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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

L’hystérie et le psychanalyste

Pour beaucoup de psychanalystes, l'hystérique n'a pas évolué vers une sexualité « génitalisée » où de l'envie de posséder un pénis comme l'homme, elle peut passer au désir de recevoir le pénis en elle, de le porter et de se laisser engrosser. La fameuse équation symbolique freudienne (enfant = phallus) peut alors « dédommager » la femme hystérique de ce qu'elle considère comme une mutilation, une blessure narcissique, soit son absence de pénis. À condition que son compagnon ne se considère pas comme possédant ce qui lui manque. Dans une équation anatomique malheureuse où seul le pénis pourrait compléter ce qui manque à l'hystérique.
Au contraire, si le partenaire de l'hystérique se reconnaît comme manquant lui-même de quelque chose que sa femme peut lui offrir, s'il reconnaît en lui un manque où l'hystérique peut venir se loger, alors le don qu'il fait à l'hystérique peut avoir un effet mutatif et la remanier de l'intérieur. Si elle est aimée, la femme hystérique peut accepter qu'une partie de son corps soit désirée, elle peut accepter que son corps contienne l'objet qui cause le désir de l'autre. C'est la leçon que l'on peut tirer du film de Godard qu'on a vu dans le dernier article.
En revanche, si l'homme conçoit sa femme comme un réceptacle à remplir, s'il rabat son désir sur le registre du besoin sexuel, alors la rencontre est manquée. Dans ce cas, comme le dit Lucien Israël, il transforme le désir de l'hystérique en une demande d'objets substitutifs dont il serait le fier propriétaire : argent, pouvoir, propriétés, etc. Et la demande se transformera lentement en revendication, voire en rage, amenant le couple dans l'enfer de l'incompréhension.
C'est souvent avec cette souffrance-là que la femme hystérique vient à l'analyse. À travers ses symptômes ou sa revendication, elle vient se plaindre de l'inaptitude de son homme à la comprendre et à l'apprécier.
Comme nous l'avons vu avec la « leçon » donnée par Dora à Freud, l'analyse de l'hystérique repose sur la capacité de l'analyste à réinventer avec elle la théorie analytique. Si l'analyste accueille l'hystérique et l'écoute avec la grille freudienne préétablie, il se comporte comme un amant incapable d'être autre chose que le « fils d'un père célèbre ». L'analyste doit pouvoir oublier son savoir afin de le retrouver dans une réinvention commune avec l'hystérique. Comme cela se passa au départ : « Taisez-vous et laissez-moi parler », dit une patiente hystérique à Freud. Et Freud s'est tu. Au lieu de se prendre pour celui qui sait et imposer son savoir comme un médecin ou un psychologue, Freud s'est tu et s'est mis à l'écoute.
L'écoute de l'analyste invite l'hystérique à produire elle-même les mots, les signifiants qui l'ont constituée comme sujet, c'est-à-dire les signifiants qui lui ont permis de refouler les désirs tabous de l'enfance. L'écoute de l'analyste l'invite à accoucher de ce qu'elle porte à son insu comme signifiants de sa jouissance. Là où le maître parlait à sa place en parlant d'elle ou pour elle, comme l'a fait Charcot par exemple, l'analyste l'invite à retrouver ses propres mots et ainsi à sortir du dilemme qui la confrontait à toute figure du maître : la soumission ou la révolte. À condition que l'analyste ne se situe pas lui-même en position de maître, position où l'hystérique, dans sa résistance à guérir, cherchera à le mettre afin de lui livrer le duel jouissif auquel elle est habituée : lutter avec le maître pour le renverser, en devenir la maîtresse. L'anoblissement final de l'hystérique, c'est Lacan qui le fera : l'hystérie est un discours, l'un des quatre discours que Lacan pose comme le socle de tout langage : le discours du Maître, celui de l'Universitaire, celui de l'Analyste et enfin celui de l'Hystérique.
Ce terrain où l'hystérique excelle, il suffit que l'analyste, grâce à une analyse personnelle assez longue, en soit averti pour ne pas s'y laisser entraîner. Et s'il s'y laisse entraîner, l'interprétation est souvent inefficace car l'hystérique a déjà gagné. Pour François Perrier, la conception que se fait l'analyste du féminin peut l'aider à ne pas livrer ce duel à l'hystérique. Si l'analyste conçoit la sexualité féminine comme un supplément et non comme un complément de la sexualité masculine, il a plus de chances de mener à terme l'analyse de l'hystérique. La femme peut donner à l'homme, s'il n'en a pas peur, un certain accès à un au-delà du phallus. Car comme le disait Lacan elle « n'est pas toute soumise à la fonction phallique », pas toute soumise au refoulement. Ce qui veut dire que la femme donne accès à une jouissance supplémentaire, une jouissance Autre. Quant à l'hystérique, « malade de la féminité » elle peut donner à l'analyste, s'il l'accepte, un certain accès à un au-delà du concept théorique « privilège féminin pour un deuil du concept ». C'est en cela que l'hystérique continue à apprendre à l'analyste d'écouter, sans a priori, sans idéologie, sans censure.

Pour beaucoup de psychanalystes, l'hystérique n'a pas évolué vers une sexualité « génitalisée » où de l'envie de posséder un pénis comme l'homme, elle peut passer au désir de recevoir le pénis en elle, de le porter et de se laisser engrosser. La fameuse équation symbolique freudienne (enfant = phallus) peut alors « dédommager » la femme hystérique de ce qu'elle considère...

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