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Liban - Architecture

Une entreprise libanaise en lice pour un projet d’envergure à Istanbul

Le Libanais Hashim Sarkis a été désigné par les autorités d’Istanbul pour concourir avec huit équipes de notoriété internationale pour le projet architectural de la future gare intermodale de Yenikapi. Laquelle est appelée à devenir l’un des principaux nœuds de transport de la ville.

« J’aime les concours architecturaux, ils permettent d’explorer de nouvelles idées et d’élaborer notre philosophie de travail », affirme Hashim Sarkis.

Exerçant son métier d’architecte-urbaniste entre Boston et Beyrouth, Hashim Sarkis - titulaire de la chaire de l’Aga Khan à l’Université de Harvard - mène de front plusieurs projets. Le dernier en date est un événement suffisamment important pour être mentionné. Hashim Sarkis et son équipe font partie des neufs agences de notoriété internationale sélectionnées par la ville d’Istanbul pour le concours de la future gare intermodale de Yenikapi, qui sera conçue dans le cadre du projet de Marmaray (association des noms de la mer de Marmara et de « ray », qui signifie « rail » en turc). Présenté par les autorités d’Istanbul comme « le chantier du siècle », le projet de voie ferrée reliera les parties européenne et asiatique d’Istanbul par un tunnel immergé à 60 mètres de profondeur sous le Bosphore. La construction du tunnel (13,6 km de long) s’est achevée en avril 2009, tandis que la voie ferrée doit être mise en service au cours des deux prochaines années.


La gare ferroviaire de Yenikapi sera intégrée dans un site archéologique unique, qui a dévoilé, lors des fouilles réalisées en 2004, les ruines de la muraille de l’empereur Constantin le Grand, le port de Théodose Ier (utilisé du IVe au XIe siècle) et une armada d’épaves de navires marchands au sein desquels avaient été retrouvés une quantité impressionnante d’artefacts (on parle de milliers). Les vestiges conservés in situ seront exposés aux regards de quelque 1,7 million de passagers qui traverseront la gare tous les jours. Pour piloter ce projet « aux contraintes aussi complexes », Hashim Sarkis s’est associé avec l’architecte turc Han Tumertekin et une équipe d’archéologues et d’économistes locaux. Il a aussi sollicité la collaboration de grands experts internationaux, principalement Georges Hargreaves and Associates pour le paysage (ils ont marqué de leur griffe les plages d’Abou Dhabi, le State Historic Park de Los Angeles, le Millenium Point de New York, le Musée national des sciences de Tokyo). Pour le transport, il aurait fait appel à ARUP, un géant mondial de l’ingénierie (qui a construit avec Herzog et de Meuron le Stade national de Pékin pour les Jeux olympiques de 2008) ; à AKT Londres, pour le génie civil, et Transsolar de Stuttgart, pour l’environnement (qui avait remporté avec Smith Carter le prix « Best Tall Building in the Americas »).


Le défi est de taille pour cet architecte libanais qui doit ainsi se mesurer à des concurrents de poids et non des moindres, dont l’Américain Peter David Eisenman, figure majeure de la déconstruction architecturale et auteur du Mémorial de l’holocauste à Berlin, du Wexner Center for the Visual Arts et de l’Aronoff Center for Design and Art aux États Unis, ainsi que le Britannique sir Terry Farrell, concepteur de l’une des plus grandes gares construites ces dernières années, la gare de Kowloon à Hong Kong. En lice également, deux importantes agences hollandaises, MVRDV et Mecanoo Architecten, ainsi que trois grands bureaux d’architecture turcs.
Si la compétition est extrêmement serrée, elle n’est pas pour déplaire à Hashim Sarkis que l’émulation motive : « J’aime l’intensité des concours, c’est très stimulant, j’espère bien qu’on va l’emporter ! Même si cela ne se présente pas, l’expérience reste grande en soi. Elle nous permet d’explorer de nouvelles idées et d’élaborer notre philosophie de travail », dit-il, ajoutant qu’à partir de l’intégration des différentes échelles, paysage, urbanisme, patrimoine et architecture, il conçoit de créer « une gare différente qui ne ressemble en rien à une boîte fermée ! ». L’expression esthétique sera réduite à des « volumes simples et géographiques », qui dessineront « la silhouette de la ville du côté de la mer de Marmara », indique Hashim Sarkis. On n’en saura pas plus... avant le résultat du concours prévu pour le mois d’avril.

Vivre mieux avec l’architecture
Le titulaire de la chaire Aga Khan à l’Université de Harvard précise, par ailleurs, qu’il a mis son art « au service de l’homme en interaction constante avec son environnement ». « Le rôle de l’architecte dans le développement de la démocratie et la modernisation de la société » a toujours été sa préoccupation principale. Son PhD décroché à l’Université de Harvard était d’ailleurs centré sur ce thème. À ceux qui disent que l’aspect académique est trop abstrait, qu’il n’a rien à voir avec le monde réel, il rétorque que « l’université est un laboratoire d’idées et de propositions, un lieu d’échanges et de débats entre conférenciers, enseignants, chercheurs et étudiants venus d’horizons divers. Elle m’enrichit et me nourrit d’un surplus de savoir-faire ».


Beyrouth est, d’autre part, très présente dans ses recherches. Auteur notamment de « Circa 58 » et coauteur de « Projecting Beirut » (des épisodes de la construction des années 1950 à la fin des années 1960, de la reconstruction après la guerre civile, et de la conservation et l’intégration des sites archéologiques historiques dans la vie urbaine contemporaine), il planche actuellement sur les caractéristiques majeures de la capitale qu’il qualifie de ville « normale » ou « ordinaire ». « J’en ai assez des théories qui la décrivent comme étant exceptionnelle, oscillante entre hédonisme et violence, ou comme carrefour entre l’Est et l’Ouest. Beyrouth est une ville comme une autre qui veut ressembler au reste du monde ; une ville qui poursuit tranquillement son aventure urbaine », dit-il.


Hashim Sarkis possède à son actif plusieurs réalisations au Liban. Il a travaillé avec l’architecte espagnol Rafael Moneo à la composition des souks Ayyas, Tawilé, Jamil, etc. Pour Wassef Ezzeddine, il avait conçu au centre-ville le parc au ballon, une structure temporaire aujourd’hui démolie. Pour la Fondation René Moawad, il a signé le Centre agricole au Liban-Nord et le pressoir d’olive à Batroun. Les plans dessinés pour une école à Bab el-Tebbaneh ont remporté le prix « Progressive Architecture », mais ils n’ont pas été exécutés (l’école n’a pas été construite). La réalisation de 84 logements sociaux pour la communauté des pêcheurs de Tyr a décroché le « Design Award » décerné par la Boston Society of Architects et a fait partie d’une sélection de 11 projets exposés au MoMa en 2010 sous le thème « Small Scale, Big Change » (Petite échelle, grand effet). L’entreprise a eu également sa place dans les biennales de Venise, Rotterdam et Hong Kong/Shenzhen, et a été publiée dans de nombreux magazines spécialisés ainsi que dans l’Atlas Phaidon de l’architecture du XXIe siècle.


L’architecte-urbaniste a aussi peaufiné les plans du futur palais municipal de Jbeil. Au sein d’une parcelle de 7 000 m2, trois bâtiments visent différentes fonctions : l’un accueillera l’administration et le département des Finances ; le deuxième sera doté de salles polyvalentes et d’un auditorium dédié aux conférences ; le troisième abritera les bureaux du président et des membres du conseil municipal. « L’architecture vernaculaire sera présente par le biais du jeu des trois volumes qui flottent sur le rez-de-chaussée, offrant un espace ininterrompu avec le parc. » Les constructions sont reliées par une cour intérieure donnant accès à un niveau où seront logés les programmes techniques, les archives, le service de police, une cafétéria et un espace réservé à des expositions. La palette de matériaux associe le béton et l’acier pour la structure ; la pierre de sable (ramlé) pour le revêtement des volumes et le bois durable pour les treillis. La superficie bâtie est estimée à 2 000 m2.


En résumé, pousser la réflexion au-delà des murs et s’inspirer du paysage environnant pour créer un univers font partie intégrante de chaque projet. « L’architecture permet de concevoir de nouveaux contextes et de reproduire des mondes alternatifs, pour améliorer la vie de l’homme », fait observer Hashim Sarkis, soulignant qu’« elle doit servir et répondre aux besoins de l’être mais doit aussi séduire, car dans sa conception la plus classique, la beauté est essentielle à la vie. Du point de vue économique, elle est importante. Psychologiquement, elle procure un sentiment de satisfaction et rend heureux. Dans un monde en mutation, elle demeure la plus sûre. Elle rassure. »

Exerçant son métier d’architecte-urbaniste entre Boston et Beyrouth, Hashim Sarkis - titulaire de la chaire de l’Aga Khan à l’Université de Harvard - mène de front plusieurs projets. Le dernier en date est un événement suffisamment important pour être mentionné. Hashim Sarkis et son équipe font partie des neufs agences de notoriété internationale sélectionnées par la ville...
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