Pendant la campagne électorale, M. Sharif s’était dit ouvert à l’idée de négociations de paix avec les rebelles du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), en guerre depuis plus de six ans contre Islamabad dont ils dénoncent l’alliance stratégique avec les États-Unis. Mais cette proposition semble faire peur à la très puissante armée, qui combat les rebelles, dont les centaines d’attentats ont provoqué la mort de plus de 6 000 personnes depuis 2007, même si elle est parfois accusée de jouer double jeu avec eux. Depuis août 2008, près de 300 bombardements de drones américains ont fait plus de 2 000 morts, en très grande majorité des combattants islamistes selon les autorités pakistanaises, alors que d’autres sources parlent de plus de 3 500 morts. Si Washington défend leur précision, ils font aussi des victimes civiles et alimentent le fort sentiment antiaméricain au Pakistan.
Nawaz Sharif est un magnat de l’acier considéré comme un bon gestionnaire, mais qui aura fort à faire pour redresser le pays. Dans son fief du Pendjab, la province la plus riche du pays, il est surnommé « le lion ». Il hérite d’un sacré défi : redresser le pays, notamment en résolvant la grave crise énergétique qui plombe son économie et pourrit la vie quotidienne des 180 millions de Pakistanais, privés d’électricité jusqu’à 20 heures par jour. Cet homme rond au crâne dégarni vêtu immanquablement d’un shalwar kameez, l’habit traditionnel composé d’une tunique longue et d’un pantalon ample, a affiché depuis sa victoire un calme olympien, restant prudent face aux médias. Il avait en revanche laissé une image d’homme combatif lors de ses deux premiers mandats de Premier ministre, de 1990 à 1993 et de 1997 à 1999, où il ferraillait dur pour tenter d’imposer son pouvoir à la toute-puissante armée.
Pour l’expérimenté analyste politique Talat Masood, « c’est un homme politique bien plus mûr et équilibré » qui revient aujourd’hui au pouvoir, un homme qui « a compris les ressorts de la relation entre pouvoirs civil et militaire ».
(Source : AFP)
commentaires (0)
Commenter