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Nos Lecteurs ont la Parole - Roger BEJJANI

Adieu la démocratie, place à la méritocratie

Un Liban méritocratique ? Pourquoi pas ! (2e partie).

Une fois la définition des régions (cazas-villes) établie et l'institutionnalisation du Conseil national méritocratique (CNM) tel qu'expliqué dans la première partie (lire L'Orient-Le Jour du 29 juin) faite, les coefficients et algorithmes avalisés par le CNM et la communication médiatique et régionale bouclées, le décompte des points démarrera dans la plus grande compétition nationale jamais connue.
Comment donc ce système méritocratique va-t-il définir les paramètres de représentativité ? Afin de mieux comprendre le mécanisme, prenons deux régions libanaises A et B (voir le tableau ci-dessous).

Toujours à titre d'exemple, considérons comme hypothèses que le total des points va définir :
1. La valeur du vote par votant dans chaque région quant au suffrage universel (présidentielle et référendums). Dans le cas de l'exemple des régions A et B, le vote de chaque citoyen de la région A comptera le 1/10e du total des points accumulés, soit 1.395 vote, tandis que le vote de chaque citoyen de la région B comptera 1 vote.
2. Le ratio # de votants éligibles par parlementaire. Dans le cas de l'exemple des régions A et B, le nombre de votants éligibles ayant droit à un parlementaire est défini en soustrayant le total des nombres de points du nombre 20 et en multipliant le résultat par 1 000 : région A = (20-13.95) x 1 000 = chaque 6 050 votants éligibles auront droit à un parlementaire. Région B = (20-10) x 1 000 = chaque 10 000 votants éligibles auront droit à un parlementaire. Un seuil minimal de 5 000 votants éligibles et un seuil maximal de 20 000 votants éligibles seront respectés. Supposons que la région A compte 106 000 votants éligibles, le nombre de parlementaires serait de 106 000/6 050 = 17.52 x 0.66 = 11.56 donc 12 (si le résultat était 11.49, le nombre de parlementaire serait 11). La région B comptant 150 000 votants éligibles, le nombre de parlementaires serait de 150 000/10 000 = 15 x 0.66 = 10.
Cet exemple comparatif théorique (puisque les coefficients et formules ne sont pas définitifs) démontre que le poids d'un vote d'une région peut être supérieur à celui d'une autre ; mais aussi que le nombre de parlementaires d'une région peut être supérieur à celui d'une autre, bien que cette dernière compte plus de citoyens. La performance globale de la région définit sa valeur représentative au niveau national, et non pas sa composition communautaire ou religieuse.
Le système de 1 vote = 1 candidat sera respecté dans les élections parlementaires dans des circonscriptions régionales, chaque région étant une circonscription unique. Les candidatures ne tiendront pas du tout compte de la confession du candidat. Toutefois, chaque candidat devrait récolter la signature de 200 personnes auprès d'un notaire afin d'être éligible. Un seuil minimal est égal à 3 % des votes et un seuil supérieur de qualification est égal à 30 % des voix au premier tour. En d'autres termes, si dans la région A, 25 candidats se présentent aux élections législatives briguant 12 sièges selon le système
1 vote = 1 candidat, les candidats ayant récolté moins de 3 % des votes effectifs au 1er tour seront éliminés pour le second tour. Tandis que les candidats ayant récolté 30 % des votes ou plus au premier tour seront considérés élus et exemptés du second tour.
Le second tour complétera la liste gagnante sans ratio minimum.

Intervention de l'État central (ou fédéral)
L'objectif ultime étant de hisser tous les Libanais et toutes les régions à un niveau égalitaire, l'État central dépensera prioritairement et en mode décroissant, en coordination avec l'autorité régionale (la municipalité), commençant par la région ayant récolté le moins de points. La région ayant récolté le plus de points sera donc la plus défavorisée en matière d'investissements en infrastructures par l'État central.
Les dépenses de l'État suivront donc un système rationnel visant l'égalité sociale et non plus une préférence guidée par la politique des urnes qu'un ministre candidat aux législatives pourrait détourner au service de son fief électoral.
L'intervention de l'État central vise donc, d'une part, à compenser la dévaluation électorale des régions défavorisées telles que définies selon le système des points établis et, d'autre part, à contribuer à hisser le niveau de toutes les régions dans un objectif égalitaire ultime.

Programme de motivation nationale
La méritocratie incite les citoyens, hommes d'affaires et municipalités régionales à exceller dans leurs domaines. Ce système incite les fortunés à investir dans une économie réelle dans leurs régions respectives, créant des emplois et des retombées pour l'autorité locale et l'État fédéral ; remplaçant ainsi leur dispositif d'aides sociales, oxygène principal du clientélisme politique.
Les communautés régionales seront conscientes de l'effet négatif ou positif sur leurs ratios de performance quant à la sécurité, l'environnement et la gestion publique.
Ces communautés régionales seront guidées dans leurs choix des conseils municipaux, devenus de solides et véritables autorités régionales, par le désir de performance régionale et non plus par les motivations sectaires ou féodales ou d'intérêts étroits.
La méritocratie n'est pas seulement un système politique, mais un phénomène de développement social, environnemental, humain et économique à l'échelle nationale.

Égalité des citoyens
Certains relèveraient le caractère différentiel au niveau des citoyens du même pays. C'est vrai, la méritocratie ne considère pas tous les citoyens égaux le jour des diverses élections. Mais ce système œuvre dans la direction de l'égalité des chances pour une vie digne, l'égalité des chances au bonheur pour tous les citoyens, à pied d'égalité ; tandis que le système actuel œuvre à préserver les inégalités, sauf le jour des élections.

Faisabilité
La parité sur base confessionnelle est ridicule et ne peut être éternelle. La méritocratie ne se soucie pas de la composition communautaire des dirigeants régionaux, parlementaires, ministres, président ou vice-président. Le système de renouveau présenté rationalise le choix des Libanais sur une base scientifique et responsable. Émile Lahoud, président maronite, a été un cauchemar pour la plupart des Libanais, à commencer par les chrétiens. La sécurité communautaire ou confessionnelle doit être basée non pas sur le bon vouloir des communautés musulmanes qui « accordent » la parité (jusqu'à nouvel ordre) à leurs concitoyens chrétiens, mais plutôt sur un système de gouvernance dynamique et intelligent qui brave les défis de l'avenir et à très long terme.
Les chrétiens libanais devraient réclamer l'instauration du système méritocratique (aussi bien que les 10 autres amendements constitutionnels) comme alternative au système idiot et forcément « temporaire » de parité confessionnelle et démocratie consensuelle d'aujourd'hui.
En guise de conclusion, et paraphrasant Winston Churchill, la méritocratie est le meilleur des systèmes, à l'exception de tous les autres.

Une fois la définition des régions (cazas-villes) établie et l'institutionnalisation du Conseil national méritocratique (CNM) tel qu'expliqué dans la première partie (lire L'Orient-Le Jour du 29 juin) faite, les coefficients et algorithmes avalisés par le CNM et la communication médiatique et régionale bouclées, le décompte des points démarrera dans la plus grande compétition...

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