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Liban - Chorégraphie

De la danse pour mieux comprendre l’espace

Apprendre à danser pour mieux comprendre l’espace, tel a été le projet, durant une année universitaire, d’une professeure d’urbanisme à l’Université américaine de Beyrouth, Julie Weltzien.

Deux séminaires hors de Beyrouth : l’un d’eux a été organisé à Kanat Bakich, pour danser dans la neige. (Photo Georges Abi Aad)

Patricia KHODER

 

Au 17e étage du centre Concorde, à Verdun, des étudiants et des étudiantes de l’AUB se préparent à danser devant un public, certains pour la première fois.
La plupart suivent des cours d’architecture, d’autres de sociologie, de gestion ou diverses spécialisations. Ils ont choisi ce cours optionnel, intitulé 4D, pour son originalité. Certains d’entre eux n’ont jamais dansé auparavant.
Le 17e étage du centre Concorde, c’est-à-dire le tout dernier, n’a jamais été utilisé. Même si ses baies vitrées donnent d’un côté sur Hamra, l’AUB et la mer, et de l’autre sur Verdun, Mazraa, l’aéroport et la mer. Ses murs n’ont jamais été peints. L’endroit a pris vie l’espace de deux soirées la semaine dernière avec treize danseurs, une violoniste et une joueuse de percussion.
Durant plus de 40 minutes, les élèves ont rempli l’espace, le faisant vibrer, alors que sur deux écrans, des images et des clips de deux séminaires de danse, l’un au bord de la mer et l’autre à la neige, ont été projetés.
Julie Weltzien est consultante en design et paysagiste. Elle enseigne depuis plus de dix ans le landscaping aux architectes en herbe à l’AUB. Elle est aussi danseuse. « C’est en 2005 que j’ai créé cette activité pour mes élèves. C’est un cours optionnel ouvert à tous les étudiants de l’université. C’est une façon de les sensibiliser physiquement à l’espace qui les entoure. Qu’ils le sentent réellement. J’enseigne le paysagisme à la faculté d’architecture. Si l’espace restait une théorie pour les élèves, ils ne pourraient jamais exceller. Nous sommes physiquement attachés à l’espace qui nous entoure », dit-elle.
« Depuis 2005, nous terminons l’année par un petit spectacle. Pour cette année, j’ai choisi de travailler sur l’espace urbain et l’espace rural. Nous avons travaillé à Beyrouth, certes, mais nous avons effectué aussi deux séminaires hors de la ville. Les étudiants ont pu ainsi danser dans la neige à Kanat Bakiche et dans le sable et l’eau à Enfeh », indique cette Allemande qui a passé plusieurs années de son enfance au Liban.
« Chacun y a mis du sien. Il n’y avait pas une chorégraphie toute prête. Se basant sur de la musique, des images et des textes, les élèves ont chacun créé leurs propres mouvements. Et nous avons modifié la chorégraphie une fois sur place afin de l’adapter à l’espace », explique Weltzien.
« Afin de les initier au mouvement, nous avons vu des films sur la danse, assisté à des spectacles lors festival de danse contemporaine Bipod. Il fallait qu’ils réalisent que le corps et l’esprit sont rattachés. Il ne faut en aucun cas que la société soit détachée de l’espace où elle évolue », souligne-t-elle encore.

Lier le corps à la nature et à l’urbanisme
Anne Gough est chercheuse indépendante et danseuse. Elle a pris part au projet avec Julie Weltzien. « Nous avons dansé dans des endroits inattendus. C’est un cours interdisciplinaire où l’on apprend à utiliser l’espace pour évoluer. C’est important de savoir qu’en évoluant dans l’espace, on peut éduquer à propos de la danse », dit-elle.
Ramz a 21 ans, elle est étudiante en sociologie, et c’est la première fois qu’elle danse. « Ce cours m’a permis de sentir physiquement l’espace dans lequel j’évolue. Nous avons travaillé en regardant des images de paysages, en travaillant des textes. Il fallait aussi dessiner des cartes géographiques montrant notre itinéraire pour arriver jusqu’à la salle de répétition par exemple », raconte-t-elle.
Nouf a, elle aussi, 21 ans. Elle porte le voile et elle est étudiante en gestion. « Ce cours est très particulier. Il m’a permis de prendre vraiment conscience que les mouvements que je fais sont véritablement liés à mon cerveau », explique-t-elle, ajoutant : « Pour moi, c’était très ludique. C’est une façon d’apprendre loin des livres. »
Mounia a 22 ans. Elle est étudiante en architecture. Elle a participé à ce même cours l’année dernière. Pour cette année universitaire, elle est volontaire et n’a pas raté une seule séance. « Le cours, qui est relié à l’architecture, nous apprend à lier le corps à l’urbanisme et à la nature. Ce que l’on ne fait pas spontanément », dit-elle.
Théa, 22 ans, est aussi étudiante en architecture et participe, elle aussi, à cette matière pour la seconde année consécutive en tant que volontaire. « J’ai trouvé que le cours est très créatif. Nous explorons l’espace qui devient une notion tangible grâce à nos mouvements », explique-t-elle.
Wafaa Celine Halawi, enseignante à la LAU, réalisatrice et danseuse, a réalisé les deux clips des séminaires : la danse dans la neige et au bord de la mer.

Patricia KHODER
 
Au 17e étage du centre Concorde, à Verdun, des étudiants et des étudiantes de l’AUB se préparent à danser devant un public, certains pour la première fois. La plupart suivent des cours d’architecture, d’autres de sociologie, de gestion ou diverses spécialisations. Ils ont choisi ce cours optionnel, intitulé 4D, pour son originalité. Certains d’entre eux...

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