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Économie - Liban - Tendance

Diététique : quand maigrir rapporte gros

Le business de la minceur est en pleine forme au Liban, pays où règne le diktat de la beauté. Diététiciens, esthéticiens, nutritionnistes, la bataille est serrée sur un marché où s’affrontent des acteurs de toutes tailles, chacun essayant d’obtenir une part du gâteau. Car pour maigrir vite, les Libanaises sont prêtes à mettre le prix.

Chaque jour, des offres tous azimuts font leur apparition sur le marché grossissant de la minceur, au risque de désorienter quelque peu le consommateur.

À première vue, le menu semble des plus communs. De la fameuse salade Caesar aux divers hamburgers, filet de saumon, chawarma, pizzas, pâtes, mille-feuille, tarte au chocolat, chou à la crème et même knafeh, le choix est varié et a largement de quoi titiller les papilles les plus gourmandes. Seulement à y regarder de plus près, le menu n’a rien d’ordinaire. Sur la carte est bien indiqué le prix des mets, mais pas seulement, chaque tarif étant accompagné du nombre de calories associées. Pour la crêpe au chocolat, comptez 9 000 livres, 264 calories et 14 calories supplémentaires pour y ajouter des fraises. Ce menu est celui du restaurant Diet Delights, centre de nutrition, leader sur le marché à Beyrouth, proposant le premier restaurant diététique au Liban ainsi qu’un service de livraison à domicile de repas personnalisés. Avec deux centres à Beyrouth, Diet Delights emploie 70 personnes dont quatre diététiciennes qui élaborent les recettes en collaboration avec les chefs cuisiniers. Le centre, certifié ISO 22 000, propose plusieurs formules. La promesse : perdre en moyenne 4 kg par mois en suivant le programme Diet Delights. Pour les adhérents, la charge est de 25 dollars par jour en moyenne incluant la livraison des quatre repas (petit déjeuner, déjeuner, snack et dîner) à domicile. « Les membres ont le choix des menus mais pas de la composition alimentaire, précise Magdalena Roumy Yammine, propriétaire et diététicienne en chef. Lors d’une première consultation dans notre centre, nous établissons un diagnostic pour personnaliser chaque programme, précise-t-elle. Nous recevons des clients ayant tous des profils très différents, indique-t-elle. De la femme enceinte qui souhaite manger sainement sans prendre trop de poids au préadolescent en surpoids mais aussi en pleine croissance, ou de la jeune femme qui souhaite simplement perdre quelques kilos, chaque cas est singulier. »
La formule semble être un véritable succès, bien que réservée à une certaine élite, reconnaît la propriétaire. Les membres peuvent ainsi dépenser jusqu’à 1 000 dollars par mois pour une livraison quotidienne de repas diététiques à domicile, incluant les consultations avec une diététicienne. Pour l’année 2011, le chiffre d’affaires de Diet Delights s’est ainsi situé aux alentours de 2 millions de dollars tandis que la société a gagné entre 25 et 30 % de clientèle par an ces cinq dernières années. Et Diet Delights n’entend pas s’arrêter là, il inaugurera sa première franchise dans quelques mois au Qatar, se lançant ainsi à l’assaut des pays arabes.
Car dans une société où règne le diktat de la beauté, le marché de la minceur est, lui, en pleine forme. À tel point que les produits et méthodes minceur investissent tous les secteurs liés à la santé, à la beauté et au sport. Résultat : des offres tous azimuts font leur apparition : méthodes alternatives, produits allégés, régimes miracles... Pour le consommateur, il devient alors difficile de s’y retrouver sur un marché devenant trop atomisé. Car chaque jour, de nouveaux acteurs se lancent sur ce juteux business, chacun essayant d’obtenir une part du gâteau. Ouvrages à succès, crèmes, soins et méthodes amincissantes, le marché de la minceur ne se cantonne pas au « food business ».
Randa Chartouni est une des propriétaires de « Ô de gamme », une slimming maison ou maison amincissante, comme elle se plaît à l’appeler. « Notre travail ?
Faire maigrir les gens », indique-t-elle fièrement. La jeune femme a ouvert sa maison amincissante il y a deux ans. Pour elle, « aucun pays n’est plus propice au business de la minceur que le Liban ». « Ici, les femmes sont les plus coquettes au monde ! La beauté fait partie intégrante de notre culture, poursuit-elle. Même celles qui n’ont pas vraiment besoin de perdre du poids sont toujours en quête de perfection, à l’affût de nouvelles méthodes amincissantes ou d’affermissement. » Les méthodes proposées par Randa Chartouni sont des techniques non invasives. La jeune femme a investi dans l’achat de 5 machines, chacune lui ayant coûté près de 40 000 dollars. Différentes techniques sont ainsi proposées par la « slimming maison »: la technique à ultrasons par cavitation, le drainage lymphatique ou encore des massages manuels à la crème amincissante. Comptez tout de même 1 000 dollars les douze séances pour faire fondre la graisse par cavitation et 350 dollars les huit séances de massage. Mais d’après la propriétaire, les résultats sont visibles dès la première séance. Mincir sans effort, la promesse a de quoi séduire et les clients semblent adhérer. Randa Chartouni indique recevoir environ 150 clients par mois et réaliser un chiffre d’affaires pouvant varier entre 10 et 20 000 dollars par mois. « Malgré le prix, mes méthodes séduisent car elles sont efficaces et constituent une bonne alternative à la chirurgie esthétique », conclut la propriétaire.
Maigrir à tout prix avant l’ultime recours au bistouri, voici ce qui alimente en partie l’énorme business de la minceur au Liban. « Les Libanaises feraient vraiment n’importe quoi pour perdre du poids », constate également Carla Mourad, diététicienne, mais aussi auteure d’ouvrages et animatrice d’une émission à la télévision. « Avant de venir me voir, beaucoup de femmes ont essayé tout et n’importe quoi, poursuit-elle. Le problème n’est pas seulement celui d’une arnaque au portefeuille, certaines patientes étant capables de mettre leurs vies en danger pour des promesses des plus farfelues. » Car s’il existe bien un ordre des diététiciens au Liban, les contrôles de la part du gouvernement sont encore insuffisants, estime Carla Mourad. « Beaucoup de pratiques ne sont pas contrôlées et même illégales », dénonce-t-elle.
La jeune femme est une véritable femme d’affaires, une référence en matière de nutrition dans le pays. Ses deux ouvrages se sont vendus à plus de 60 000 exemplaires chacun. Il y a deux ans, elle aussi s’est lancée dans l’ouverture d’un centre de nutrition et de livraison de repas à domicile : Carla’s Good Food. « C’est un marché où la concurrence est vraiment féroce, affirme-t-elle. Quand j’ai commencé comme diététicienne il y a dix ans, la demande était moindre mais la concurrence aussi. Aujourd’hui, toutes les universités se mettent à former des spécialistes en nutrition. Ne pouvant pas toujours vivre de leurs consultations, ceux qui démarrent sont aujourd’hui obligés de se diversifier, vu l’énorme concurrence sur un marché qui, lui, continue de grossir. »
À première vue, le menu semble des plus communs. De la fameuse salade Caesar aux divers hamburgers, filet de saumon, chawarma, pizzas, pâtes, mille-feuille, tarte au chocolat, chou à la crème et même knafeh, le choix est varié et a largement de quoi titiller les papilles les plus gourmandes. Seulement à y regarder de plus près, le menu n’a rien d’ordinaire. Sur la carte est bien...
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