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Liban - Sommet spirituel

La tonalité souverainiste de la réunion de Bkerké indispose les milieux chiites

Le communiqué final reconnaît au seul État libanais « le droit de libérer son territoire ».

Le patriarche Raï et le mufti Kabbani discutant du communiqué final. Photos Émile Eid

Un mot, un seul, a tout fait capoter. Le sommet spirituel de Bkerké, le second du genre en l'espace de trois ans, était pourtant parti sur de très bons augures. Et il s'est même terminé sans casse, du moins en apparence.
Ce n'est que plusieurs heures après la fin de la réunion et la publication du communiqué final qu'une voix (très) discordante s'est fait entendre du côté du Conseil supérieur chiite (CSC), instance spirituelle suprême de cette communauté.
L'objet principal du malentendu : le recours, dans le sixième point des constantes nationales évoquées par le sommet, à l'expression « État libanais » au lieu de « Liban » en parlant du « droit de libérer le territoire libanais occupé par Israël ».
La différence est énorme et résume le clivage majeur autour duquel s'articule depuis des années la vie politique libanaise. Pour le CSC, il était convenu que le sommet n'aborderait pas les grandes questions politiques litigieuses. Or l'instance chiite estime que le fait d'évoquer le droit de « l'État libanais » à libérer son territoire conduit à faire abstraction de celui de la « résistance » et donc à entrer dans le vif de la problématique politique. Par conséquent, il aurait mieux valu à ses yeux utiliser le mot « Liban », ce dernier supposant inclure la formule du « peuple, de l'armée et de la résistance ».
Mais le problème que ne relève pas le CSC est que, justement, cette option aussi peut être considérée comme étant à caractère polémique, puisqu'elle va à l'encontre du point de vue d'une grande partie des Libanais.
S'il faut tirer une leçon de cet incident, c'est qu'il est vain de croire, à la base, qu'un sommet spirituel comme celui de Bkerké puisse rester totalement en marge du conflit politique acerbe qui divise le pays.
Le CSC s'en prend également à un autre point du communiqué final, qui mentionne le conflit « israélo-palestinien », alors qu'il aurait préféré qu'on parlât du conflit « israélo-arabe ».
Affirmant que le texte préparé à l'avance était différent sur ces deux points de celui qui a finalement été discuté au cours de la réunion et adopté, l'instance chiite reproche au Comité du dialogue islamo-chrétien, dont la marque sur la teneur du communiqué final paraît évidente, de l'avoir en quelque sorte trompée.
Il reste à savoir pourquoi le vice-président du CSC, cheikh Abdel Amir Kabalan, qui a pris part au sommet de bout en bout et qui était donc confronté d'emblée à ce malentendu, a attendu des heures avant de manifester son hostilité et de se dire « non concerné par la teneur du texte final, surtout en son sixième point ».
Mais il n'y a pas que ce point qui donne une tonalité souverainiste au communiqué du sommet de Bkerké. Les chefs spirituels insistent par ailleurs sur la nécessité de respecter les engagements internationaux du Liban, d'éviter la politique des axes, de confier aux seules institutions de l'État le soin de régler les différends et aux seules forces armées légales celui de veiller au maintien de la sécurité, d'adopter une stratégie défensive pour permettre - là aussi - à l'État libanais de défendre sa souveraineté, etc. Et il insiste par ailleurs sur la « culture du dialogue » dans le règlement des différends politiques.
Ouvert par le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, le sommet a regroupé un très large éventail de communautés présentes sur le sol libanais, y compris copte et alaouite.

Un mot, un seul, a tout fait capoter. Le sommet spirituel de Bkerké, le second du genre en l'espace de trois ans, était pourtant parti sur de très bons augures. Et il s'est même terminé sans casse, du moins en apparence. Ce n'est que plusieurs heures après la fin de la réunion et la publication du communiqué final qu'une voix (très) discordante s'est fait entendre du côté du...

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