Parti élire un nouveau pape, le patriarche Raï est rentré hier de Rome, mission accomplie, pour renouer avec les préoccupations politiques lancinantes du pays. À son arrivée à Beyrouth, le chef de l’Église maronite a été assailli de questions portant sur la loi électorale ; un sujet dont il s’était entretenu dans la capitale romaine avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Premier ministre, Nagib Mikati, venus assister à la cérémonie d’intronisation du nouveau pape.
Des réponses apportées par le patriarche aux journalistes, il ressort d’abord que le siège patriarcal de Bkerké « n’a pas de préférences pour une loi sur une autre ».
« En tant qu’Église, nous exerçons un discernement, mais nous ne nous occupons pas des détails. C’est l’affaire des hommes politiques. Bkerké n’appuie aucun projet de loi électorale précis, mais appuie tout projet sur lequel s’accordent les Libanais », a affirmé le cardinal Béchara Raï.
« Nous accordons notre bénédiction à tout ce qui n’est pas loi de 1960 », a encore dit le patriarche, pour signifier le rejet catégorique de cette loi par le siège patriarcal maronite; une loi pourtant toujours en vigueur, en l’absence d’un nouveau texte qui la remplacerait.
Les projets examinés à Rome n’étaient pas nouveaux, a précisé l’homme de religion. Le projet défendu par Nabih Berry est publiquement débattu. M. Berry souhaite l’adoption d’une loi où la moitié des députés serait élue à la proportionnelle, l’autre au scrutin majoritaire.
Le patriarche Béchara Raï se rendra ce matin à Baabda pour informer le chef de l’État de la teneur de ses entretiens avec Nagib Mikati et Nabih Berry à Rome, a-t-on appris hier soir. Par ailleurs, on confirme de même source qu’il présidera, dans les 24 heures, des assises politiques chrétiennes restreintes à Bkerké.
« Le pape, une grande espérance pour l’Orient »
Par ailleurs, avant son retour à Beyrouth, le patriarche a accordé un entretien à Radio-Vatican dans lequel il affirme que le nouveau pape, François, est « une grande espérance pour l’Orient ».
Le cardinal, qui a vécu les 12 et 13 mars son premier conclave – il a été créé cardinal par Benoît XVI le 24 décembre dernier –, a confié ses impressions au micro de la station vaticane. Le discernement, explique-t-il, s’est joué « dans la prière, dans la consultation, dans le suffrage (...) nous sommes arrivés à la personne voulue, selon notre foi, par le Seigneur même ».
Il raconte qu’au début des congrégations générales – le « préconclave » –, un cardinal avait pris la parole en disant : « Écoutez mes chers confrères, le Saint Esprit a déjà élu le candidat. Il est parmi nous. Nous, nous devons le trouver. »
Vraiment, estime le cardinal Raï, « nous avons vécu cette expérience... ». Je me demandais « pourquoi lui ? Pourquoi pas un autre ? » car beaucoup de cardinaux étaient magnifiques, de grandes personnalités, et ils ont eu quelques voix aussi. Mais une fois élu, je me suis dit : « Voilà, ça ne peut être que lui. »
Le cardinal, qui a lui-même étudié chez les jésuites, ajoute qu’il « aime les jésuites » et les « respecte ».
Et même si le pape vient d’Argentine, « dans l’Église, il n’y a plus de distance », fait-il observer : « Argentine, Liban, Hong Kong, Italie, Alaska... nous sommes le corps du Christ. » Le pape François « est proche de chacun de nous et il sait être proche de chacun : dès sa première apparition, il s’est fait proche de tout le monde ».
Une figure vénérée
Le cardinal Raï fait part de la réaction des Orientaux : « Une joie énorme a rempli les cœurs partout dans le monde, nous avons reçu tant de messages de l’Orient, de chrétiens et de musulmans. Nos gens respectent beaucoup la personne du pape, quelle qu’elle soit, et vénèrent beaucoup la personne du pape ». Cette élection, poursuit-il, « a donné une grande espérance pour notre peuple en Orient », un peuple qui « regarde toujours vers le Saint-Siège pour implorer la paix, demander la justice, pour que les guerres se terminent ».
Aujourd’hui, « nous vivons une période très critique au Moyen-Orient, et nous regardons toujours vers le Saint-Siège », souligne le cardinal qui précise qu’il exprimera « toutes ces attentes » au nouveau pape.
En outre, le cardinal se réjouit : le pape François « connaît de près notre communauté libanaise et maronite en Argentine. Quand je l’ai salué le premier jour, il m’a parlé de certains détails : ça fait plaisir, il connaît notre communauté, nos problèmes aussi. Cela me donne beaucoup d’espoir que ce pape pourra faire beaucoup ».
Retrouvez les autres rencontres de notre série dans notre dossier spécial : Les électeurs libanais ont la parole
commentaires (4)
La loi Orthodoxe: Une loi de plus qui opprimera la femme libanaise. l'épouse est inscrite sur les mêmes registres électoraux que son mari . Donc avec cette loi Orthodoxe: Si l'épouse est musulmane, si son mari est chrétien....elle devra voter pour un candidat chrétien,comme le veut la loi orthodoxe . Parce qu'elle doit suivre son mari qui lui, est obligé de voter "chrétien"..!!!!... Et réciproquement si le mari est musulman et l'épouse chrétienne... !!!! est cela l'émancipation des femmes Y a général Aoun????
Amal el KHOURY
15 h 35, le 22 mars 2013