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Culture - Cimaises

Plongée dans le monde métaphysique de François Lamore

C’est avec un géant point d’interrogation que le visiteur appréhende l’exposition de François Lamore à la galerie Art Factum*. Une œuvre à multiples visages pour une portée énigmatiquement métapsychique.

François Lamore, un artiste attentif aux rapports entre physique et psyché.

Une introduction au travail éclectique de l’artiste franco-américain François Lamore. C’est ce que propose la galerie Art Factum à travers l’exposition dont l’intitulé, «Random Synchronicities» (Synchronicités arbitraires), pourrait donner à lui tout seul matière à une dissertation mêlant des thèses métaphysiques, psychiques et philosophiques. Car c’est alourdie d’un bon lest de considérations scientifiques, théologiques, sociologiques et même un peu politiques (quoi qu’il s’en défend, notamment pour sa sculpture encensoir en forme de Twin Towers) que se présente l’œuvre de Lamore.
Deux ou trois titres de ses séries Type Seven Eco System, Beyond Simulation, Abstract Advantage, Commissioned Dream, Living Devices et Desirable Size se déploient sur les cimaises, du petit format au grand.
Comment l’artiste, imbu dès son enfance d’une atmosphère familiale intellectuelle et scientifique explique-t-il le titre de son exposition, «Random Synchronicity»? «Je crois que tout l’univers est arbitraire, affirme-t-il, mêlant le français à l’anglais. Il est aussi infini. Nous, en tant qu’êtres humains, cherchons partout les modes de synchronisation. À n’importe quel niveau d’existence, ce que nous ne voyons pas peut être amené à exister ailleurs si on y croit. C’est un archétype prédéfini et inné.» Selon lui, les synchronicités – ces coïncidences mystérieuses que nous attribuons souvent au hasard à défaut d’en comprendre le sens – constituent le matériau expérimental d’une théorie du temps et de l’espace. Cette théorie est porteuse d’un message salutaire: elle démontre que nos intentions agissent comme par magie dans notre vie, pour peu qu’elles entretiennent le cycle de l’amour avec lui, les pouvoirs extraordinaires du don de soi et du détachement.
La théorie de la double causalité repose la question du libre arbitre, dans un monde où notre futur serait déjà réalisé et en continuelle transformation, sous l’influence de nos intentions et de nos observations.
Et Lamore enchaîne, sur un mode aussi mystérieux et ésotérique: «L’esprit rythmique du mouvement qui sous-tend les choses m’a toujours fasciné.» En parlant de peinture, bien sûr, mais aussi et surtout de sciences. «Je suis interloqué par ces chercheurs qui trouvent de nouvelles conclusions sur le temps avant le temps. Ces questions sont ataviques. Nous sommes nés avec.» Et d’ajouter: «Tout ce que l’on apprend dès notre plus jeune âge nous cloisonne. Même dans le monde de l’art contemporain, on cherche à cerner, à étiqueter.» Chose qu’il refuse, à l’évidence.
«L’univers est participatif et, par essence, infini. Une fois introduit au courant du savoir, c’est un circuit fermé, sauf s’il est appréhendé dans sa totalité.» Cette conviction, hermétique à monsieur Tout-le-monde, acquiert un sens, devient plus tangible à travers ses peintures, dessins et sculptures. Plongé dans de profondes réflexions sur l’origine du monde, les relations entre l’espace et le temps, l’ailleurs, les créatures et les mondes parallèles, le visiteur plane devant cette collection à la sélection a priori arbitraire, comprenant divers thèmes, styles et médium. Mais une fois la visite terminée, la rétine accroche sur des détails, sur une certaine atmosphère, un lien invisible qui unit le tout et le rend cohérent. Sans être homogène, faisant passer le voyeur d’un croquis de charnier de squelettes à des peintures sur du velours bleu nuit, en passant par des spirales hypnotisantes, des sculptures en bronze ou une installation représentant l’homme prosterné devant les constellations, cette exposition propose des indices tangibles sur les croyances de l’artiste. Et rejoint ainsi le titre, ces synchronismes arbitraires, ou «des hasards gorgés de sens», pour reprendre l’expression de Jung.

* Jusqu’au 2 avril, Medawar, Quarantaine. Du lundi au vendredi, de 12h à 19h, samedi, de 14h à 17h. Tél. : 01/443263.
Une introduction au travail éclectique de l’artiste franco-américain François Lamore. C’est ce que propose la galerie Art Factum à travers l’exposition dont l’intitulé, «Random Synchronicities» (Synchronicités arbitraires), pourrait donner à lui tout seul matière à une dissertation mêlant des thèses métaphysiques, psychiques et philosophiques. Car c’est alourdie...

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