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Liban - Loi électorale

Attaché à la proportionnelle, Sleiman se montre souple sur le découpage

La contestation au projet de législation adopté par le gouvernement se précise et prend de l’ampleur chez les chrétiens du 14 Mars.

Le chef de l’État s’entretenant avec le député et ministre joumblattiste Alaeddine Terro. Photo Dalati et Nohra

Le projet de loi électorale adopté mardi en Conseil des ministres est de plus en plus contesté dans les rangs du 14 Mars, les Kataëb, notamment, par la bouche du député Samy Gemayel, s’étant joints au concert de critiques visant le texte.
De son côté, le président de la République, Michel Sleiman, a laissé entendre qu’il n’aurait pas d’objections à ce que le découpage des circonscriptions prévu par le projet soit révisé, tout en se disant attaché au principe de la proportionnelle en tant que mode de scrutin.
« Je suis attaché à l’option de la proportionnelle dans le projet avalisé par le Conseil des ministres », a-t-il déclaré hier devant des visiteurs, soulignant que cette option « était réclamée par un large éventail de Libanais, y compris par une partie de ceux qui s’opposent aujourd’hui au projet totalement ou partiellement, et cela est leur droit démocratique ».
Cependant, le chef de l’État a émis le souhait que la Chambre « débatte de la question des circonscriptions électorales de façon à ce que celles-ci entraînent l’approbation du plus grand nombre (de députés) ». En d’autres termes, cela signifie que le président ne considère pas le découpage retenu comme étant incontournable.
Il a par ailleurs souligné « la nécessité d’améliorer le quota féminin afin que la femme puisse avoir une participation et un rôle réel et effectif dans la vie politique ». Le texte adopté réduit, en effet, ce quota à sa plus simple expression.
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, s’est montré encore plus détaché en soulignant que le projet de loi « n’est pas un texte révélé » et surtout en précisant que son ministère était « prêt à s’atteler à un projet alternatif en cas de rejet du texte soumis ».
« La décision finale appartient à la Chambre », a-t-il dit.
Au sein de la majorité gouvernementale, les commentaires les plus élogieux à l’égard du projet de loi sont venus hier des rangs du bloc du Changement et de la Réforme. Le ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui, a ainsi affirmé que la mouture adoptée « garantit la meilleure représentation pour les chrétiens et pour l’ensemble des composantes de la société libanaise, au contraire de la loi de 1960 (en vigueur) qui annule les voix chrétiennes et autres dans un certain nombre de circonscriptions ».
Pour le ministre, « le nouveau projet est en conformité avec le principe de base convenu au sein de la commission de Bkerké (qui travaille sur un rééquilibrage électoral en faveur des chrétiens) » et que « son approbation n’était pas spontanée », mais qu’elle était « le résultat d’une coordination permanente avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï ».
Plus terre à terre, le député berryste Yassine Jaber s’est contenté de dire qu’en tout état de cause, « toute loi électorale comportant un changement est de loin meilleure que celle de 1960 ». Son collègue Ali Osseirane a relevé pour sa part qu’il reviendra « au Parlement d’avoir le dernier mot » sur le sujet.
Par ailleurs, l’ancien candidat aux législatives de 2009 à Beyrouth I sur la liste du 8 Mars, Massoud Achkar, a jugé le texte « incomplet », tout en étant « meilleur que les précédentes législations qui ont marginalisé les voix chrétiennes ».

S. Gemayel et les petites circonscriptions
Au sein de l’opposition, la prise de position du député Samy Gemayel a levé toute équivoque à propos de l’attitude des Kataëb au sujet du projet de loi. « Ce projet a été taillé sur mesure en faveur des partenaires au sein du pouvoir politique aujourd’hui », a-t-il déclaré, faisant remarquer que « si le gouvernement était à ce point soucieux de l’intérêt des chrétiens, il aurait attendu les résultats des travaux de la commission de Bkerké qui doivent s’achever dans une ou deux semaines ».
« Si le but est de sauvegarder la parité (islamo-chrétienne) à son niveau minimal, il faut s’orienter vers des législations qui permettraient aux chrétiens d’élire au moins 56 ou 57 de leurs députés sur les 64 au total », a-t-il dit. « Or, a-t-il souligné, il n’y a que les petites circonscriptions qui peuvent assurer cela. »
« La commission de Bkerké a travaillé sur deux projets : le premier fondé sur la proportionnelle et le second sur les petites circonscriptions. Les formations représentées s’étaient entendues pour accorder la priorité aux petites circonscriptions, quitte à ce qu’en cas de désaccord sur ce point, on passerait alors à la proportionnelle, en tant que dernier recours », a-t-il ajouté.
Interrogé par ailleurs sur le point de savoir si les Kataëb étaient prêts à s’allier au CPL aux législatives de 2013, M. Gemayel a exclu cette hypothèse du fait des désaccords entre eux sur les dossiers stratégiques.

Pharaon : « Une agression méthodique contre Achrafieh »
À Beyrouth, lors d’une rencontre au Club de la presse, le député Michel Pharaon s’est littéralement déchaîné contre le texte adopté, affirmant lui aussi, en écho au chef du courant du Futur, Saad Hariri, qu’il « ne passera pas ».
Selon lui, ce projet n’est qu’une tentative de « parachever le coup d’État effectué contre le compromis de Doha et son esprit ». « Il ignore les tentatives de concertation entreprises par le conseiller du chef de l’État, l’ancien ministre Khalil Hraoui, et porte un coup à la concertation interchrétienne qui s’est déroulée à Bkerké », a-t-il noté.
Pour M. Pharaon, on s’est « précipité à adopter ce projet avant la chute du gouvernement ou celle du régime syrien dans le but d’imposer un 7 Mai politique ».
S’en prenant tout particulièrement au chef du CPL, le général Michel Aoun, il a souligné qu’il ne « s’agit pas du premier retournement qu’effectue celui-ci sur les constantes chrétiennes minimales ». Il a qualifié le découpage retenu à Beyrouth, qui regroupe les première et deuxième circonscriptions en une seule, de « nouvelle agression méthodique contre Achrafieh, Rmeil et Saïfi, à la suite de la première agression qui avait consisté en la nomination au gouvernement de deux candidats qui avaient échoué » aux élections de 2009, Nicolas Sehnaoui et Vrej Sabounjian.
Robert Ghanem, député de la Békaa-Ouest et président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, s’est dit « surpris de la surprise » exprimée par le 14 Mars à l’égard du projet avalisé. « Pouvait-on s’attendre à ce que ce gouvernement monochrome nous gratifie d’un projet favorable au 14 Mars? » a-t-il demandé.
Critiquant le choix de la proportionnelle, qu’il considère « inadéquat » dans le contexte libanais actuel, M. Ghanem a noté que le découpage « favorise largement le 8 Mars qui cherche, par le biais de la loi électorale, à parvenir à une majorité légitime ».
Du côté du courant du Futur, c’est toujours la même virulence qui est opposée au projet. « Nous proclamons notre rejet certain de ce texte », a lancé lors d’un iftar à Tripoli le secrétaire général du courant, Ahmad Hariri, accusant le 8 Mars d’avoir « hypocritement établi une nouvelle feuille de route pour la patrie, conforme aux intérêts du parti divin, de la Syrie et de l’Iran ».
S’interrogeant sur « l’intérêt du chef de l’État et du Premier ministre » dans cette affaire, M. Hariri a ajouté : « Sont-ils prêts à assumer la responsabilité d’une transformation du Liban en une colonie relevant du “ wilayet el-fakih” ? »
Le projet de loi électorale adopté mardi en Conseil des ministres est de plus en plus contesté dans les rangs du 14 Mars, les Kataëb, notamment, par la bouche du député Samy Gemayel, s’étant joints au concert de critiques visant le texte.De son côté, le président de la République, Michel Sleiman, a laissé entendre qu’il n’aurait pas d’objections à ce que le découpage des...
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