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Nos Lecteurs ont la Parole - Mohammad CHATAH

Comment sauver le pays de sa richesse imminente ?

Nous publions ci-dessous un article de l'ancien ministre Mohammad Chatah, publié sur son blog en 2012, lorsque le débat sur l'exploitation des ressources pétrolières et gazières avait été lancé. Nous le reproduisons aujourd'hui, vu qu'il est plus que jamais d'actualité.

Selon les essais sismiques avancés résultant des études géologiques, le bassin levantin de l'est de la Méditerranée possède des réserves substantielles de gaz naturel et de pétrole (dont la part du Liban constitue un tiers de la surface). Mais ces prévisions restent toujours des estimations, sans jamais oublier qu'il faudra un certain temps avant que ces découvertes ne se matérialisent en ressources monétaires pour la République libanaise. Cependant, selon ces conjonctures prévues, le Liban rejoindrait ainsi de nombreux pays producteurs de produits pétroliers, et il profitera de l'exportation de ses ressources naturelles.
Mais le défi le plus difficile qui se présente réside dans la nécessité d'élaborer les mesures légales, techniques et administratives nécessaires pour achever les longues étapes préparatoires qui précèdent l'exploration pétrolière.
Si jamais le peuple libanais se pose des questions sur la répartition des revenus provenant de la vente des ressources naturelles, la réponse est simple et se présente de la manière suivante : l'État devra utiliser ces ressources pour réduire sa dette et assurer les investissements publics. Cette réponse paraît la plus évidente, mais il serait néanmoins utile de réexaminer cette réalité. Sans aucun doute, il est impérativement nécessaire de limiter la dette publique et le déficit budgétaire de l'État. Il existe aussi un besoin essentiel d'améliorer l'infrastructure du pays. Cependant, la distribution des revenus provenant de la vente des ressources naturelles pose une question différente : cette distribution devrait-elle être utilisée pour limiter la dette publique ou allouée à ses propriétaire légitimes ?
Ces revenus ne sont pas des recettes fiscales et ne sont donc pas des frais perçus par l'État contre des services publics. Ces fonds reçus comme revenus pour l'État seront obtenus grâce à la vente des actifs appartenant au peuple libanais, tout le peuple libanais. Et la gestion de ces ressources (y compris la vente de ces actifs) est confiée à l'État au nom du peuple. Il est donc préférable de répartir le produit de la vente de ces ressources directement à la population.
Certains peuvent s'opposer à cette idée au motif que la priorité est de réduire la dette publique, mais c'est à l'État de trouver des sources financières pour réduire cette dette. Cela doit être réalisé grâce à des ressources collectées auprès des contribuables sur la base d'un partage équitable des charges au sein d'un régime fiscal acceptable.
En ce qui concerne les revenus du pétrole, il est évident qu'ils doivent être distribués à égalité à tout le peuple libanais, et que cette distribution sera suivie par l'introduction et la mise en œuvre d'une taxe progressive, au lieu de confisquer les recettes à la population libanaise, riche et pauvre, avant qu'elle n'ait même obtenu cet argent.
Bien que cette idée semble radicale, la distribution directe des revenus au peuple libanais est cependant la voie la plus logique et la plus équitable. En tant que tel, l'État doit répartir la charge fiscale sur la base du revenu et de la consommation, après que chaque Libanais eut reçu sa part des revenus du pétrole et du gaz.
La distribution de l'argent régulièrement et directement aux familles peut améliorer la vie de beaucoup de Libanais qui luttent d'une manière quotidienne pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Les impacts potentiels du développement seront clairs. L'augmentation du revenu des ménages et l'amélioration de leur pouvoir d'achat, en particulier dans les zones défavorisées, sont des catalyseurs de l'activité économique. En outre, le flux constant et continu de revenus supplémentaires (même modestes) améliorera la capacité des ménages à tirer profit de ce flux, en particulier via le secteur bancaire. Cela encourage également les investissements à petite capitalisation.
On peut se poser plusieurs questions sur ce sujet, en particulier sur le double plan organisationnel et technique. Mais nous pouvons finalement prendre en considération et utiliser les progrès dans le domaine des technologies de l'information qui permettent l'identification des personnes et qui facilitent la communication et la distribution ; ce qui rend le contrôle dans ce type de cas parfaitement possible.
On peut aussi se poser plusieurs questions sur la nature de la répartition des revenus : ces revenus seront-ils distribués aux citoyens en général ou seulement aux adultes ?
Qu'en est-il de la nature du marché du pétrole et des perturbations potentielles, et quels effets auront-elles sur la distribution ?
Toutes ces questions exigent essentiellement l'élaboration de politiques et de mécanismes clairs pour assurer la stabilité et la viabilité à long terme des revenus du pétrole et du gaz, pour éviter notamment les pressions inflationnistes, indépendamment du fait que l'État en soit le bénéficiaire ou les citoyens.
Dans certains pays, les autorités et les gouvernements sont impliqués dans la distribution directe des revenus des ressources naturelles. Le meilleur exemple en est le système que l'État de l'Alaska aux États-Unis, riche en ressources pétrolières, a mis en œuvre ; selon ce système, chaque citoyen reçoit un montant de 1 500 dollars payés par le fonds créé par l'État spécifiquement pour la gestion des actifs pétroliers et gaziers.
Bien entendu, il y a un nombre croissant de pays africains qui ont établi ou qui cherchent à établir des politiques pour la distribution directe des revenus des ressources naturelles. Mais il n'est pas surprenant de constater que la plupart des gouvernements ne favorisent pas l'aliénation de ces rendements financiers. Les créanciers internationaux préfèrent également que les gouvernements retiennent les revenus des ressources naturelles pour assurer le remboursement des dettes.
Il y a aussi un nombre croissant d'économistes et de spécialistes dans le domaine du développement à travers le monde qui ont commencé à remarquer les avantages du transfert direct du revenu des ressources naturelles.
La distribution monétaire directe au Liban permettra au pays de bénéficier plus efficacement des ventes du pétrole et du gaz. En outre, une partie des revenus peut être conservée par le gouvernement sous la forme d'impôt forfaitaire sur les ressources naturelles, imposé équitablement aux riches et aux pauvres, quel que soit leur revenu total. Mais si ce compromis est nécessaire, la part des revenus pétroliers et gaziers retenue par l'État devra rester relativement limitée.
Pour ceux qui peuvent s'opposer à cette théorie en disant que toute distribution monétaire directe des recettes pétrolières et gazières au Liban priverait l'État de l'outil qui peut le rendre plus fort, je dirais ce qui suit : un État fort est, certes, un objectif politique important. Mais nous voulons un État qui affirme sa pleine souveraineté, qui est en mesure d'assumer ses responsabilités, qui agit avec intégrité et qui contribue à la prospérité économique et la justice sociale.

Selon les essais sismiques avancés résultant des études géologiques, le bassin levantin de l'est de la Méditerranée possède des réserves substantielles de gaz naturel et de pétrole (dont la part du Liban constitue un tiers de la surface). Mais ces prévisions restent toujours des estimations, sans jamais oublier qu'il faudra un certain temps avant que ces découvertes ne se...

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LE POSITIF SE MELE AU NEGATIF DANS CETTE ANALYSE...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 36, le 01 octobre 2016

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Commentaires (1)

  • LE POSITIF SE MELE AU NEGATIF DANS CETTE ANALYSE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 36, le 01 octobre 2016

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