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Liban - La situation

Liban : Préserver l’illusion de la République

Le président libanais Michel Sleiman

Fallait-il que les choses dans ce pays en arrivent au point où elles le sont aujourd’hui pour que les titulaires des trois postes présidentiels se décident le même jour à donner de la voix afin de tenter de freiner la dérive ? 
Parler le même jour ne signifie pourtant pas parler à l’unisson, et l’on observe que le président de la République, Michel Sleiman, est jusqu’ici le seul des trois à être allé au-delà du simple aperçu descriptif en formulant des demandes plus ou moins concrètes.


Certes, il est assez rare, en d’autres lieux et en d’autres temps, que l’on entende un chef d’État exhorter la justice de son pays à engager des poursuites contre des auteurs d’enlèvements. En règle générale, il n’aurait pas besoin de le faire, la justice étant censée se mouvoir d’elle-même face à des actes qu’un certain code pénal qualifie de crimes caractérisés.


Toujours est-il que dans un pays où, en 2012, des familles se dotent d’« ailes militaires », débordant – de l’aveu même du principal concerné, le Hezbollah – le contrôle des partis supposés les chapeauter ; et où, par-dessus le marché, les 
« porte-parole » de ces familles se pavanent triomphalement sur les écrans de télévision pour faire connaître leurs plans de festivités, l’intervention du président de la République a quelque chose de salutaire, ne serait-ce que pour préserver l’illusion de la... République.


Et cette démarche entreprise hier par le chef de l’État l’était d’autant plus qu’elle survenait à la suite d’une série de prises de position souverainistes de sa part, notamment ses déclarations au cours du week-end écoulé à propos des suites de l’affaire Samaha et des soupçons qui pèsent sur le rôle du régime syrien à ce sujet.


Les événements des dix derniers jours au Liban ne peuvent être, de l’avis de nombreux observateurs, dissociés de cette grave affaire, certains poussant le raisonnement jusqu’à penser qu’ils seraient le fruit d’une volonté de la Syrie et de certains de ses alliés de punir l’État libanais ou, du moins, de noyer le poisson. On peut donc considérer que la position présidentielle s’inscrit dans l’ordre logique des choses dès lors que l’on constate l’orientation nouvelle prise depuis quelque temps par l’hôte de Baabda vis-à-vis de la crise syrienne et de ses répercussions au Liban. Il est désormais clair, en effet, que la présidence de la République libanaise a bel et bien rompu – et cette fois-ci de manière ostensible – avec la traditionnelle politique de complaisance avec le voisin des bords du Barada.


Outre les prises de position publiques du chef de l’État à ce sujet, l’information selon laquelle il s’est abstenu d’adresser des vœux pour la fête du Fitr à son homologue syrien illustre symboliquement cette nouvelle démarche.


Jugées à l’aune de cette évolution propre à Baabda, les déclarations faites hier par le président de la Chambre, Nabih Berry, n’en apparaissent que plus surprenantes. Il est vrai que, contrairement au chef de l’État, M. Berry n’a rien proposé de concret et s’est contenté d’un exposé descriptif de la situation au Liban. Mais la noirceur du tableau qu’il a brossé en évoquant des actes commis principalement par sa propre clientèle – blocage de routes, rapts, apparition d’ailes militaires claniques – ne peut manquer de troubler de la part de celui qui fut pendant longtemps l’allié numéro un du régime syrien au Liban. L’est-il toujours ? La question est, pour l’instant, sans réponse.


Reste le Premier ministre. Lui aussi s’est manifesté hier, dans son style caractéristique – et quelque peu sibyllin – pour évoquer les tueries à Tripoli. Prudent, Nagib Mikati continue de l’être jusqu’à l’excès, évitant toute mention pouvant être jugée trop explicite. Mais dans son message éthéré aux Tripolitains, il a glissé une petite phrase éloquente dans laquelle il les invite à ne pas faire « la guerre des autres » dans leur ville. Il voulait parler de celle que mènent les rebelles syriens, bien sûr, mais tout aussi bien de celle de Bachar el-Assad...

 

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commentaires (3)

Préserver l'illusion...merveilleuse expression...mais le Liban,lui,n'est pas une illusion...je répète,tous ceux qui s'attaquent au Liban,en tant qu'entité vieille comme la mémoire humaine, en meurent,un jour,ou l'autre....la gloire du Liban est bien plus ancienne que tous ces histrions éphémères qui essayent de nous détruire..notre capacité de résilience est sans commune mesure avec leur haine et leur jalousie...

GEDEON Christian

06 h 50, le 22 août 2012

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Commentaires (3)

  • Préserver l'illusion...merveilleuse expression...mais le Liban,lui,n'est pas une illusion...je répète,tous ceux qui s'attaquent au Liban,en tant qu'entité vieille comme la mémoire humaine, en meurent,un jour,ou l'autre....la gloire du Liban est bien plus ancienne que tous ces histrions éphémères qui essayent de nous détruire..notre capacité de résilience est sans commune mesure avec leur haine et leur jalousie...

    GEDEON Christian

    06 h 50, le 22 août 2012

  • LA RÉPUBLIQUE DES SHIRWALISTES ! En se contentant, chaque fois, à coudre et recoudre les trous dans leurs Shirwals, du huitième parallèle de Mars, ces Shirwals troués comme des filets de gros poissons font sortir jambes et fesses au grand jour et détaillent toutes les irrégularités que les Shirwalistes entendaient et voulaient cacher. SIMULACRE DE GOUVERNEMENT... pour une République que des voisins, "bien intentionnés", veulent illusoire, pour pouvoir manipuler leus PIONS COLLABOS à volonté et exporter leurs crises, y trouvant des IMPORTATEURS VENDUS ET JUDAS CRIMINELS, de ce côté-ci, qui VENDENT leur Propre Pays, s'ils se considèrent Libanais, pour alléger les poids ailleurs...

    SAKR LEBNAN

    05 h 29, le 22 août 2012

  • Meilleure expression de la semaine : "L'illusion de la République".

    Halim Abou Chacra

    02 h 40, le 22 août 2012

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