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Liban - Reportage

À Ras Baalbeck, l’autosécurité, les armes et les Brigades de la résistance...

Rifaat Nasrallah, sur les hauteurs de Ras Baalbeck.

Situé à 135 km de Beyrouth, Ras Baalbeck, village libanais limitrophe de la Syrie, se trouve aux pieds de la chaîne de l'Anti-Liban, la montagne orientale du Liban qui sépare Ras Baalbeck et son jurd des régions syriennes. À l'extrême nord de la plaine et à 45 km de Baalbeck, le village est le centre du mohafazat de la Békaa. Mais, depuis 2013, le village possède désormais une nouvelle spécificité géostratégique : son centre est à 7 km seulement des positions occupées par l'État islamique aux frontières libano-syriennes.

Malgré cette proximité des frontières, Ras Baalbeck, qui compte 10 000 habitants – dont 5 000 seulement sont des résidents permanents –,
n'héberge que 400 à 500 réfugiés syriens, entre travailleurs agricoles et locataires de maisons du village. Ainsi, contrairement à Qaa et à Ersal, aucun camp de réfugiés ne s'est implanté à Ras Baalbeck.

Des répercussions d'un autre genre
Dans le village qualifié de « purement chrétien » par le président de la municipalité, le général Doreid Rahal, les réfugiés syriens n'ont fait qu'une brève pause avant de poursuivre leur chemin vers Macharih el-Qaa. M. Rahal avoue n'avoir pas accueilli les réfugiés à bras ouverts, et avoir fait entrave à toute tentative d'installer ne serait-ce qu'une seule tente.
Sur la place du village, au siège de la municipalité de Ras Baalbeck, le président fraîchement élu reçoit dans son bureau étroit des militants en civil. Qu'ils soient membres des Brigades de la résistance (branche armée du Hezbollah) ou partisans du Courant patriotique libre ou d'autres partis politiques, en tee-shirt jaune ou chemise blanche rayée, tous portent à la ceinture un revolver qu'ils ne prennent même pas la peine de dissimuler sous leurs vêtements.
Depuis des décennies déjà, les armes sont au sein de chaque maison du village, à l'instar de tant d'autres régions libanaises. Cependant, M. Rahal se hâte de préciser que « le phénomène d'autodéfense et d'armes visibles n'existe pas à Ras Baalbeck, ces dernières étant préservées en lieu sûr et entre de bonnes mains ».
Sur ce plan, et à la lumière des derniers événements de Qaa, les conseils municipaux des deux villages voisins partageant des frontières, des routes et un même ennemi se sont réunis pour discuter d'éventuels moyens de faire face aux dangers qui les menacent. La réunion s'est déroulée en coordination avec l'armée libanaise, avec à son ordre du jour une préoccupation centrale : la région de Wadi Rafek, dans les hauteurs de Ras Baalbeck.
Le président de la municipalité de cette dernière localité relève à ce sujet : « Wadi Rafek, de par son désert rocailleux et ses chemins de terre, est une zone critique à travers laquelle d'autres terroristes pourraient s'infiltrer dans la région. » Fruits de ces réunions d'urgence, des mesures encore plus strictes ont été prises en ces temps de sévère vigilance : sentinelles, patrouilles et rapport immédiat en cas d'activités jugées suspectes.
Quoique plus sévères actuellement, ces mesures, tantôt préventives et tantôt défensives, remontent à l'époque de la guerre de Qousseir (en 2013). « Des membres des Brigades de la résistance, du Parti syrien national social et de nombre de partis de droite participent à des opérations de surveillance sous l'égide de la municipalité qui en organise les horaires et les positions », note M. Rahal. Et d'ajouter que « ces procédures sont autofinancées par des hommes d'affaires qui ne manquent pas de faire preuve de générosité à l'égard de leur terre natale ».

« Les défenseurs de la région »
En route vers les hauteurs de Ras Baalbeck en compagnie de Rifaat Nasrallah, responsable des Brigades de la résistance dans la région, ce dernier s'insurge contre l'appellation de « milicien » qui lui est parfois attribuée. M. Nasrallah considère qu'il est « hors de question de qualifier de la même manière ceux qui attaquent le pays et ceux qui le défendent ».
Sous un soleil écrasant, et face aux montagnes qui donnent sur Baalbeck, le responsable montre du doigt des arbres rassemblés et une route toute proche. « C'est spécifiquement cette zone qu'ont traversé les trois voitures piégées qui ont explosé dans le Hermel – et les terroristes suicidaires qui ont assassiné les quatre victimes des familles Jaafar, Ehmez et Oglo ont franchi ces terrains », précise Rifaat Nasrallah.
À quelques mètres d'un poste de garde propre à la branche armée du Hezbollah, le responsable annonce ne pas avoir inventé la poudre. « Le poste comprend un viseur nocturne, des armes de petit et moyen calibre et des moyens de communication entre les différents membres », explique-t-il. Selon Rifaat Nasrallah, « les membres des Brigades de la résistance, qui constituent les principaux » défenseurs « de la région, agissent suivant les règles propres à toute guerre ».
Prié enfin de commenter l'offensive que mène le Hezbollah en Syrie et les théories selon lesquelles les derniers événements ne seraient que des répercussions de celle-ci sur le terrain libanais, le responsable hezbollahi élude : « L'armée libanaise a déployé 1 500 soldats à Qaa. Ont-ils pu protéger les habitants des attaques terroristes ? »

Situé à 135 km de Beyrouth, Ras Baalbeck, village libanais limitrophe de la Syrie, se trouve aux pieds de la chaîne de l'Anti-Liban, la montagne orientale du Liban qui sépare Ras Baalbeck et son jurd des régions syriennes. À l'extrême nord de la plaine et à 45 km de Baalbeck, le village est le centre du mohafazat de la Békaa. Mais, depuis 2013, le village possède désormais une nouvelle...

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