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Culture - Salon du livre

Alors voilà le lumineux docteur Beaulieu

« Je revendique la bienveillance, comme un acte de courage dans nos sociétés d'aujourd'hui », affirme ce jeune médecin de famille qui écrit des récits, des contes, des romans pour apporter une autre forme d'apaisement.

Baptiste Beaulieu : quelque chose de limpide dans le regard... Photo Michel Sayegh

À l'origine de son succès de romancier-conteur, un blog dans lequel ce jeune médecin de famille, à l'époque encore interne, dépeignait son quotidien d'urgentiste. Il y racontait, avec sensibilité et humour, les consultations qui s'enchaînent, les patients qui s'impatientent, les autres qui se recroquevillent sur leurs peurs, les gaffes des internes, les soignants au grand cœur, les chefs autoritaires et ceux qui se cachent pour pleurer sur un cas incurable... Bref, tout un univers de plaies béantes et petits bobos décrit avec une positive humanité.
« Une grande journaliste au Monde est tombée dessus par hasard, elle a aimé et m'a suggéré d'en faire un livre. C'est elle qui m'a mis en contact avec une maison d'édition... », relate, avec simplicité, ce tout jeune trentenaire qui garde dans son regard bleu limpide et sa bouille de rouquin quelque chose de la pureté de l'enfance.
C'est sous le signe de la bienveillance qu'a donc démarré la carrière de romancier de Baptiste Beaulieu avec Alors voila : les 1001 vies des urgences (Fayard). Le récit sur sept jours de la vie au sein du service des urgences. Et c'est sous ce même étendard qu'il a décidé de la poursuivre. Avec un second livre, intitulé Alors vous ne serez plus jamais triste (Fayard). Un conte, cette fois, et un compte à rebours des 7 derniers jours d'un médecin dépressif depuis la perte de sa femme et qui a décidé de se suicider. Mais il croise une vieille dame excentrique qui va essayer de le dissuader.
Rencontre au Salon du livre de Beyrouth, au stand de l'AEFE-MLF, avec le jeune auteur qui a remporté, cette année, le prix littéraire des lycéens libanais.

Pensez-vous publier un troisième opus dont le titre commencera par Alors ?
J'ai déjà publié mon troisième livre. Et il est intitulé La Ballade de l'enfant gris (éditions Mazarine). J'y raconte le voyage à Rome d'un jeune homme parti à la recherche d'une femme pour essayer de comprendre pourquoi celle-ci n'est jamais venue voir son enfant malade à l'hôpital.

Donc vous tissez toujours des histoires ayant comme toile de fond l'univers médical ou hospitalier ?
Pour l'instant oui, mais c'est juste un prétexte pour raconter autre chose : la vie, sous toutes ses formes. Car, que ce soit l'hôpital ou le cabinet de médecine générale, les deux permettent d'aborder tous les thèmes, avec des personnages de tous les niveaux socioculturels. On y prend le pouls de la société.

Qu'est-ce qui a déclenché chez vous l'envie d'écrire ?
Cette envie remonte à loin. C'est surtout la volonté de témoigner des belles choses que je voyais et de les partager. Vous savez, l'expérience humaine est généralement solitaire. On a l'impression d'être le seul à vivre ce qu'on ressent. Et l'idée de témoigner est, peut-être, le moyen de briser cette solitude, de faire en sorte que le lecteur se sente moins seul.

Vous décrivez généralement un monde presque utopique, peuplé de gens bienveillants, qui se donnent sans compter à leur vocation de médecin, d'infirmière, d'aide-soignant, alors qu'en réalité, les patients se plaignent souvent du contraire ?
C'est vrai que je préfère parler de ceux qui sont bons et bienfaisants, montrer que ces personnes-là sont plus nombreuses qu'on ne le croit. Mais j'évoque aussi des soignants maltraitants, dans mes livres.

Le sept est votre chiffre fétiche ? A-t-il une valeur symbolique à vos yeux ?
C'est vrai que j'y reviens souvent. J'aime beaucoup ce chiffre sans trop savoir pourquoi. On le retrouve dans toutes les civilisations au cœur de la pensée magique. Et je l'utilise peut-être dans l'espoir, illusoire ou superstitieux, que s'il est mis dans mes livres tout se passera bien pour eux (la vie des livres sera bonne !).

Si vous n'aviez pas fait des études de médecine, auriez-vous été écrivain ?
À vrai dire, je ne sais pas, puisque je suis devenu écrivain grâce à la médecine. Mais à la base, j'hésitais entre devenir médecin ou journaliste pour témoigner.

Et toujours du beau, du bon, du bien ?
Exactement ! C'est tellement facile de dénigrer l'homme, de dire ce qui ne va pas et il y a un milliard de choses qui ne vont pas bien. C'est plus compliqué de chercher le positif. Dans notre monde d'aujourd'hui, être gentil est devenu un signe de faiblesse alors que je revendique l'inverse. Pour moi la bienveillance est un acte de courage dans notre société. Je crois beaucoup dans la littérature de combat. Personnellement, j'ai choisi de combattre en faveur de la bienveillance. Il n'y a pas plus beau compliment pour moi que lorsqu'un de mes lecteurs, j'allais dire un de mes patients, vient me trouver et me dit qu'un de mes livres lui a remonté le moral.

Qui vous a inspiré cet extravagant personnage de vieille dame excentrique, chauffeur de taxi à ses nuits perdues ?
Je mets un petit peu de moi dans tous mes personnages. Cela ne se voit pas d'emblée, je suis quelqu'un d'assez timide au premier regard, mais quand on me connaît un peu, je me révèle assez extraverti, un peu excentrique aussi.

Vous êtes désormais médecin de famille, vous exercez en cabinet privé. Cela vous laisse plus de temps pour écrire qu'à l'époque où vous étiez aux urgences, je suppose ? Écrivez-vous en ce moment ?
J'ai toujours trouvé du temps pour l'écriture. À la pause déjeuner, dans les transports publics, le soir... Et là, j'entame mon quatrième roman, qui sort complètement du milieu hospitalier, cette fois. Ce récit, je l'écris pour essayer de retrouver quelqu'un de ma famille. J'utilise la littérature, comme une bouteille à la mer...

Que représente, pour vous, le prix littéraire des lycéens que vous venez de recevoir ?
Je trouve cela merveilleux. Si les jeunes lecteurs m'ont décerné ce prix, c'est qu'ils ont été jusqu'au bout de la lecture. Et pour qu'un jeune d'aujourd'hui lise un livre jusqu'à la fin, c'est que l'histoire l'a touché. Donc je le prends comme un gage de qualité.

Alors quand, à la fin de l'entretien, il accompagne sa poignée de main ferme d'un « Prenez soin de vous », on se dit qu'on aurait bien aimé avoir un ou deux clones de ce lumineux Dr Beaulieu à Beyrouth.

À l'origine de son succès de romancier-conteur, un blog dans lequel ce jeune médecin de famille, à l'époque encore interne, dépeignait son quotidien d'urgentiste. Il y racontait, avec sensibilité et humour, les consultations qui s'enchaînent, les patients qui s'impatientent, les autres qui se recroquevillent sur leurs peurs, les gaffes des internes, les soignants au grand cœur, les chefs...

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