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Liban - Souvenir

Des dizaines de milliers de Libanais fidèles au rendez-vous, place des Martyrs

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont pris part hier à la manifestation commémorant le cinquième anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. 

Présent à travers ses partisans, Walid Joumblatt était le grand absent de la manifestation. Joseph Eid/AFP

Ils sont venus avec leurs drapeaux et leurs brassards, en famille, entre amis ou avec les camarades du parti. Du Nord, du Mont-Liban, de la Békaa, du Sud et de Beyrouth, ils ont convergé vers la place des Martyrs, pour commémorer comme chaque année l'anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et la naissance de la révolution du Cèdre. Ils ont démenti ainsi toutes les spéculations misant sur la démobilisation des partisans du 14 Mars et sur l'échec de l'événement.
S'ils ont pris la rue hier, c'est par fidélité à la mémoire de l'ancien Premier ministre et pour soutenir le chef du gouvernement Saad Hariri certes, mais aussi pour plusieurs autres raisons : ils ont voulu montrer qu'ils tiennent encore aux principes de la révolution du Cèdre, à la liberté, l'indépendance et la souveraineté du Liban, qu'ils veulent toujours édifier un État de droit, où tous les citoyens seront égaux devant la loi et où seule la troupe sera en charge des armes. Ils n'ont pas oublié les réalisations de l'intifada de l'indépendance, comme le retrait de l'armée syrienne du Liban et l'ouverture d'ambassades entre Damas et Beyrouth. Ils gardent en tête aussi que, malgré tout ce qui s'est passé au cours de ces cinq dernières années, ils ont remporté à deux reprises la majorité parlementaire.
Les personnes présentes place des Martyrs, hier, ne prenaient pas la rue pour la première fois. Toutes avaient participé aux manifestations qui avaient suivi en 2005 l'assassinat de l'ancien Premier ministre ou encore à celles qui avaient commémoré l'attentat, les années précédentes.
Halim a 23 ans, il porte un grand drapeau du PSP. Il est venu de Aley avec un ami. Les deux jeunes hommes avaient campé à la place des Martyrs, avec les étudiants des autres communautés, pour appeler au retrait syrien. « Malgré tout ce qui se passe actuellement, nous viendrons à chaque manifestation des forces du 14 Mars à la place des Martyrs car nous faisons parti de la révolution du Cèdre », dit-il.

« Le bey peut avoir ses raisons... »
Un peu plus loin, Raëf, de Choueifat, brandit également un étendard du PSP. Il est venu avec sa femme, ses enfants et sa belle-famille. « Depuis 2005, je manifeste pour défendre mon idée du Liban, un Liban libre, souverain et indépendant. Nous n'avons pas atteint tous nos objectifs, par exemple la dissolution de toutes les milices... même si le bey (le chef du PSP Walid Joumblatt) a sa propre opinion concernant l'adversaire », indique-t-il.
Raëf et Halim n'étaient pas les seuls manifestants du PSP venus à titre personnel à la place des Martyrs. Dans la foule, on distinguait plusieurs étendards du parti ainsi qu'un drapeau des cinq frontières propre à la communauté druze.
Fatima Soueid est venue de Saïda. Elle est au premier rang de l'assistance. La première fois qu'elle avait manifesté à Beyrouth, c'était le 14 mars 2005 et depuis, elle est fidèle à tous les rendez-vous du 14 février, « pour rendre hommage aux martyrs, avec à leur tête Rafic Hariri », dit-elle. Fatima avait pris part aussi aux enterrements de Gebran Tuéni et Pierre Gemayel. « En cinq ans, nous avons réalisé beaucoup de choses. Nous avons obligé l'armée syrienne à quitter le Liban, nous avons élu un président de la République, nous avons ouvert une ambassade en Syrie, et cheikh Saad travaille actuellement à mettre en place des relations d'égal à égal entre Beyrouth et Damas », martèle-t-elle
Fawzié et Hind Badran, originaires de Beyrouth, ne ratent plus aucun rendez-vous de la majorité, depuis l'enterrement de l'ancien Premier ministre, le 16 février 2005.
Les partisans des Forces libanaises, venus en masse à la place des Martyrs, tiennent des discours de résistants, parlent de dizaines d'années de luttes et de combats qui ont mené à la révolution du Cèdre.
Rabih et Nidal Matar, qui sont frère et sœur, soulignent qu'ils sont là pour « rendre hommage à tous les martyrs, à commencer par Bachir Gemayel ». « Et puis le mouvement du 14 Mars, c'est nous - les citoyens - qui l'avons déclenché », ajoute Nidal.
Cette idée est reprise par Zeina Ziadé, qui est venue avec son époux, Ziad Tarabey, de Tannourine. « C'est vrai que je soutiens les Forces libanaises, mais c'est grâce à moi, et grâce à chaque citoyen qui a pris la rue, qui a appelé à la liberté et au retrait syrien et qui a demandé à ce que la vérité soit faite sur l'assassinat de Rafic Hariri que cette révolution a pu avoir lieu », explique-t-elle.
« En 2005, j'étais presque tous les jours à la place des Martyrs, j'étais dans le camp des étudiants et j'étais plein d'espoir... Nous avons toujours des idées à défendre. Nous voulons un État de droit, un tracé des frontières avec la Syrie et une armée unie et forte ayant le monopole des armes au Liban », renchérit Ziad, son époux.

Le sang des martyrs
Élie est venu avec son épouse et ses deux enfants de Beit el-Chaar. Brandissant son drapeau FL, il affirme : « Nous sommes là pour prouver que tous ceux qui disent que la révolution du Cèdre n'est plus ont tort et pour montrer que le sang de nos martyrs, depuis 1975, n'a pas été vainement versé. »
Le sang des martyrs est une idée reprise par plusieurs partisans FL. Azizé et Samy sont venus de Kour, caza de Batroun, avec leurs trois enfants. « Mon frère est mort au début de la guerre en défendant le village », raconte Azizé. Elle se souvient aussi de la situation avant l'assassinat de Rafic Hariri : « On n'osait pas relever la tête. Nous étions emprisonnés et poursuivis par les services de renseignements, les Syriens étaient là... Et puis nous avons changé les choses. Nous avons gagné, mais il y a encore beaucoup à faire. »
Son époux pense surtout à tous ses camarades morts durant la guerre, « à tous ceux qui ont pris les armes et qui portent dans le corps les séquelles indélébiles de la guerre », indique-t-il. « Aujourd'hui, je marche vers la place des Martyrs pour tous mes camarades qui sont cloués sur des chaises roulantes parce qu'ils ont défendu la terre », dit-il.
Joseph Khoury est originaire de Abra, à l'est de Saïda. Il est venu avec sa femme Nada et ses trois enfants, dont l'aîné a 17 ans. Militant FL, il ne rate aucune manifestation depuis l'assassinat de Rafic Hariri. Il se souvient de la nuit du 28 au 29 février 2005, quand la foule avait dormi au centre-ville et quand, à l'aube, les manifestants avaient forcé les barricades. « Nous étions tous les cinq ici devant les barricades. Ma fille Joy, qui a aujourd'hui 6 ans, était en poussette et mon fils aîné avait 11 ans. Nous avions foncé vers les barricades. J'avais senti que nous étions en train de démolir les bases du régime syrien au Liban... Le gouvernement avait démissionné le jour même », se souvient-il.

La convivialité
Zeina est venu avec son époux et une amie à la place des Martyrs. Comme chaque année, elle est fidèle au rendez-vous. Elle brandit un drapeau rouge et blanc du Mouvement de l'indépendance de Michel Moawad. « Beaucoup de choses ont changé depuis février 2005. L'armée syrienne est partie et pour nous c'était un rêve inaccessible. Actuellement, nous essayons d'édifier un État », dit-elle. « Quand nous avions pris la rue en 2005, les personnes de toutes les communautés s'étaient spontanément unies autour d'un même slogan "liberté, souveraineté et indépendance" », ajoute-t-elle.
Et hier, pour rappeler cette convivialité et cette particularité du Liban, à midi 55 minutes, instant qui marque l'assassinat de l'ancien Premier ministre, trois artistes, Tania Kassis, Maan Zakaria et Rami Dandachi, ont entonné dans une merveilleuse harmonie l'Ave Maria sur fond d'Allah Akbar.
À la tribune, quatre speakers se relaient : le président des Kataëb, Amine Gemayel, l'ancien Premier ministre, Fouad Siniora, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et le chef du gouvernement, Saad Hariri. Ce dernier avait effectué deux bains de foule avant le meeting oratoire.
La manifestation se termine peu avant 13h30, la foule se disperse. Quelques manifestants s'attardent au pied de la statue des Martyrs, témoins silencieux de la révolution du Cèdre. 
Ils sont venus avec leurs drapeaux et leurs brassards, en famille, entre amis ou avec les camarades du parti. Du Nord, du Mont-Liban, de la Békaa, du Sud et de Beyrouth, ils ont convergé vers la place des Martyrs, pour commémorer comme chaque année l'anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et la naissance de la révolution du...

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