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Moyen Orient et Monde - Le billet

Julia, le misogyne et le dico

Début octobre, la Première ministre australienne, Julia Gillard a vertement tancé le leader de l'opposition Tony Abbott, égrénant quantité d'exemples sur sa "misogynie" et son "sexisme", lors d'une tirade de 15 minutes devant le parlement. Archives Reuters

Julia Gillard était dans le pétrin. Le président de la Chambre, qu’elle avait ravi à l’opposition, s’était fait choper en train d’envoyer des messages salaces à un employé homo. Peter Slipper n’avait pas fait dans la dentelle, jouant de la métaphore bivalve pour évoquer les organes sexuels féminins. L’affaire remontait à avril. Six mois plus tard, il fallait trancher. Lâcher Slipper, c’était, pour la Première ministre australienne et rousse, perdre un atout pour garder la majorité au Parlement. Le soutenir n’était pas une option. Sous pression, Slipper avait eu le bon goût, une fois n’était pas coutume, de démissionner le 9 octobre, alors même qu’une motion de censure appelant à sa démission déposée par le chef de l’opposition, Tony Abbott, avait été rejetée par la Chambre à une voix près.

En tant que chef de l’opposition, Abbott se devait de ramener sa fraise. Il ne faisait que son boulot finalement. Mais sur ce dossier, il l’avait ramenée en accusant Julia de soutenir Slipper et, par transitivité, de faire preuve de sexisme.

Abbott, Julia l’avait dans le collimateur depuis un moment déjà. Mais qu’un rustre rétrograde l’accuse de sexisme lui restait totalement en travers de la gorge.

Abbott, c’est Slipper qui lui restait en travers de la gorge. Un traître, une taupe, un félon qui l’avait lâché, lui, Abbott, big boss de l’opposition, pour rejoindre le camp adverse, incarné par une femme, une politicienne, pas mariée, sans enfant et rousse. Et qui n’arrêtait pas de perdre ses pompes en public. Salaud.
Avec l’affaire des messages salaces, Abbott tenait sa vengeance, pas tant sur Slipper, déjà enterré, que sur la grande rousse, qui lui avait volé celui qui fut un jour un ami.

« Chaque jour où la Première ministre vient devant ce Parlement défendre ce président (Slipper) sera un autre jour de honte pour ce Parlement, un autre jour de honte pour un gouvernement qui aurait déjà dû mourir de honte », dit Abbott.

Quelques jours plus tôt, un célèbre animateur radio connu pour sa proximité avec l’opposition avait déclaré, lors d’un dîner public, que le père de Julia, récemment décédé, était « mort de honte » à cause de sa fille. Quand Abbott lui rejoua le coup de la honte, Julia décida qu’il était temps de porter l’estocade. La mise à mort aurait lieu dans l’arène du Parlement, en public, lors de la prochaine session.

Le jour venu, elle prit le temps de choisir sa tenue. Elle opta pour un pantalon qui la réconfortait, une veste qui en jetait et des chaussures noires qui ne risquaient pas de se faire la belle.

Au Parlement, quand elle se leva pour prendre la parole, elle eut le genou mou. Trop à dire, trop de colère, trop d’émotion.
« Je m’élève, ici, contre la motion présentée par le chef de l’opposition. Et ce faisant, je dis au leader de l’opposition que je ne recevrai pas de leçons sur le sexisme et la misogynie de cet homme. Pas question », dit-elle en pointant du doigt Abbott, qui se tenait à deux mètres.
Elle vit que son doigt tremblait légèrement. Ça la mit en rogne, elle se ressaisit.

« Le chef de l’opposition dit que les gens qui tiennent des propos sexistes et misogynes ne conviennent pas à de hautes fonctions. Eh bien, j’espère que le chef de l’opposition a un bout de papier et qu’il écrit sa propre démission parce que s’il veut savoir à quoi ressemble la misogynie dans l’Australie moderne, il n’a pas besoin d’une motion à la Chambre des représentants, il a besoin d’un miroir. »
Julia reprenait du poil de la bête. Sur la feuille blanche devant elle, pas de phrase, quelques dates, suffisant pour mettre à genoux le mufle.

Dans une première passe, elle rappela les propos tenus par Abbott lors d’une discussion sur la sous-représentation des femmes en politique en Australie : « S’il est vrai que les hommes ont plus de pouvoir, en général, que les femmes, est-ce une chose mauvaise ? »
En face, Abbott souriait, l’air bravache.

Elle l’attira vers une autre citation : « Que faire si les hommes sont physiologiquement et de tempérament plus aptes à l’exercice de l’autorité et à donner des ordres ? »
En face, le sourire d’Abbott s’était figé.

Changement de pied. Elle se rapprocha, le moment était venu de le travailler au corps. « Je suis personnellement offensée quand le chef de l’opposition, en tant que ministre de la Santé, dit, et je cite: “L’avortement est une solution de facilité”. » « Je suis très offensée, au nom des femmes d’Australie, quand Abbott dit : “Ce que les femmes au foyer d’Australie doivent comprendre quand elles font le repassage...” »
Elle ne le regardait même plus. Abbott ne bougeait pas, il semblait respirer difficilement.

Alors, elle enchaîna les passes. « Je suis personnellement offensée quand Abbott dit : “Si la Première ministre veut faire d’elle une honnête femme” ». « Je suis personnellement offensée quand il pose à côté d’une pancarte où l’on peut lire “Enterrez la sorcière”. ». Je suis personnellement offensée quand il pose à côté d’une pancarte où l’on peut lire “Elle est la chienne d’un homme”. »
Abbott regarda sa montre. Julia sut qu’était venu le moment de conclure.

« Misogynie, sexisme, tous les jours, de la part du chef de l’opposition. Tous les jours, de toutes les manières possibles. Le chef de l’opposition devrait sérieusement réfléchir au rôle de la femme dans la vie publique et dans la société australienne car nous méritons un meilleur niveau que ça. »

Puis elle se tut. Autour d’elle, il lui sembla entendre des bravos, étouffés par la fatigue qui venait de s’abattre sur elle après ces 15 minutes de combat.

Le lendemain, l’opposition se mit à pinailler en mode sémantique sur la définition de « misogynie » s’appuyant sur la définition du Macquarie, dico référence en Australie, qui résumait la misogynie à la « haine des femmes ».

Quelques jours plus tard, le Macquarie revoyait sa définition de « misogynie » et y ajoutait la « notion de préjugé ancré contre les femmes ».

 

 

(La colère de Julia, avec l'accent, est ici)

Julia Gillard était dans le pétrin. Le président de la Chambre, qu’elle avait ravi à l’opposition, s’était fait choper en train d’envoyer des messages salaces à un employé homo. Peter Slipper n’avait pas fait dans la dentelle, jouant de la métaphore bivalve pour évoquer les organes sexuels féminins. L’affaire remontait à avril. Six mois plus tard, il fallait...

commentaires (3)

L’égalité et l’équité dans ce monde Misogyne inique, ne sont que des Madones aux yeux bandés vêtues de probité candide ; et force est de constater que ces Immaculées ne sont pas à la hauteur de leur redoutable mission. Ce qui permet de suggérer : "Vérité au delà de la Misogynie ! Infamie en deçà !". Si l’on examine donc de prés, sous divers angles, les multiples facettes de cette suspicion qu’ont les différents Misogynes à l’égard des saintes Saines, on peut dire que l’un des facteurs les plus susceptibles d’altérer profondément cette Saine Lutte pour l'égalité et l’équité entre hommes et femmes est l’intrusion enflammée de l’opinion définitivement "Malsaine" de ces Misogynes-là dans cette histoire ! Ce qui signifie que, même si l’on ne répugne jamais à faire part, et parfois avec quelle ! véhémence, d’un sentiment personnel au moins lui Sain, il est temps que ces "Vicieux" misogynes admettent enfin que la conjugaison de ce si grand nombre "d’opinions! Malsaines" pareilles émanant de leur part ne produit généralement et inévitablement qu’un argument absolument inique, disgusting et définitivement "Infâme" à leur image. D’ailleurs : "La Malsanité engendre l’opinion Misogyne, et c’est surtout quand l’opinion Misogyne se transforme en conviction qu’elle devient Calamiteuse" !

Antoine-Serge KARAMAOUN

04 h 54, le 19 octobre 2012

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Commentaires (3)

  • L’égalité et l’équité dans ce monde Misogyne inique, ne sont que des Madones aux yeux bandés vêtues de probité candide ; et force est de constater que ces Immaculées ne sont pas à la hauteur de leur redoutable mission. Ce qui permet de suggérer : "Vérité au delà de la Misogynie ! Infamie en deçà !". Si l’on examine donc de prés, sous divers angles, les multiples facettes de cette suspicion qu’ont les différents Misogynes à l’égard des saintes Saines, on peut dire que l’un des facteurs les plus susceptibles d’altérer profondément cette Saine Lutte pour l'égalité et l’équité entre hommes et femmes est l’intrusion enflammée de l’opinion définitivement "Malsaine" de ces Misogynes-là dans cette histoire ! Ce qui signifie que, même si l’on ne répugne jamais à faire part, et parfois avec quelle ! véhémence, d’un sentiment personnel au moins lui Sain, il est temps que ces "Vicieux" misogynes admettent enfin que la conjugaison de ce si grand nombre "d’opinions! Malsaines" pareilles émanant de leur part ne produit généralement et inévitablement qu’un argument absolument inique, disgusting et définitivement "Infâme" à leur image. D’ailleurs : "La Malsanité engendre l’opinion Misogyne, et c’est surtout quand l’opinion Misogyne se transforme en conviction qu’elle devient Calamiteuse" !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    04 h 54, le 19 octobre 2012

  • Une "Iron Lady from Down Under" la Julia! Et comme elle ressemble à Jodie Foster, vous ne trouvez pas?

    Georges MELKI

    04 h 42, le 19 octobre 2012

  • C'est un slipper kangourou!

    GEDEON Christian

    19 h 38, le 18 octobre 2012

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