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Le village préféré des Libanais - 2016

Le village préféré des Libanais : #10 Yammouné, d'herbe et d'eau fraîche...

Chaque année et pendant trois ans, les lecteurs de « L'Orient-Le Jour » au Liban et dans le monde voteront pour « Le village préféré des Libanais ». Un reportage écrit et une vidéo, chaque jour pendant dix jours, pour vous aider à choisir...

Vue générale de Yammouné, au pied du mont Makmel. Photo Nour Braidy

Sur le chemin vers Yammouné, les champs de haschich s'étendent à perte de vue. Il est difficile de ne pas penser à la crise du haschich qu'a connue cette localité de la Békaa en 2012. À l'époque, des clashs avaient éclaté entre des agriculteurs et les forces de l'ordre qui tentaient de détruire leurs champs, en application de la loi. Mais en vain.

Aujourd'hui encore, le cannabis est la source première de revenu des habitants de Yammouné. Il faut dire, à leur décharge, que les promesses de l'État d'assurer des ressources à cette localité et à d'autres de la région à partir de cultures alternatives sont restées lettre morte. Cependant, la terre de Yammouné recèle d'autres richesses, que le président du conseil municipal, Talal Chreif, entend bien mettre en valeur pour attirer les touristes.

Niché en contrebas du mont Makmel, le village s'étend sur une plaine qui, au loin, apparaît parsemée de maisons et d'arbres. Au fur et à mesure que l'on s'en approche, les points d'eau se dévoilent, nombreux. Ils donnent une fraîcheur particulière à l'atmosphère.
Les ruelles mal organisées confèrent un certain charme au village, bercé en permanence par le murmure de l'eau et dont les habitants, 1 500 au total, appartiennent tous à la famille Chreif. Ils vivent les uns chez les autres, les portes des maisons grandes ouvertes. Le point central de Yammouné est un petit lac entouré de peupliers qu'un vent léger caresse en permanence pour créer cette symphonie que seul le bruissement des feuilles peut composer. Le mot Yammouné vient d'ailleurs du mot yam qui signifie petit lac en syriaque.

 

 

 

 

Sirop de ribas et truites
Grâce au mont Makmel, où culmine le pic de Qornet el-Saouda, le plus élevé du Liban et du Moyen-Orient, plus de 40 sources d'eau irriguent Yammouné au moment de la fonte des neiges.
« Cette montagne est un réservoir d'eau ! » assure Talal Chreif. Installé dans son jardin, il respire à pleins poumons l'air pur alentour et se tait un moment pour écouter le bourdonnement de la petite rivière qui passe derrière lui. « L'eau est une richesse que Dieu nous a donnée. Contrairement aux autres villages de la Békaa, le nôtre abonde en eau. » C'est la rivière Arbaïne qui est la principale source de l'or bleu de la localité. Si l'hiver a été rude, l'eau jaillit des roches du mont Makmel de mars jusqu'en juin, sinon juillet.
À la source de l'Arbaïne se trouvait un temple romain qui a été détruit par les tremblements de terre successifs. Il y a quelques années, une statue de Vénus entourée de deux sphinx avait été mise au jour. Elle trône aujourd'hui au musée de Baalbeck. Dans un jardin public aménagé par la municipalité de Yammouné, certaines pierres repêchées ont été regroupées. « Mais malheureusement, le gouvernement ne nous a jamais aidés pour faire davantage », souligne M. Chreif.

Les habitants de Yammouné sont tous chiites à l'exception d'une famille chrétienne. Dans le village, une église et une mosquée se côtoient presque. Pour y accéder, il faut emprunter des petites ruelles où seul le vrombissement d'une vieille voiture vient troubler le silence. Ali Chreif habite juste à côté de l'église. « Elle fait partie de nous. Elle a pour nous la même valeur qu'une mosquée : nous l'entretenons, et le dimanche, elle est prête pour la messe », assure-t-il. C'est d'ailleurs sa fille qui en détient les clefs. « J'habite juste en face. Alors, lorsque les chrétiens viennent à l'occasion des fêtes, je leur sers du café et du jus », raconte-t-elle.

Dans toutes les cuisines des habitants de Yammouné, on prépare le même sirop qu'on sert aux visiteurs : le ribas. Il s'agit de la rhubarbe locale qui pousse en hiver dans le village.
Autre spécialité de Yammouné : la truite, élevée dans l'eau douce du village. Naji Chreif a construit son restaurant à l'ombre des arbres, à proximité d'un bassin où des truites de culture s'agitent avec langueur. « Je pêche le poisson dès que le client arrive, puis je le fais griller, j'ajoute du citron et il est prêt à être servi ! » explique, enjoué, le propriétaire du restaurant. « Nous sommes connus pour le poisson que nous servons, qu'il soit grillé, frit ou cuisiné en sayadiyé, le poisson est frais, il vient directement de la rivière. »
On trouve deux autres restaurants à Yammouné, ainsi qu'un hôtel. Et c'est de vendredi à dimanche qu'ils sont le plus fréquentés.

 

L'eau et le barrage
Ce sont la nature verte de Yammouné et son air pur qui attirent les touristes. Souvent, en été, le village est visité par des campeurs ou des randonneurs. Ces derniers font la marche jusqu'aux Cèdres ou même jusqu'à Aqoura, de l'autre côté de la montagne. « Moi je suis là été comme hiver. Lorsqu'on est bien équipé, c'est un pur bonheur que de s'installer devant la cheminée et de manger des châtaignes grillées », raconte le président du conseil municipal, le sourire aux lèvres. « Pendant l'été, je ne vais certainement pas préférer la vie à Beyrouth avec son air pollué et son brouhaha à la quiétude de mon village. »
Talal Chreif se décrit comme étant « un fils de tribu ». « Nous sommes généreux avec les invités et nous aidons sans hésiter ceux qui sont dans le besoin. » Pour que son village soit de plus en plus prisé par les touristes, Libanais ou autres, il a des idées plein la tête. Elles s'articulent toutes autour d'un projet majeur : le barrage de Yammouné.

« Il y a longtemps, se trouvait à Yammouné un énorme lac de 4 km de longueur et 2 km de largeur. Sous le mandat français, presque tous les villages voisins étaient désertiques. Les Français avaient alors décidé de creuser un tunnel pour acheminer l'eau du lac vers ces localités et les irriguer », explique-t-il. Selon lui, aujourd'hui encore, 42 villages de la Békaa vivent grâce à l'eau de Yammouné.
Mais depuis, le lac de Yammouné s'est asséché, et le gouvernement est aujourd'hui en train de construire un barrage qui doit être prêt en 2017. Tout autour, M. Chreif souhaite aménager des jardins et installer des caravanes équipées pour les campeurs qui pourront s'adonner à des activités nautiques.
La municipalité, de son côté, réhabilite un ancien moulin à eau. Sur ses vieilles pierres est gravée l'année 1902. Bientôt, il sera à nouveau fonctionnel ...

 

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Comment y accéder

Yammouné est à 35 km de Baalbeck, 120 km de Beyrouth et 20 km des Cèdres.
De Beyrouth, prendre la route de Damas jusqu'à Chtaura, puis direction nord vers Deir el-Ahmar.
Du Nord, prendre la route des Cèdres vers Aïnata et tout droit vers Yammouné.


À ne pas rater

Faire des randonnées et camper dans les environs du village.
Manger des truites d'élevage.
Goûter au sirop de Ribas.


Fiche technique

Nombre d'habitants : 5 000 en été et 1 500 en hiver
Altitude : 1 550 mètres
Président du conseil municipal : Talal Chreif, 03 227 669
Où dormir :
Hôtel Yammouné : 08 310 250
Où manger :
Restaurant Naji : 71 440 637
Restaurant Casion Yammouné : 76 689 600
Restaurant al-Bourj : 03 567 555
Climat : très froid en hiver. La neige peut atteindre les 2 mètres de hauteur. Frais en été.

 

 

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DES VILLAGES CHACUN AVEC SA BEAUTE PARTICULIERE. JE SUIS POUR TOUS...

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Commentaires (1)

  • DES VILLAGES CHACUN AVEC SA BEAUTE PARTICULIERE. JE SUIS POUR TOUS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 58, le 23 juillet 2016

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