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Liban

Le prince des villes

Bien sûr, il y a sa noblesse. Sa droiture. Son style : classieux. Bien sûr, il y a sa probité, son honnêteté, sa décence, métalliques tellement il les poussait à l’extrême. Incorruptible. Pas parce que les dollars lui souriaient, qu’il n’avait besoin de rien, mais par principe. Pire : par concept. Des hommes politiques au moins aussi fortunés que lui pillent, se gavent, infiniment. Il y a son élégance, son écoute, sa politesse, sa connaissance parfaite de lui-même. Oxfordien (Lui : tu te moques, tu n’aimes pas les Anglais. Moi : mais si, j’adore les manoirs écossais. Lui : hantés, naturellement !). Bien sûr, il y a sa pudeur, fragile et titanesque ; elle lui jouait parfois de drôles de tours. Son intransigeance (Moi : Rafic Hariri va avoir une apoplexie en plein hémicycle, tu es très dur. Lui : ce que je refuse à M. Hariri, je l’ai refusé à M. Hoss...). Son attachement viscéral à ce mot suranné qu’il place au-dessus de tout : valeurs (Lui : tu ne m’as jamais habitué à autant de compliments. Moi : attends, ça va bientôt virer...). Le résultat est rarissime : l’homme privé et l’homme public ne font qu’un, un individu tellement gavé de convictions et d’idéaux, tellement sans compromis(sions) qu’il s’est mis hors cadre, hors normes, hors sujet ; un gentleman-sportif qui a choisi ce qui est devenu le plus sale, le plus vulgaire et le plus bête des terrains de jeu : la politique libanaise (Lui : comment tu as trouvé mon communiqué sur le Hezbollah ? Moi : pas assez dur. Lui : si, mais n’oublie pas qu’ils sont libanais, comme toi et moi). Il est albatros et dandy. Duc et forgeron. Et il souffre d’un grave handicap : il est convaincu que l’électeur en général, le Metniote en particulier, est pétri de maturité, de vivacité, d’intelligence, de grâce et de discernement, convaincu que ces gens de bien détestent toutes les formes de populisme ou du poujadisme ; tellement, que les gens prenaient, parfois, sa foi en eux pour de la froideur, du désintérêt, de l’orgueil démesuré (c’était un 27 février 2005 au soir, place des Martyrs. Lui : tu le penses, vraiment ? Tu penses qu’ils ont envie de m’écouter ? Moi : oui, monte sur cette estrade et tu verras). Sa harangue improvisée a fait, ce soir-là, un tabac... Il n’est pas un marchand de rêves, lui, il ne vend pas de la poudre de perlimpinpin dans les BIEL ou devant des forêts de micros ; lui, c’est réalisateur de rêves qu’il veut être, il dit : J’essaie simplement de démystifier certains problèmes, de faire en sorte de rendre les rêves que les Libanais ont en commun réalisables, de mettre l’accent sur leur faisabilité. Il trouve que la jeunesse est trop contestataire, pas assez engagée et dynamique ; il veut politiser les jeunes, leur donner l’accès au pouvoir, les sortir des manifestations et les inclure dans les prises de décision. Il aurait fait un formidable président de la République, l’epsilon de Chéhab, Chamoun, Sarkis, et de Raymond Eddé (Moi : un Zorro ! Lui : sûrement pas. Un anti-Zorro, un anti-homme providentiel, un anti-deus ex machina...). Nassib Lahoud s’en est allé sur son cheval blanc, Lucky Luke du IIIe millénaire (Moi : le cow-boy justicier solitaire en chasse contre tous les Daltons ? Lui : il est mon héros de jeunesse préféré...), en train de faire rire les anges et les elfes, les cieux et les fées (Moi : qu’est-ce qui fait pleurer les blondes ? Lui : les rides ?) et leur apprendre, entre deux sourires ou deux thés ou deux verres de cognac, à sacraliser, même entre eux, à sanctuariser la démocratie et les libertés, l’État de droit et la loi, le beau et le bon, la pugnacité et l’intelligence, à refuser l’attentisme et les idoles et à s’intéresser, même entre eux, même en haut, même sur les clouds, à la chose publique. Mille chevaux d’écume le suivent. Et l’envolent.
Bien sûr, il y a sa noblesse. Sa droiture. Son style : classieux. Bien sûr, il y a sa probité, son honnêteté, sa décence, métalliques tellement il les poussait à l’extrême. Incorruptible. Pas parce que les dollars lui souriaient, qu’il n’avait besoin de rien, mais par principe. Pire : par concept. Des hommes politiques au moins aussi fortunés que lui pillent, se gavent,...

commentaires (16)

Texte de M Jabbour, revu et corrigé, par souci de vraisemblance. Oui , il est là , il existe , il domine par son sectarisme, ses électeurs sont vaincus par ses mensonges, son passé peu honorable de réfugié, sa sincérité tortueuse , son double langage inique , son pseudo programme , par le choix de ses dépités et de ses sinistres , par le choix de ses dossiers de fauteuils présidentiels et de ses priorités égoïstes , par son pouvoir de dire BON aux puissants financiers du golfe et d'ailleurs , par son talent de négociateur de fêtes foraines et d'homme colitique , par sa froidure , pour son combat pour la corruption , parce qu'il ne dit pas ce qu'il fait et ne fait "jamais" ce qu'il dit ... Et enfin , parce qu'il ignore la fierté des citoyens et leur vraie place dans cette République. J'essuie donc il existe des choses à nettoyer devant ma porte . RDV en 2013 pour la suite ... et la fin de mes fantasmes.

Paul-René Safa

18 h 41, le 03 février 2012

Tous les commentaires

Commentaires (16)

  • Texte de M Jabbour, revu et corrigé, par souci de vraisemblance. Oui , il est là , il existe , il domine par son sectarisme, ses électeurs sont vaincus par ses mensonges, son passé peu honorable de réfugié, sa sincérité tortueuse , son double langage inique , son pseudo programme , par le choix de ses dépités et de ses sinistres , par le choix de ses dossiers de fauteuils présidentiels et de ses priorités égoïstes , par son pouvoir de dire BON aux puissants financiers du golfe et d'ailleurs , par son talent de négociateur de fêtes foraines et d'homme colitique , par sa froidure , pour son combat pour la corruption , parce qu'il ne dit pas ce qu'il fait et ne fait "jamais" ce qu'il dit ... Et enfin , parce qu'il ignore la fierté des citoyens et leur vraie place dans cette République. J'essuie donc il existe des choses à nettoyer devant ma porte . RDV en 2013 pour la suite ... et la fin de mes fantasmes.

    Paul-René Safa

    18 h 41, le 03 février 2012

  • "Papa: Je vois qu'il y a des visiteurs qui arrivent, je vais donc me retirer. Lui: Mr. Chamoun, vous êtes aussi un de mes visiteurs." La classe. Paix à son âme.

    Tina Chamoun

    14 h 18, le 03 février 2012

  • Où voyez-vous un débat ICI Jabbour ? Vous (vous) débattez tout seul et contre vous-même avec votre GMA-CPL, et ce à la limite de la décence. Quant à savoir qui appauvrit les débats, regardez-vous mon vieux et essayez de réaliser que c'est bien vous qui plombez ce forum avec votre susceptibilité et votre fanatisme.

    Robert Malek

    11 h 07, le 03 février 2012

  • Sincères condoléances à sa famille et paix à son âme. Merci M. Ziyad Makhoul pour votre bel article. Marie José Malha

    Marie Jose Malha

    11 h 07, le 03 février 2012

  • - - @ Bélinda Ibrahim quelle grâce ... ! Mais de grâce , épargnez moi vos souffrances et vos larmes de crocodile ainsi que vos leçons de morale primaires ! Quand le coeur est triste et en deuil comme vous prétendez l'être madame , on respecte le silence et la mémoire du défunt , ce que vous ne faites pas avec votre réaction mal placée . Paix à son âme .

    JABBOUR André

    11 h 00, le 03 février 2012

  • M. Jabbour, de grâce, calmez votre ardeur. Un peu de respect vis-à-vis des morts! Gardez vos "3antarét" pour plus tard, vous qui avez renoncer à vos morts, à vos martyrs, et à vos révolutions! On l'attend impatiemment ce rdv 2013...Et rira bien qui rira le dernier! Citoyen Nassibiste

    Ghassan Khnaisser

    10 h 58, le 03 février 2012

  • Tres bel article sur un homme honnete. Paix a son ame.

    Michele Aoun

    09 h 47, le 03 février 2012

  • @ André Jabbour: de grâce, gardez votre "joker"pour vous et laissez-nous à notre tristesse...Ce témoignage est d'une beauté inégalee et d'une grande justesse...Permettez-nous de vivre notre deuil et pour une fois montrez-vous décent...Il m'arrive de temps en temps de lire les réactions aux articles sur Internet et je tombe immanquablement sur vos propos qui tournent toujours autour du même pot: faire la promotion de votre champion ! Votre commentaire d'aujourd'hui est un "spam" qui ne trouve pas sa place dans cet espace où le chevaleresque est roi... Ce n'est pas par hasard que l'élite de nos hommes soit fauchée par la mort...La politique "propre" tue ses adeptes. Par attentat ou par maladie...Ne survivent que ceux qui sont immunisés contre la racaille ou ceux qui en font partie...Nassib Lahoud est "immense" pour un Liban qui ne le mérite pas...Ce qui est sûr, en revanche,c'est que nous avons les dirigeants que nous méritons.

    Ibrahim Bélinda

    09 h 36, le 03 février 2012

  • "Il aurait fait un formidable président de la République". Le Liban vous regrette déjà et vous regrettra encore plus en 2014, car le régime Syrien ne sera plus là pour choisir lui même un président de la république pour le Liban. Reste à nous trouver un homme de votre envergure. Carlos Achkar

    carlos achkar

    08 h 40, le 03 février 2012

  • Nassib Lahoud un des rares hommes qui oeuvrait pour une démocratie inachevée dans un pays ou le Peuple est toujours introuvable . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    07 h 43, le 03 février 2012

  • - - Malek - C'est vous qui avez appauvri le débat ICI , par vos sorties de pistes fréquentes et inutiles en essayant de fuir la vérité et la réalité sur le terrain , par des noms d'oiseaux à gogo et sans arrêt , qui vous ont rendu pauvre , mais vraiment pauvre , sachant que vous pouvez faire mieux si vous le vouliez ..

    JABBOUR André

    06 h 06, le 03 février 2012

  • Pauvre Jabbour.

    Robert Malek

    04 h 41, le 03 février 2012

  • Très grande figure en effet que celle de ce prince du politique dommage que l'article comporte une grave hésitation d'écriture entre compromis et compromission tant Nassib Laoud était l'artisan du compromis sans compromission...

    Beauchard Jacques

    04 h 03, le 03 février 2012

  • Ah, les obsessions ! Elles font même les malheurs d'une nation.

    Halim Abou Chacra

    03 h 45, le 03 février 2012

  • - - Et pourtant , il est là , il existe , il domine par son charisme et par les urnes , ses électeurs sont convaincus par sa franchise , son passé honorable , sa sincérité , son langage unique , son programme , par le choix de ses députés et de ses ministres , par le choix de ses dossiers et de ses priorités , par son pouvoir de dire NON aux puissants financiers du golfe et d'ailleurs , par son talent de négociateur et d'homme politique , par sa droiture , pour son combat contre la corruption , parce qu'il dit ce qu'il fait et il fait " toujours " ce qu'il dit ... Et enfin , parce qu'il leur rend leur fierté et leur vraie place dans cette République de tAEF , dont le vrai nom est LIBAN . Je suis donc j'existe . RDV en 2013 pour la suite ..

    JABBOUR André

    01 h 56, le 03 février 2012

  • Quand on finit de lire ce portrait/témoignage sur Nassib Lahoud, le regard se tourne forcément vers la Place de l'étoile et on se dit : Qu'y avons-nous maintenant ? Il y a quelques figures dignes. Le reste ???... Sans commentaire.

    Halim Abou Chacra

    21 h 39, le 02 février 2012

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