La grande majorité du bloc parlementaire du Futur était au rendez-vous hier, à la Maison du Centre, pour assister en direct au discours de soutien du chef du Futur, Saad Hariri, à la candidature du chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, à la présidence. La grande majorité, sauf les députés Ahmad Fatfat, Ammar Houry, Mohammad Kabbani, ouvertement opposés à la candidature du général, et Okab Sakr, qui se trouvait à l'étranger. Quant à l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, également opposé à la candidature de M. Aoun, c'est avec une bonne dizaine de minutes de retard qu'il a fait son entrée, très remarquée d'ailleurs, alors que Saad Hariri prononçait déjà son allocution et expliquait sa décision. Dans l'assistance, se trouvaient de nombreux acteurs du secteur économique, mais aussi des cadres supérieurs du courant du Futur qui applaudissaient à tout rompre les propos de leur leader.
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Un choc positif
Qu'ils aient séduit ou déçu, convaincu ou dérangé, les propos de Saad Hariri et sa décision de soutenir la candidature de Michel Aoun n'ont pas fait d'indifférents. Ils ont donné lieu à trois formes de lecture, de la part des personnalités présentes.
D'abord les satisfaits à 100 %, qui soutiennent fermement la décision de l'ancien Premier ministre, à commencer par le député Atef Majdalani. « C'est un choix obligatoire, a-t-il dit à L'Orient-Le Jour à l'issue du discours du chef du bloc du Futur. Si nous voulons un État, nous sommes obligés de passer par là pour sauver le Liban. » Tout aussi convaincu, le député Khaled Daher, qui avait pourtant été mis au ban du bloc haririen, invite la rue sunnite à comprendre les circonstances et la nécessité de trouver une issue au vide présidentiel. « Cette décision sert le pays à tous les niveaux. Je voterai pour Michel Aoun », a-t-il noté.
Mêmes impressions de la part de représentants du secteur économique. Le président de l'Association des commerçants de Beyrouth, Nicolas Chammas, a estimé que la journée était « historique ». Commentant l'accord entre Michel Aoun et Saad Hariri, il a observé qu'il s'agit « d'un mariage de raison et non pas d'amour » et reconnu que ce mariage « requiert beaucoup de sacrifices ». L'essentiel étant de « mettre le Liban au-dessus de toute autre considération ». « Seul Saad Hariri était capable de franchir un tel pas », a-t-il conclu, observant que « le secteur économique attend beaucoup » de cette décision.
Selon Charles Arbid, président de l'Association libanaise des franchises, Saad Hariri a exactement « dit ce qu'il devait dire ». « La population avait besoin d'une telle décision. Elle la mérite », a-t-il affirmé, faisant part de sa satisfaction « quant au compromis ». « C'était la seule façon de provoquer un choc positif », a-t-il conclu.
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La balle dans le camp du Hezbollah
D'autres personnalités saluent aussi et sans réserve l'initiative de M. Hariri. Mais elles soutiennent, non sans scepticisme, que « la balle est désormais dans le camp du Hezbollah », ce dernier ayant la capacité de prolonger la paralysie des institutions et d'empêcher la normalisation. « Saad Hariri est le seul homme politique à avoir fait bouger les choses au niveau de la présidentielle, même au détriment de sa popularité », a affirmé Nabil de Freige, député de Beyrouth, membre du bloc du Futur et ministre d'État à la Réforme administrative. L'initiative du chef du Futur débloquera-t-elle la présidentielle ? « La balle est dans le camp des parties qui ne voulaient ni président ni formation d'un gouvernement », a-t-il martelé, craignant un blocage de la part du tandem chiite Amal-Hezbollah, plus particulièrement dans la formation du gouvernement. « Nous ne sommes qu'au début du chemin. La formation du gouvernement aura-t-elle vraiment lieu aussi rapidement ? » s'est-il demandé, sceptique.
Troisième lecture, celle des députés qui rejettent catégoriquement le soutien du chef du Futur à la candidature du général Aoun et s'en démarquent clairement. « Je ne voterai pas pour Michel Aoun le 31 octobre », n'a pas hésité à lancer Fouad Siniora à la presse, à l'issue du discours de Saad Hariri. Le chef du bloc haririen a toutefois assuré que cette décision « ne portera pas atteinte à la cohésion » de ce bloc. À ses côtés, le vice-président de la Chambre, Farid Makari, faisait également part de ses réserves et de sa volonté de « déposer un bulletin blanc dans l'urne ».
Le 31 octobre verra-t-il l'élection de Michel Aoun ou un retour à la case départ ? Selon une source informée, c'est dimanche prochain que la réponse devrait se préciser, à l'occasion du discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
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MIS AU PIED DU MUR, LE TANDEM HEZB/AMAL NE VEULENT PAS DE PRESIDENT AUTRE QUE LE VIDE... ET DES SALLETS DE TINE... AU PLURIEL... SE PREPARENT...
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 21, le 21 octobre 2016