Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Antoine MENASSA

Que faisons-nous pour encourager les expatriés libanais à investir au Liban ?

En ma qualité de président du comité économique de l'Union libanaise culturelle mondiale (ULCM), mon rôle, ainsi que le rôle du comité, consiste à maintenir et développer les relations commerciales entre la diaspora libanaise à travers le monde et le Liban, et à accroître les investissements des expatriés dans leur pays d'origine.
Les chiffres de la Banque du Liban indiquent que les transferts de fonds des expatriés libanais à leurs familles et parents s'élèvent à 7,2 milliards de dollars en moyenne par an entre 2011 et 2015. Ces fonds servent aux dépenses quotidiennes qui, à leur tour, contribuent à booster l'activité économique.
Notre objectif, au sein de l'ULCM, est de convaincre les expatriés libanais d'investir quelque 7,2 milliards de dollars supplémentaires dans des projets dans les secteurs productifs au Liban.
Cependant, l'approche adoptée par les autorités, les politiciens, les médias et le secteur privé au Liban à l'égard de la diaspora est pour le moins décevante. En réalité, beaucoup de nos politiciens considèrent que les expatriés libanais ne sont que des comptes d'épargne bancaire à vider. On entend constamment dire que la survie économique du Liban dépend de la diaspora, et on s'emploie à culpabiliser les expatriés qui n'y contribuent pas.
Par ailleurs, divers acteurs publics et privés demandent aux expatriés d'investir au Liban, d'y acheter des biens immobiliers, d'y venir passer les vacances, d'envoyer leurs enfants dans les universités du pays et de contribuer au financement des projets de développement rural, entre autres.
Toutefois, les expatriés libanais à travers le monde sont devenus de plus en plus réticents à s'engager dans des projets d'investissement dans leur pays d'origine : les investissements directs étrangers (IDE) au Liban ont régressé de 12,5 % du PIB en 2009 à 4,6 % du PIB en 2015.
Si les investissements au Liban se sont taris, ce n'est pas à cause des incertitudes politiques internes et des instabilités régionales, mais pour bien d'autres raisons...
- Le Liban occupe la 101e place sur 140 dans le classement mondial de la compétitivité, publié par le Forum économique mondial, ce qui signifie que 72 % des économies mondiales sont plus compétitives que le Liban. Le Liban est la troisième économie la moins compétitive du monde arabe, se plaçant tout juste devant l'Égypte et la Mauritanie.
- Les entreprises opérant au Liban subissent 51 coupures d'électricité par mois, le troisième taux le plus élevé au monde, derrière le Pakistan et le Bangladesh, selon une étude de la Banque mondiale sur la qualité des infrastructures.
- Le réseau routier dans 85 % des pays du monde est meilleur que celui du Liban.
- Le Liban se classe à la 123e place sur 188 en matière de facilité à faire des affaires, selon l'enquête Doing business de la Banque mondiale (2016), signifiant que les deux tiers des pays du monde disposent d'un meilleur environnement pour les affaires.
- Le Liban se positionne au 132e rang sur 140 en matière de droits de propriété intellectuelle, et le taux du piratage informatique y est l'un des plus élevés au monde (70 %).
- Le Liban occupe la 103e place sur 140 en matière d'efficacité du système judiciaire dans le règlement des litiges.
- Le Liban se place au 114e rang sur 140 en matière de fardeau de règlementations gouvernementales sur l'économie.
- Le Liban se positionne au 128e rang sur 140 en matière d'investissements directs étrangers (IDE) et de transfert de technologie.
- Le Liban occupe le 139e positon sur 140 en matière de gaspillage et de dépenses excessives du gouvernement.
Tout le monde – y compris les investisseurs, les hommes d'affaires, les banquiers et les entrepreneurs au Liban et ailleurs – a accès à ces classements. D'autre part, les expatriés libanais peuvent investir l'argent qu'ils ont gagné à la sueur de leur front, dans presque tous les marchés avancés et émergents, surtout que les gouvernements et les secteurs privés partout dans le monde se livrent une concurrence acharnée pour attirer les investissements.

« Rien, malheureusement... »
Alors, la question que nous devons nous poser ne doit pas être « Que font les expatriés pour le Liban ? », mais plutôt « Que faisons-nous pour encourager les expatriés libanais à investir au Liban ? ».
La réponse à la seconde question serait : « Nous ne faisons rien malheureusement. » Nous décourageons les expatriés libanais d'investir au Liban à cause de la détérioration du climat d'investissement, de la dégradation de l'environnement des affaires et du déclin de la compétitivité de l'économie. La lettre que j'ai reçue d'un expatrié libanais, Claude Geaitani, résume toutes les difficultés et les frustrations que ce jeune homme a vécues pour avoir voulu investir au Liban, en essayant de se lancer dans la gestion d'un camion-restaurant. En effet, M Geaitani a dû faire face à des procédures administratives sans fin afin d'obtenir la licence d'exploitation. Il s'est également heurté à un manque de transparence dans le déroulement de la procédure administrative, ce qui l'a poussé à suspendre sa décision de lancer sa petite entreprise.
Les expatriés libanais travaillent dur pour réussir, et tout investissement qu'ils entreprennent est basé sur une prise de décision rationnelle plutôt que sur des notions de « romantisme », « d'attachement à leur patrie » ou « de devoir envers leur pays d'origine » et autres clichés.
D'autre part, les expatriés libanais ne vont pas se bousculer pour investir juste parce que le Parlement a finalement décidé d'élire un président de la République. Ils ont besoin de constater des actions concrètes et crédibles de la part des décideurs pour qu'ils regagnent leur confiance.
En effet, le seul moyen pour susciter l'intérêt de la diaspora libanaise en vue d'investir au Liban serait à travers une vaste campagne comprenant deux volets complémentaires :
- Le premier volet consiste à être franc et direct avec la diaspora libanaise, en admettant que nous comprenons leurs soucis, que nous avons besoin de faire le nécessaire pour regagner leur confiance et que nous devons prendre les mesures nécessaires pour améliorer les conditions d'investissement et l'environnement des affaires.
- Le second volet consiste à lancer une vaste campagne de lobbying vis-à-vis des autorités libanaises pour qu'elles prennent des mesures concrètes pour améliorer les infrastructures, les conditions d'investissement et l'environnement des affaires au Liban.
Dans ce contexte, on aura besoin de financer cette campagne pour pouvoir atteindre les expatriés libanais aux quatre coins du monde. Je suggère alors que la Banque du Liban lance un appel au secteur privé libanais pour financer cette campagne, et s'engage à verser la même somme qui sera versée par le secteur privé. Ainsi, le peuple libanais et les expatriés libanais sauront qui veut sérieusement soutenir l'économie et mobiliser le potentiel des expatriés, et qui lance des appels solennels qui ne riment à rien. Finalement, le secteur privé a toutes les raisons de financer une telle initiative, surtout que tous les secteurs au Liban profiteront de l'amélioration de l'environnement des affaires et des rendements des investissements de la diaspora.

Antoine MENASSA
Président du comité économique de l'Union libanaise culturelle mondiale, président de l'Association des hommes d'affaires libanais de France (Halfa)

En ma qualité de président du comité économique de l'Union libanaise culturelle mondiale (ULCM), mon rôle, ainsi que le rôle du comité, consiste à maintenir et développer les relations commerciales entre la diaspora libanaise à travers le monde et le Liban, et à accroître les investissements des expatriés dans leur pays d'origine.Les chiffres de la Banque du Liban indiquent que les...

commentaires (3)

LES CONVAINCRE A INVESTIR... LORSQU,ILS VOIENT LE THEATRE DU KARAKOZE QUI SE DEROULE DEVANT LEURS YEUX ET LE PAYS S,ENGOUFFRER CHAQUE JOUR DE PLUS EN PLUS DANS L,ABIME ? NETTOYEZ LA PLACE... DEGAGEZ-LES TOUS AVANT... SINON APPELEZ LA DIASPORA POUR GOUVERNER A LA PLACE DES VAURIENS LE PAYS !!!

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 46, le 24 septembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • LES CONVAINCRE A INVESTIR... LORSQU,ILS VOIENT LE THEATRE DU KARAKOZE QUI SE DEROULE DEVANT LEURS YEUX ET LE PAYS S,ENGOUFFRER CHAQUE JOUR DE PLUS EN PLUS DANS L,ABIME ? NETTOYEZ LA PLACE... DEGAGEZ-LES TOUS AVANT... SINON APPELEZ LA DIASPORA POUR GOUVERNER A LA PLACE DES VAURIENS LE PAYS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 46, le 24 septembre 2016

  • Le mal est plus profond....que Dieu ait pitie de nous et du LIBAN...

    Soeur Yvette

    16 h 36, le 24 septembre 2016

  • Merci pour ce resume. Malheureusement, le mal est plus profond que du temps ou l'italie etait aux mains d'une mafia devenue plus puissante que l'etat. Au Liban, elle tient le pouvoir. Elle serait meme capable de financer une campagne contre elle meme et rien ne changerait !

    Sam

    10 h 12, le 24 septembre 2016

Retour en haut