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Culture - Installation

Dans la cour de (ré)création d’Abdulrahman Katanani

Dans l’espace d’exposition de l’Institut français et avec la collaboration de la galerie Agial, l’artiste Abdulrahman Katanani présente son « home » « Sans adresse » jusqu’au 24 avril.

Abdulrahman Katanani a « récupéré » sa maison.

La maison qui s’expose à l’Institut français affiche une polychromie avenante et gaie. Des enfants sautant à la corde, s’élançant en l’air sur une balançoire, jouant au ballon ou courant derrière des oiseaux semblent recréer l’ambiance d’un jardin ou d’une cour de récréation. Par leurs mouvements, ils affichent le bonheur de vivre et reflètent l’innocence et la naïveté de l’enfance. Sauf qu’on est loin d’être dans l’univers sucré et mielleux de «Hansel et Gretel», ni dans aucun autre conte pour enfants. Ici les mignardises sont acidulées et l’air qu’on respire a un goût d’amertume.
L’univers d’Abdulrahman Katanani est fait de murs, de fils barbelés, de brisures, de «zinco», de planches de bois et de ferrailles. L’électricité se fait rare, l’eau aussi et les conditions de vie sont précaires. On appelle ce lieu non pas un quartier ni une rue, mais un «camp». Et l’artiste palestinien y est né et y a grandi.
Il nous tendra par la suite sa carte de visite sur laquelle est inscrit son nom en forme de clé. C’est la reproduction de ces mêmes clés qu’a emporté un jour son grand-père en quittant la maison de sa Palestine natale, se promettant (comme on le lui avait dit) d’y revenir après une semaine. «Trois générations, depuis, et nous sommes toujours installés dans ces camps de Sabra et Chatila», précise Katanani.

Un art salvateur
Pourtant, c’est en esquissant un léger sourire que l’artiste évoque ces souvenirs douloureux, cette misère au quotidien. La recette de ce sourire? Un art salvateur par lequel il a réussi à convertir sa peine en plaisir et sa douleur en créativité. «Je n’étais pas éveillé à la souffrance des camps, mais en grandissant et avec du recul, j’ai ressenti l’atmosphère irrespirable dans laquelle je vivais. J’avais le choix entre ne rien faire et me morfondre, ou refléter au monde une autre image que celle des fusils, de la violence et de l’agressivité, devenus la véritable carte d’identité de mon peuple.»
Katanani a choisi la seconde alternative. Né d’un père menuisier et d’une mère couturière, le travail manuel, ça le connaît bien. Enfant, il s’amusait à transformer les sacs en nylon en ballons, «pour jouer au football comme les autres garçons», dit-il, mais aussi à croquer et à copier les dessins du caricaturiste Naji al-Ali, artiste palestinien assassiné à Londres en 1987, et à les placarder sur les murs. «C’est Handala, son personnage fétiche, qui accompagnera mon travail plus tard et qui inspirera Zinco.» Encouragé par son père qui tenait à ce que ses fils poursuivent des études universitaires, le jeune Katanani décide donc de faire les beaux-arts à l’Université libanaise. «Je découvrais alors ma véritable personnalité.» Créatif et non destructif, telle est la voie qu’empruntera le jeune artiste. Après une première exposition en solo à la galerie Agial, le voilà qui revient avec celle-ci, plus élaborée, qui dévoile la vie du camp tout entier. L’habitat fabriqué avec des objets de récupération et de cette tôle reluisante et brillante comme le soleil et appelée zinco affirme sa présence, voire son existence. «Cette matière qui nous abrite depuis des décennies est devenue une part de nous-mêmes. Elle porte en elle nos douleurs, nos craintes, mais aussi nos espoirs, dit Abdulrahman Katanani. Une seconde peau avec laquelle j’ai recomposé ces personnages d’enfants et qui, j’espère, s’en débarrasseront un jour, pour retrouver la liberté dans la cour des grands.»
La maison qui s’expose à l’Institut français affiche une polychromie avenante et gaie. Des enfants sautant à la corde, s’élançant en l’air sur une balançoire, jouant au ballon ou courant derrière des oiseaux semblent recréer l’ambiance d’un jardin ou d’une cour de récréation. Par leurs mouvements, ils affichent le bonheur de vivre et reflètent l’innocence et...

commentaires (1)

Cet artiste unique a deja etonne avec sa creativite et son graphisme hors-pairs (notamment au Salon d'Automne) s'est vu refuser un permis de tournage d'une equipe de la TV francaise qui retrcerait son travail dans les camps: raison invoquee "la securite" dans les camps !!! Il a ete doublement puni par ses pairs et par les Israeliens.D'ou l'invitation du CCF pour creer cette installation dans une de leur salles, qui ferait partie du documentaire. Preuve que "securite" et "creativite" ne font pas bon menage chez les Arabes, dans toute la region. Ridicule.

Gerard Avedissian

06 h 32, le 07 avril 2012

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Commentaires (1)

  • Cet artiste unique a deja etonne avec sa creativite et son graphisme hors-pairs (notamment au Salon d'Automne) s'est vu refuser un permis de tournage d'une equipe de la TV francaise qui retrcerait son travail dans les camps: raison invoquee "la securite" dans les camps !!! Il a ete doublement puni par ses pairs et par les Israeliens.D'ou l'invitation du CCF pour creer cette installation dans une de leur salles, qui ferait partie du documentaire. Preuve que "securite" et "creativite" ne font pas bon menage chez les Arabes, dans toute la region. Ridicule.

    Gerard Avedissian

    06 h 32, le 07 avril 2012

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