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Culture - Concert

Sous le signe du pacte d’amitié Paris-Beyrouth et de Francis Poulenc...

Démarrage en trombe de la saison musicale sous le signe du pacte d’amitié Paris-Beyrouth dont on fête le 20e anniversaire. Pour l’occasion, à l’amphithéâtre Aboukhater, Éric Le Sage, un des meilleurs pianistes de l’Hexagone.

Éric Le Sage, maître des touches d’ivoire. Photo Marwan Assaf

Une salle comble pour une prestation de choix. Maître des touches d’ivoire à quarante-neuf ans, détenteur des prix Charles Cros, Victoire de la musique et Disque de l’année au Japon, Éric Le Sage a offert, grâce à l’Institut français de Beyrouth, un programme de haut vol, aux pages brillantes et virtuoses. Des pages de Ludwig Van Beethoven, Robert Schumann et Francis Poulenc dont il est un émérite interprète au clavier.
Ouverture sur les accords somptueux et torrentiels de la sonate Waldstein n° 21 en do majeur op 53 du génie de Bonn, mais maître de Vienne. Trois mouvements (allegro con brio, introduzione, andante molto, Rondo. Allegretto moderato-prestissimo) pour incarner et traduire toute la fougue et toute la puissance d’un compositeur qui s’est entièrement lâché dans cet opus tiraillé entre lumière et grommellement, déchaînement de croches colorées et ensoleillées, morsure de phrases et caresses rêveuses vite abandonnées dès qu’effleurées...
Changements sonores spectaculaires entre arpèges précipités, cadences variées et harmonie d’une mélodie portée, vers la fin, par le vertige des trilles... Par-delà tout éblouissement, voilà une œuvre ardue d’une extrême minutie. Et que les mains et les doigts du pianiste portent, en toute délicatesse, fermeté et assurance, jusqu’à la ferveur.
Pour prendre le relais, une autre œuvre majeure du répertoire pianistique et on nomme La Fantaisie op 17 de Robert Schumann.
Cet opus aux murmures dissolvants et aux rythmes tonitruants est un véritable cri d’amour, dans un élan de fièvre romantique, à Clara Wieck qui deviendra quatre ans plus tard l’épouse du compositeur. Pour «Geliebte Clara» (Clara chérie) que ne fera pas Schumann.
Passionnée, véhémente, tissée de feu et de transparence, de clair de nuit et de soleil brûlant est cette partition qui a toutes les allures d’un poème délirant. Mais il y a aussi dans cette fournaise du cœur, un hommage à Beethoven. On retrouve des lignes qui se fondent dans son imaginaire sentimental enfiévré et peu à peu l’équilibre et l’apaisement ont des notes qui contrebalancent tant d’ardeurs, de bruits et de fureur.
Plus que dans la pièce précédente de Beethoven sous le mécénat de Ferdinand von Waldstein, on retrouve, dans cette vibrante déclaration d’amour de Schumann, Éric Le Sage parfaitement à l’aise dans un jeu délié et subtil. Et éminemment éloquent.
En terrain conquis et en livre dont les pages lui sont familières, le pianiste conduit avec grâce et une savoureuse lenteur la «Mélancolie» de Francis Poulenc. Une douceur grave, une sorte d’élégie où l’amour, sa perte, la vie et ses détours, les souvenirs et leurs trémolos assaillent brusquement l’âme. Tout cela erre comme des ombres fugitives sur les touches noires et blanches, comme des brumes qui se lèvent, le soir venu, d’une vallée.
Une poésie impalpable, une tristesse inexprimable, une absence qu’on sait terrible, mais où nul n’y peut rien, un avenir incertain, mais qu’on souhaite souriant, c’est ainsi que s’égrènent, par grappes insaisissables, ces idées à la fois chargées de spleen léger et friable comme une poudre d’ailes d’un papillon quelque peu volage.
Pour conclure, encore du Poulenc, toujours entre deux eaux, lui qui n’a pas volé l’appellation de « moine et voyou ». Après ses états de vague à l’âme, ses transes terrestres et ses aspirations mystiques, le voilà dans la veine populaire avec cette valse chantée, Les Chemins de l’amour.
Dédié à Yvonne Printemps (diva d’opérette en son temps), rehaussé par la voix de Danielle Darrieux, ce poème d’Anouilh (tiré de la pièce Léocadia) est interprété ici par la cantatrice canadienne Stéphanie Lavoie. Cheveux blonds déferlant en cascades sur les épaules, longue silhouette filiforme en robe longue noire pour une voix de soprano habillant en tons soyeux, cristallins et languides une complainte nostalgique, amoureusement accompagnée par un clavier discrètement chantant. Ce n’est pas si grave si la chute a quelque peu dérapé, mais la chute du bis, pour la même chanson, après plusieurs salves d’applaudissements, était déjà nettement plus maîtrisée.
Une salle comble pour une prestation de choix. Maître des touches d’ivoire à quarante-neuf ans, détenteur des prix Charles Cros, Victoire de la musique et Disque de l’année au Japon, Éric Le Sage a offert, grâce à l’Institut français de Beyrouth, un programme de haut vol, aux pages brillantes et virtuoses. Des pages de Ludwig Van Beethoven, Robert Schumann et Francis Poulenc dont il...
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