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Lifestyle

Épouse-moi

Elizabeth Taylor est une salope. Une grande, une très grande salope. Une salope pure, une vraie. Une hiératique salope. La tsarine des salopes. De ces insensées salopes qui ont pour nom Jeanne d'Arc. Ou Simone de Beauvoir. Ou Jane Fonda. Ou Aung San Suu Kyi. Ou Catherine Deneuve. Ou Simone Veil. De ces sublimes salopes qui n'hésitent pas à s'en aller en guerre contre une injustice, contre une méchanceté, contre un diktat, une oppression. Contre les lois débiles et la bêtise des hommes. Contre le laid. À coups de scandales. À coups de cœurs. À coups de souffles coupés. Elizabeth Taylor est une salope. Belle par-delà tous les rêves pornos. Richard Burton savait. Tous savaient. Ces yeux ! Ses yeux. Mais pas que : quand elle sourit un peu, en retroussant les lèvres un peu, féline beaucoup, prête au sang, prête au carnage, les cardiaques meurent. Un peu. Elizabeth Taylor est une salope : à une ou deux exceptions près, elle jouait comme une cruche. Sauf que c'était pour elle que les caméras bandaient comme jamais. Même Katharine Hepburn, la Marie Curie des actrices, ne faisait pas le poids. Suddenly Last Summer : tomber en amour. À vie. Tragiquement. La regarder, folle icône à pédés, le beau et friable Montgomery Clift à un bras, le macho queer Rock Hudson à l'autre et le renversant Jimmy Dean sur ses seins endiamantés, la Virginia-Woolf Taylor piétine une à une les discriminations, les lazzis, les quolibets, les petits fascismes du quotidien et rameute, queenesque, agrippée à sa Sharon Stone comme d'autres à leur déambulateur, toutes celles et tous ceux qui préféraient bavasser plutôt que d'agir. Elizabeth Taylor est une salope. Son petit nez retroussé est un long-métrage à lui seul. Son indolence - sa dangereuse indolence : son cinéma et sa vie sont siamois. At seventeen : elle expliquait qu'elle ne voyait pas comment elle pouvait se concentrer sur ses études alors que Robert, le mari premier du nom, n'arrêtait pas de fourrer sa langue dans sa bouche. Elizabeth Taylor est une salope. Une Constitution, un État-nation, un Temple. Une Libyenne, une Égyptienne, une Yéménite, une Syrienne, une Américaine, une Japonaise, une Amazon(ienn)e, une Terrienne. Voilà pourtant qu'elle s'en va. Voilà que son cœur, encore lui, son cœur tout doux, tout fou, tout blue, lâche. Richard et Michael sont happy. Monty, Jimmy, Rock et les autres aussi. Soit. Mais Elizabeth Taylor est une salope. Elles boivent du gin, elle et Greta Garbo. Reviens. Vite. Ici, c'est maintenant le désert : il n'y a plus de salope. Habibi.
Elizabeth Taylor est une salope. Une grande, une très grande salope. Une salope pure, une vraie. Une hiératique salope. La tsarine des salopes. De ces insensées salopes qui ont pour nom Jeanne d'Arc. Ou Simone de Beauvoir. Ou Jane Fonda. Ou Aung San Suu Kyi. Ou Catherine Deneuve. Ou Simone Veil. De ces sublimes salopes qui n'hésitent pas à s'en aller en guerre contre une injustice, contre...

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