Le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ont exprimé mardi leur opposition au package deal prôné par le président de la Chambre, Nabih Berry, et qui selon ce dernier serait une condition préalable à l'élection d'un chef de l'Etat. MM. Bassil et Geagea, qui ont tous deux visité Bkerké, rejoignent ainsi le patriarche maronite, Béchara Raï, qui avait adopté une position similaire dimanche.
"Nous voulons une nouvelle loi électorale, mais cette nouvelle loi ne doit pas être une condition préalable à l'élection d'un président de la République", a affirmé M. Bassil à Bkerké, à l'issue d'un entretien avec le patriarche maronite, Béchara Raï, en présence du ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb. M. Bassil a également eu un aparté avec le chef des FL au siège du patriarcat.
Le président de la Chambre avait lancé il y a plusieurs semaines une initiative préconisant un accord entre l'ensemble des parties politiques sur la présidentielle, la présidence du gouvernement et l'adoption d'une nouvelle loi électorale. Cet accord proposé rappelle celui conclu en 2008 à Doha, qui avait permis à l'ancien président de la République Michel Sleiman d'accéder à la Magistrature suprême.
Mgr Raï avait clairement exprimé dimanche son refus d'un tel package deal, sans nommer M. Berry. Ce dernier avait répondu le jour même aux critiques du prélat maronite.
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"Contre des conditions préalables"
"Nous voulons également un gouvernement d'union nationale, mai nous sommes contre des conditions préalables à l'élection d'un président de la République", a ajouté le chef du CPL, dont le fondateur Michel Aoun est candidat à la magistrature suprême. Le poste est vacant depuis le 25 mai 2014.
Adoptant une tonalité conciliante à l'égard du chef du Parlement, Gebran Bassil a souligné que M. Berry "a sa place dans le pays". "Nous ne pactiserons jamais aux dépens des autres", a ajouté le ministre.
Un peu plus tard, M. Bassil a qualifié sa rencontre avec M. Geagea d'"excellente", dans un message publié sur sa page Twitter, et a fait savoir que cette rencontre n'était "pas un hasard".
Le chef des Forces libanaises soutient la candidature de Michel Aoun à la présidence, alors que le chef du courant du Futur, Saad Hariri, soutient celle du chef des Marada, Sleiman Frangié. MM. Aoun et Frangié sont tous deux membres de la coalition du 8 Mars, qui gravite autour du Hezbollah.
Depuis son retour samedi dernier au Liban, Saad Hariri s'est entretenu avec les principaux dirigeants libanais au sujet de la présidentielle, dans une dynamique qui a ravivé cette question, au point mort depuis plusieurs mois. Il s'agit de savoir si M. Hariri est désormais prêt à soutenir, dans les faits, M. Aoun à la présidence.
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"Cette entente n'a vu le jour qu'aujourd'hui"
Toujours depuis Bkerké, M. Geagea a également exprimé son refus d'un package deal : "La question du package deal n'est pas du tout envisageable au niveau du dossier de la présidentielle. Nous sommes contre un +panier+", a-t-il dit aux journalistes. Et d'ajouter : "M. Aoun est clairement opposé à un package deal et il ne négociera pas cet aspect, mais il dialogue avec Saad Hariri au sujet de la présidentielle". Samir Geagea a toutefois affirmé que "les divergences autour d'un dossier ne portent pas atteinte à nos relations amicales avec Nabih Berry".
Critiquant le camp du 8 Mars, le chef des FL a dit : "Nous croyions que l'alliance entre Michel Aoun et le tandem Hezbollah-Amal se basait sur une entente minimale, mais il semble que cette entente n'a vu le jour qu'aujourd'hui. (...) Il y a sept mois, le Hezbollah avait appelé à élire Michel Aoun à la présidence sans package deal. Mais depuis que le dossier a progressé ces derniers jours, le parti chiite réclame un panier de conditions".
Pour sa part, M. Chehayeb a affirmé que sa formation (le Rassemblement démocratique, de Walid Joumblatt) est "en faveur de l'élection de l'un ou l'autre des candidats actuels à la présidence", en référence à Michel Aoun et Sleiman Frangié.
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"Tout le monde a des réserves sur la candidature de Aoun"
Reçu à Moscou par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, Saad Hariri a, lui, estimé que le Hezbollah était le principal obstacle à l'élection d'un président de la République. "Nous avons entrepris plusieurs initiatives pour mettre un terme à la vacance à la présidence (qui dure depuis le 25 mai 2014), mais jusqu'à présent, le principal obstacle à cette élection est le Hezbollah", a déclaré M. Hariri, lors d'un entretien avec M. Lavrov. Ce dernier a répondu aux propos du leader sunnite libanais en affirmant : "S'il y a une crise ou des tiraillements, il incombe au peuple et à toutes ses composantes confessionnelles de se mettre d'accord".
Enfin, le président du Parlement a confié au quotidien as-Safir de mardi que "tout le monde a des réserves" au sujet de la candidature de Michel Aoun.
"Les dirigeants politiques que Saad Hariri a rencontrés dans le cadre de ses consultations ont soit rejeté soit exprimé leurs réserves au sujet de l'élection du général Aoun. Je sais ce que je dis, et je suis sûr de chaque mot que je prononce", a-t-il confié au Safir.
Le député Moustapha Allouche, membre de la formation Haririenne, a quant à lui confié durant un débat télévisé sur la chaîne LBCI que "80% des membres du bloc parlementaire du Futur sondés par Saad Hariri ont exprimé leur refus d'élire Michel Aoun".
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commentaires (6)
Bon, Ca bouge dans le bon sens... pourvu que cela dure et aboutisse. A moins que les arabies hyper démocratiques et accessoirement pourvoyeuse de terrorisme, vienne encore foutre sa M... à coups de petrodollars.
Ali Farhat
04 h 23, le 05 octobre 2016