Tout commence normalement par l’exposé de la sortie de crise proposée par l’ancien Premier ministre, dont les grandes lignes figuraient sur un papier placé devant lui. Mais très vite les choses dérapent. Une source proche du 8 Mars se demande ainsi comment M. Hariri prévoit d’inclure la déclaration de Baabda dans la Constitution, alors que celle-ci prône la politique de dissociation à l’égard de la crise syrienne ? D’ailleurs, dans le courant de l’interview, relève la source du 8 Mars, l’ancien Premier ministre critique violemment la politique de dissociation menée par le Premier ministre actuel et revendique ses liens avec l’opposition syrienne. Et lorsque son interlocuteur, Marcel Ghanem, lui rappelle que cette politique a été saluée même par le Premier ministre turc, M. Hariri a tourné en dérision ce satisfecit. Il a, de plus, répété à plusieurs reprises que s’il était à la tête du gouvernement aujourd’hui, tout serait différent. Mais, selon la source du 8 Mars, il faut se demander en quoi ce serait différent et si cette différence éventuelle serait dans l’intérêt des Libanais.
À part donc appuyer ouvertement l’opposition syrienne (ce qui pourrait plonger le pays dans la guerre civile en raison de la division interne sur ce dossier), que ferait donc M. Hariri sur le plan administratif de plus que l’actuel Premier ministre Nagib Mikati, qui a préservé l’équipe du courant du Futur au sein des FSI et des services de sécurité, tout comme il a maintenu à son poste le procureur général proche du courant du Futur Saïd Mirza, passé depuis à la retraite et devenu conseiller spécial de Mikati au Sérail ? s’interroge la source précitée qui ajoute : « Que ferait aussi de plus M. Hariri sur le plan du Tribunal spécial pour le Liban, puisque Nagib Mikati a toujours veillé à assurer le versement de la part du Liban dans le financement ? M. Hariri a affirmé dans son entretien télévisé qu’il veillerait à présenter les quatre suspects membres du Hezbollah devant la justice, mais il n’a pas précisé comment il comptait s’y prendre... »
Et la même source de poursuivre : « Dans ce même entretien, M. Hariri a aussi évoqué à maintes reprises l’éviction de son gouvernement au moment où il était reçu à la Maison-Blanche, montrant aux téléspectateurs qu’il n’a pas encore digéré cet événement et qu’à ses yeux, la bataille entre lui et Mikati a un aspect personnel. »
Quant à ses propositions pour les élections, elles trouveront leurs réponses au sein de la sous-commission parlementaire qui a repris ses travaux depuis hier, maintenant qu’un projet de loi en bonne et due forme a été présenté. Il faut simplement signaler que son idée de procéder à l’élection d’un Sénat, en simultanéité avec les élections législatives, est complètement à côté de l’esprit de Taëf, qu’il revendique pourtant en permanence, en tant qu’héritier de son père Rafic, lui-même un des pères de cet accord. En effet, à Taëf, il a été convenu de créer un Sénat regroupant les représentants des différentes communautés dans le but d’absorber la situation confessionnelle et de la concentrer au Sénat, pour dégager le Parlement qui serait, lui, formé sur une base nationale. Or le projet de M. Hariri prévoit la double élection sur des bases confessionnelles, ainsi que l’abandon de tout projet de former la commission nationale pour l’abolition du confessionnalisme. On est loin de l’idée de base qui visait à déconfessionnaliser progressivement les institutions.
Selon la source du 8 Mars, M. Hariri semble aussi avoir oublié son slogan des précédentes élections qui se résumait en deux points : « Liban d’abord » et « édification d’un État face au mini-État du Hezbollah ». Ce n’est donc plus aujourd’hui « Liban d’abord », mais « Syrie d’abord » et « chute du régime » avant tout. Tous les projets, les discours et les paris du courant du Futur reposent en effet sur la chute du régime syrien et tous ses efforts sont concentrés dans ce but. C’est ainsi qu’au cours des derniers événements de Ersal, on constate que les membres de l’Armée Libre de Syrie circulent librement dans cette localité alors que les soldats de l’armée y sont poursuivis et font l’objet d’agressions sauvages. En même temps, des voix au sein du courant du Futur s’élèvent pour fustiger l’armée, un peu comme cela s’est passé au Akkar, après la mort de cheikh Abdel Wahed et de son compagnon. Les partisans de certains députés membres du bloc du Futur s’étaient alors mis à arrêter les autobus pour voir s’ils transportaient des soldats et ceux-ci ont été contraints pendant une dizaine de jours de circuler en civil dans toute la région. Un parti qui défend les institutions de l’État peut-il se permettre de contester l’autorité de l’une de ses institutions, à savoir l’armée, et de chercher à la décrédibiliser ? En même temps, un parti qui se veut un défenseur de la souveraineté libanaise peut-il se permettre de brandir les drapeaux de la révolution syrienne dans tous ses meetings et même lorsqu’il décide de prendre d’assaut le Sérail gouvernemental, une autre institution étatique ?
En face de M. Hariri, poursuit la source du 8 Mars, il y a un homme qui a été désigné à la tête du gouvernement dans les pires conditions et il a réussi à sa manière discrète à dénouer un à un les nœuds posés sur son chemin, parvenant à maintenir un minimum de stabilité sécuritaire, malgré les secousses. La source précitée reconnaît que le 8 Mars aurait beaucoup de critiques à formuler contre l’attitude de Nagib Mikati, mais il ne peut que s’incliner devant son habileté, son endurance et sa capacité à arrondir les angles sur le plan interne et sur le double plan régional et international...
commentaires (5)
5- Quand a la proposition concernant Sénat, il est a 100% dans l'esprit de Taef qu'il défend et a clairement notifié que s'il est nécessaire, pour rassurer ses alliés, il y aurait un léger amendement de la constitution qui permettrait de le faire. De plus il y a totale désinformation quand a la confessionnalisation de la loi électorale qu'il a proposé. En fait c'est la majorité requise qui les effraient sachant qu'ils l'ont perdu depuis belle lurette. 6- De par la chute du régime Syrien les intérêts du Liban sont servis d'abord. Il est clair que le chameau ne voit pas sa bosse et attaque sur un terrain ou il aurait mieux fait de se tenir coi! 7- Le Futur a réclamer des habitants de Ersal de livrer les criminels et de laisser l’armée faire son travail a travers la justice. Le Hezbollah a-t-l fait idem avec les assassin de Hariri et tous les autres? 8- Les adeptes de Shoukran Souria devraient avoir honte comme ils nous donnent hontes de les avoir pour concitoyens y compris M. Mikati qui pour des raisons de petites politiques politiciennes a pris les rennes du pouvoir illégitimement a travers un coup d’état qui en a fait un suppôt de l'Iran et a conduit le pays au bord du gouffre. Ce sera bientôt terminé de tous ces polichinelles.
Pierre Hadjigeorgiou
07 h 43, le 06 février 2013