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Nos Lecteurs ont la Parole

II – Le Hezbollah : excès de puissance militaire et impasse stratégique

Par Harès SLEIMAN

Les conditions de vie des citoyens dans la région de Baalbeck-Hermel se sont détériorées en raison de la rareté des opportunités de travail, de l’impossibilité d’écouler la production agricole à des prix rentables et des pertes considérables ayant résulté de l’élevage des volailles, qui ont par ailleurs abouti à la fermeture de 70 % des fermes. De même l’importation de lait syrien en contrebande en l’absence de tout contrôle étatique a mis en grande difficulté un secteur, celui de l’élevage laitier, qui auparavant fournissait des ressources essentielles aux familles rurales (voir L’Orient-Le Jour du samedi 9 mars 2012).
La situation sécuritaire s’est également détériorée avec le règne de l’anarchie, du vol de voitures, le braquage de boutiques en pleine journée et le cambriolage des maisons. Même aux pires moments de la guerre civile, les infractions n’avaient jamais pris une telle ampleur. Cela a poussé les commerçants de la ville de Baalbeck à déclarer la grève, en quête de sécurité et de protection de l’État. Certaines personnes influentes ont repris la culture et le trafic de drogue dans une société conservatrice qui est restée longtemps à l’abri de la consommation, malgré une production permanente dans la région
Abstraction faite des familles dont les revenus sont assurés par l’un des membres occupant une fonction publique ou par des proches travaillant à l’étranger, le reste des habitants de la région est laissé à la merci de la pauvreté, du chômage et des mauvaises récoltes. Par contre, une partie des cadres politiques et religieux du Hezbollah bénéficient de revenus importants, d’une assurance médicale, de frais couvrant la scolarité de leurs enfants et mènent par ailleurs une vie aisée à tous les niveaux.
Les partisans chiites du Hezbollah considéraient que le renversement du gouvernement de Hariri serait une victoire de plus, permettant au parti d’enterrer le Tribunal spécial pour le Liban et d’atteindre certains objectifs ayant trait à leurs conditions de vie qui, selon le Hezbollah, étaient sciemment négligées par les gouvernements successifs. Cependant, la réalité fut tout autre : les raisons utilisées pour inciter les foules à manifester contre le gouvernement n’étaient que des prétextes politiques. L’élite a fini par se rendre compte que la puissance du Hezbollah se heurtait à des limites inéluctables, qu’il s’agisse de la résistance contre Israël ou de la situation économique arabe et internationale. En effet, le tribunal international a été financé avec la résignation, voire le consentement du Hezbollah et les conditions de vie demeurent aussi mauvaises qu’auparavant, voire pire.
Les événements du printemps arabe soutenus par les pays occidentaux, la montée en vigueur de l’islam politique sunnite et ses références à la démocratie et à l’état civil ont montré que les velléités chiites de voir les Arabes unir leur voix à celle de l’Iran et du Hezbollah dans leur lutte contre Israël n’étaient qu’illusoires.
Huit ans durant, le Hezbollah a dépeint la Syrie comme étant l’artère du parti et son poumon, pour justifier son allégeance au régime syrien, et ce au grand dam d’un grand nombre de Libanais. Cependant, la crise syrienne et l’éventuelle chute du régime ont poussé de nombreux chiites à perdre confiance et à appréhender l’avenir. Au lieu que l’unification de l’oumma et la résistance ne soient au centre de leurs discussions, les chiites se soucient désormais du sort des minorités après le printemps arabe.
Il est indéniable que le Hezbollah possède de vaillants combattants et un arsenal d’armes dont l’efficacité restera garantie bien après la chute du régime syrien. Cependant, tout éventuel conflit armé est d’emblée voué à l’échec. Sur le plan interne, l’accès au pouvoir et la prise de décision se sont avérés être un véritable fardeau, tant pour le Hezbollah que pour ses partisans. Sur le plan régional, le parti souffre, depuis le début du printemps arabe et de la crise syrienne, d’un isolement arabe populaire et officiel. Par conséquent, son implication dans toute confrontation militaire menée par les pays occidentaux et Israël contre la République islamique constitue un réel danger quant au sort du Liban en général et de la communauté chiite en particulier. C’est cette promesse que sayyed Nasrallah a faite dans son dernier discours, comme gage de loyauté à l’Iran. « Comment rembourser une dette ou un soutien qui nous a permis de libérer notre terre et qui a fait de l’Iran une puissance régionale ? »
n’est donc pas la question qui se pose sur la scène chiite. La véritable question à laquelle le Hezbollah devrait répondre est celle posée au tout début de cet article. Malgré le refus de certains de voir cette réalité, il existe une alternative honorable qui protégerait réellement la communauté chiite.

 

Harès SLEIMAN
Membre du Renouveau
démocratique, membre de la Coalition civile libanaise (CCL)

Les conditions de vie des citoyens dans la région de Baalbeck-Hermel se sont détériorées en raison de la rareté des opportunités de travail, de l’impossibilité d’écouler la production agricole à des prix rentables et des pertes considérables ayant résulté de l’élevage des volailles, qui ont par ailleurs abouti à la fermeture de 70 % des fermes. De même l’importation de...

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