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Nos Lecteurs ont la Parole - Emmanuel RAMIA

Macron e(s)t Napoléon

«Car cette démarche bonapartiste, une de plus contre tous les corps intermédiaires, n'a pas d'espace politique.» Cette phrase envoyée par SMS aux élus socialistes par le secrétaire du parti Cambadélis, à propos du ministre démissionnaire Macron, est d'une grande justesse. Macron est le nouveau Napoléon. De toute évidence, la connotation du terme «bonapartiste» venant d'un politique de gauche est péjorative, mais prenons la comparaison au sens littéral, réfléchissons-y deux secondes, et nous serons frappés par la ressemblance des comportements et circonstances qui entourent et caractérisent les deux hommes.
En voici quelques exemples :
Premièrement, Bonaparte connut une ascension fulgurante juste après une période de conflits ayant meurtri et mis à genoux la société française. On sortait de la Révolution et de la Terreur et rentrait dans une période de grande instabilité, lorsque l'empereur de par son charisme et ses exploits prit progressivement possession des rênes de l'État. Tout comme Macron qui, lui, intervient après une crise financière latente et une crise identitaire naissante.
Deuxièmement, Bonaparte fut perçu comme l'option du juste milieu, ni monarchiste ni républicain, ou plutôt mi-monarchiste, mi-républicain. Aujourd'hui, Macron ne se considère pas «socialiste» tout en étant membre du parti dit «socialiste». Macron n'est donc ni de gauche, ni de droite, ni socialiste, ni capitaliste. Il est social-libéral comme Napoléon le républicain royaliste. À la fin du XVIIIe siècle, ni la république ni la monarchie n'étaient supportables. Aujourd'hui, ni la droite ni la gauche ne sont audibles.
Troisièmement, les deux hommes sont extrêmement jeunes lors de leur percée originelle dans les hautes sphères. Napoléon devint général de l'armée républicaine à 27 ans tandis que Macron fut promu associé de Rothschild à seulement 30 ans. Le premier créa les grandes écoles de la République dans lesquelles le second excella. Sorti major de promo de l'ENA, Macron occupa rapidement et naturellement les postes les plus élevés de l'État. Avec le soutien de Jacques Attali qui rappelle celui de Sieyès au futur empereur, Macron vola inévitablement très haut et à une vitesse impressionnante. Les glorieuses campagnes ascensionnelles d'Italie et d'Égypte de Napoléon nous rappellent celles plus «financières» des «deals» gagnés par Macron dans sa banque d'affaires.
Quatrièmement, les passions que déchaînent les deux hommes ont en commun leur caractère irréconciliable. Nul ne peut faire changer d'avis une personne qui pense que Napoléon était un tyran (et pas des moindres), tout comme personne ne serait capable de persuader un CGTiste que la loi travail ou la loi Macron seront bénéfiques à long terme. On aime ou on déteste Napoléon. Cela s'applique à Macron.
Cinquièmement, Napoléon était porteur d'un projet nouveau. Il instaura la méritocratie à la française, consolida l'assimilation des peuples (en transformant les juifs en israélites), créa et fortifia les institutions de l'État. Macron à son tour porte un projet de libéralisation de l'économie, de réformes administratives, d'innovations industrielles, à même d'après lui de placer la France au centre de la croissance mondiale.
Sixièmement, le coup d'État dûment préparé et médité de Bonaparte ressemble à la démission du jeune ministre de Hollande, qui a pour seul but (et sans même daigner le voiler) la candidature à la présidentielle en 2017. D'où la remarque pertinente de Cambadélis.
Tout cela nous permet de faire le postulat que l'avenir d'Emmanuel Macron sera à l'image de celui de Napoléon Bonaparte. Connaîtra-t-il pour autant une fin tragique? Aura-t-il son Saint-Hélène? Seul le temps répondra à cette question. Une chose est certaine, le nom « Macron » résonnera encore des années sur la France avant de s'éteindre.

Emmanuel RAMIA

«Car cette démarche bonapartiste, une de plus contre tous les corps intermédiaires, n'a pas d'espace politique.» Cette phrase envoyée par SMS aux élus socialistes par le secrétaire du parti Cambadélis, à propos du ministre démissionnaire Macron, est d'une grande justesse. Macron est le nouveau Napoléon. De toute évidence, la connotation du terme «bonapartiste» venant d'un politique...
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