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Économie - Hydrocarbures

Après la Russie, Ankara poursuit sa diplomatie des gazoducs avec Israël

Après 6 ans de crise, la Turquie et l'État hébreu ont franchi une nouvelle étape dans la normalisation de leurs relations, avec l'annonce hier d'un projet énergétique commun.

Yuval Steinitz et Berat Albayrak, ministres israélien et turc de l’Énergie, se sont entretenus hier pour examiner un projet commun de gazoduc. Mehmet Acar/AFP

Trois jours après avoir scellé la normalisation de ses rapports avec la Russie à travers la signature du projet TurkStream, c'est à nouveau un projet de gazoduc que la Turquie met en avant pour clore définitivement la brouille diplomatique avec Israël. Venu à Istanbul pour participer au Congrès mondial de l'énergie qui s'y tient depuis lundi, le ministre israélien de l'Énergie, Yuval Steinitz, s'est entretenu hier avec son homologue turc, Berat Albayrak, pour examiner un projet de gazoduc permettant d'acheminer du gaz israélien vers l'Europe.
Les deux pays ont « décidé d'entamer immédiatement un dialogue (...) dans le but d'examiner la possibilité et la faisabilité d'un tel projet », a indiqué M. Steinitz à la presse. Il s'agit du premier ministre israélien à se rendre en Turquie depuis la fin de la crise diplomatique provoquée par un assaut de l'armée israélienne contre un bateau humanitaire turc en route pour Gaza, qui avait causé la mort de dix Turcs en juin 2010.
Le projet « pourrait nous permettre d'acheminer du gaz naturel d'Israël vers la Turquie, et à travers la Turquie vers l'Europe », a expliqué M. Steinitz. « L'option turque est très importante », a poursuivi M. Steinitz, dont le pays travaille sur d'autres projets énergétiques dans la région, avec notamment la Jordanie, l'Égypte, Chypre et la Grèce. Il a en outre affirmé qu'Israël « serait heureuse de voir des entreprises turques s'impliquer dans le secteur énergétique israélien. »
Le ministère turc de l'Énergie a pour sa part indiqué dans un communiqué que M. Albayrak et son homologue israélien avaient décidé « d'établir un dialogue pour l'exportation de gaz naturel. »
Le déroulé de cette entrevue rappelle celle de lundi entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine, qui accomplissait lui aussi sa première visite dans le pays depuis une grave crise diplomatique en novembre 2015. Cette visite avait donné lieu à la signature d'un projet de plus de 10 milliards de dollars pour la construction du gazoduc TurkStream, qui acheminera du gaz russe vers la Turquie et l'Europe sous la mer Noire.

« Agent facilitateur »
« Je crois que l'énergie joue un rôle d'agent facilitateur dans la normalisation des relations entre la Turquie et Israël », a estimé l'expert en énergie Necdet Pamir, de l'Université Bilkent à Ankara. « Du point de vue d'Israël, acheminer son gaz vers l'Europe à travers la Turquie est le chemin le plus rentable », a ajouté l'expert, interrogé par l'AFP. Et le marché est conséquent dans la mesure où « Israël a découvert près de 900 milliards de mètres cubes de gaz naturel » et « les réserves pourraient atteindre environ 3 000 milliards de mètres cubes », soit « beaucoup plus de gaz naturel que ne peut consommer un petit pays comme Israël », a avancé le ministre Yuval Steinitz.
En juin, les deux pays avaient signé un accord pour mettre un terme à leur brouille diplomatique, en vertu duquel Israël a versé fin septembre 20 millions de dollars d'indemnités à la Turquie au profit des familles des victimes de l'assaut. En contrepartie, Ankara a abandonné les poursuites contre les anciens chefs de l'armée israélienne pour leur implication dans l'assaut. Outre les excuses et un allègement du blocus israélien imposé à la bande de Gaza, la compensation financière était l'un des éléments-clés réclamés par Ankara pour s'engager dans une normalisation de ses relations diplomatiques avec Israël.
Israël et la Turquie, qui n'avaient pas totalement rompu leurs relations pendant la crise, ont par ailleurs convenu d'échanger de nouveau des ambassadeurs. Le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a annoncé mercredi que les ambassadeurs respectifs seraient nommés « d'ici à une semaine, dix jours. »
Enfin, le ministre israélien a assuré que les discussions avaient également porté sur la participation des entreprises turques à l'amélioration des conditions de vie des habitants de la bande de Gaza, précisant que cela n'allait pas contre les intérêts d'Israël tant que sa sécurité n'était pas menacée.

« L'OLJ », avec agences

Trois jours après avoir scellé la normalisation de ses rapports avec la Russie à travers la signature du projet TurkStream, c'est à nouveau un projet de gazoduc que la Turquie met en avant pour clore définitivement la brouille diplomatique avec Israël. Venu à Istanbul pour participer au Congrès mondial de l'énergie qui s'y tient depuis lundi, le ministre israélien de l'Énergie, Yuval...

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