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À La Une - Exécutif

Mariage civil : Sleiman insiste, Mikati botte en touche

Le Conseil des ministres s’est réuni hier à Baabda. À l’ordre du jour, une cinquantaine d’articles et la question du mariage civil, qui creuse l’écart entre le président et le Premier ministre.

Le président libanais Michel Sleiman et le Premier ministre Nagib Mikati, ici avant une réunion du Conseil des ministres le 29 janvier 2013, ne sont pas sur la même longueur d'onde concernant le mariage civil au Liban. Photo Dalati et Nohra.

Fort d’un soutien populaire grandissant pour la légalisation du mariage civil, qui s’exprime au quotidien sur les réseaux sociaux, le président Michel Sleiman a fait fi hier des « menaces » du mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, qui a interdit lundi la participation de tout responsable musulman à l’élaboration d’une législation à ce sujet.

 

Lors de la réunion du Conseil des ministres à Baabda, et malgré les réserves du Premier ministre Mikati, le chef de l’État a proposé divers arguments au projet de loi concernant le mariage civil facultatif, documents à l’appui.
Il a rappelé ainsi que ce dernier a été proposé en 1950, puis durant le mandat du président Élias Hraoui. Il a de même noté qu’« il fallait prendre en compte l’évolution de la pensée des jeunes Libanais, et traiter l’affaire de manière approfondie sans pour autant porter préjudice à quiconque ». « Le contrat du mariage civil est fondé sur la libre décision des intéressés », a affirmé le président. Il a souligné que « le fait de s’abstenir de soumettre tout projet aux institutions constitutionnelles s’opposait à l’esprit de l’accord de Taëf, d’où la nécessité de débattre des lacunes et des problématiques constitutionnelles. »


« La question des libertés fait partie intégrante du système démocratique, et la Constitution libanaise sacralise l’égalité, la justice sociale et la liberté d’opinion, tout comme le fait l’article 23 du Pacte international relatif aux droits civiques et politiques, auquel s’est joint le Liban en 1972 », a ajouté Michel Sleiman. « Tout comme j’ai franchement refusé le projet de loi électorale orthodoxe qui n’était pas dirigé contre les communautés chrétiennes, j’approuve le projet de légalisation du mariage civil qui n’est pas dirigé contre les communautés musulmanes », a-t-il ajouté. Le président a enfin demandé au ministre de l’Intérieur de s’assurer une nouvelle fois de la légalité du contrat de mariage de Khouloud Sukkariyeh et Nidal Darwiche, premier couple à s’être « marié » civilement au Liban, le 10 novembre 2012.


Le Premier ministre Nagib Mikati, qui s’était entretenu avant le début de la séance avec le président Sleiman, a salué les propos de ce dernier concernant le Pacte national et la Constitution, mais concernant le mariage civil, il a estimé qu’il « vaut mieux s’occuper à l’heure actuelle d’autres soucis et priorités, au lieu de plonger dans des sujets qui divisent ».


Le président Sleiman a évoqué, par ailleurs, sa récente visite en Russie, notant qu’« elle fut une occasion pour relancer les accords conclus entre les deux pays et débattre de l’affaire des réfugiés syriens, qui sera examinée (aujourd’hui) mercredi au congrès du Koweït ». Il a aussi rappelé la nécessité d’aboutir à une nouvelle loi électorale, et de former une commission indépendante pour superviser les législatives.

50 articles à l’ordre du jour
Cinquante articles étaient à l’ordre du jour de la séance d’hier, notamment la reconduction du contrat des deux compagnies de téléphonie mobile, alfa et touch. Le ministre de la Culture Gaby Layoun a indiqué, avant la séance, que « nous sommes devant deux alternatives concernant les compagnies de téléphonie mobile, soit il faudrait reconduire leur contrat, soit attribuer la gestion de l’administration des deux compagnies au ministère des Télécommunications ». Le ministre des Affaires sociales Waël Abou Faour a, pour sa part, déclaré que « la reconduction des contrats de ces compagnies dépendrait des discussions lors de la séance ». Finalement, les ministres ont décidé de proroger d’un mois les contrats des deux compagnies de téléphonie mobile au Liban.


Le Conseil des ministres a aussi décidé de charger le ministre de l’Intérieur de la signature d’un contrat d’achat d’une partie de la capacité du câble maritime entre Chypre, l’Égypte, et la France, et l’édification d’un câble maritime entre le Liban et Chypre. Les ministres ont enfin demandé à la commission ministérielle qui s’occupe du dossier des otages libanais en Syrie de prendre en charge l’affaire du détenu Georges Ibrahim Abdallah, en coopérant avec les autorités françaises.

 

 

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