réfugiés en direction de l'Europe, la Syrie a constitué le fil rouge de ce quinquennat sanglant. D'une crise à l'autre, M. Hollande a conservé les habits de « chef de guerre » endossés lors de l'intervention de l'armée française au Mali en janvier 2013, en intensifiant les frappes aériennes françaises contre l'État islamique en Syrie et en Irak.

L'année 2015 s'est terminée sur un succès diplomatique majeur pour la France, avec l'accord sur le climat de la COP21 à Paris, où 195 pays se sont entendus pour limiter le réchauffement de la planète. Dans le calendrier diplomatique du président français, on retiendra aussi une photo de famille internationale sur les plages de Normandie le 6 juin 2014, jour du 60e anniversaire du débarquement allié, une nuit blanche à Minsk avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko et son homologue russe Vladimir Poutine pour ramener la paix en Ukraine, la vente d'avions de chasse Rafale à l'Égypte, à l'Inde et au Qatar, ou encore une visite historique à Cuba.

Au plan européen, la crise des migrants et le sauvetage économique de la Grèce ont occupé l'essentiel des travaux jusqu'au tremblement de terre du Brexit, décidé par référendum le 23 juin, précipitant l'Union européenne dans l'incertitude sur fond de montée des populismes.
C'est dans ce contexte anxiogène sur les plans intérieur et mondial que se déroulera la campagne présidentielle française, en tous points inédite.

 

 

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Au crépuscule d'un quinquennat ardu sur les fronts économique, politique et sécuritaire, François Hollande a jeté l'éponge par peur de ne pouvoir rassembler autour de sa candidature. Et au-delà du bilan mitigé de son action, c'est l'image du chef de l'État socialiste qui était abîmée au terme d'un mandat où le procès en autorité à son égard n'a pas cessé.
Le prochain locataire...

commentaires (4)

bon voyage dans les ténèbres et surtout coupez lui le micro !!!!

FAKHOURI

13 h 23, le 02 décembre 2016

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Commentaires (4)

  • bon voyage dans les ténèbres et surtout coupez lui le micro !!!!

    FAKHOURI

    13 h 23, le 02 décembre 2016

  • On ne dira pas le roi est mort vive le roi . Quelque soit son successeur socialo la France ne sortira pas de la mouise, encore plus si est valls est celui là. .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 31, le 02 décembre 2016

  • La dernière nomenklatura entièrement socialiste au pouvoir en Europe s'effondre....27 ans après la chute du mur de Berlin et l'effondrement du paradis socialiste en ex Urss..! restera aux français de payer l'ardoise socialiste à ce jour globalement , 2 800 Milliards d'Euros...! (source Eurostat dette français et /ou dette française .com)

    M.V.

    09 h 17, le 02 décembre 2016

  • Le mot "mitigé" appliqué au bilan mandat de Hollande, supposerait un mélange d'éléments positifs et négatifs. Ce n'est qu'à l'aide d'un puissant microscope que l'on peut découvrir les premiers.

    Yves Prevost

    06 h 59, le 02 décembre 2016

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