Le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a déclaré hier, sur fond de crise des déchets, que la contestation menée par sa formation au sein du gouvernement se poursuivra. « Le parti a entamé hier sa longue marche contestataire et cette contestation est appelée à se poursuivre afin de faire face à ceux qui tentent de conclure des marchés douteux et de nuire au pays », a affirmé le leader maronite, à l'issue d'un entretien avec le métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audi.
Jeudi, lors du Conseil des ministres, les ministres Kataëb ont fermement contesté le plan de gestion des déchets et son impact sur le Metn. Alain Hakim, ministre de l'Économie, et son collègue au ministère du Travail, Sejaan Azzi, ont claqué la porte du Grand Sérail, sans toutefois aller jusqu'à la démission.
« Le pays est entre les mains d'une mafia qui veut s'enrichir aux dépens de la santé des citoyens, au détriment aussi de l'avenir du Liban et de son environnement », a encore estimé Samy Gemayel. « Des pratiques que nous ne permettrons en aucun cas », a-t-il martelé.
Jeudi, il avait exprimé son opposition au plan de gestion des déchets préconisé par le gouvernement, estimant qu'on veut remblayer la côte d'ordures non triées. « Nous avons un plan de travail », a-t-il assuré à ce propos, précisant que le parti Kataëb approfondit ses dossiers de manière scientifique avec l'aide d'experts. « C'est ce qui nous a poussés à nous opposer au projet présenté en Conseil des ministres », a-t-il conclu.
(Lire aussi : Les ministres Kataëb contestent fermement le plan de gestion des déchets et son impact sur le Metn)
Le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), qui gère le dossier du traitement des déchets, a affirmé pour sa part qu'il est « erroné de dire que les déchets seront enfouis sans traitement préalable ». « L'appel d'offres portant sur le traitement des ordures prévoit l'amélioration des capacités de tri afin d'enfouir moins d'ordures, tout en respectant les normes sanitaires requises », a précisé le CDR dans un communiqué. Il a ajouté que les études d'évaluation de l'impact sur l'environnement d'une décharge sanitaire à Bourj Hammoud sont en cours. Il a toutefois affirmé que le projet qui concerne le littoral de Bourj Hammoud-Jdeidé n'est pas en contradiction avec le projet Linor (plan de réaménagement du littoral jusqu'à Dbayé), mais fait partie intégrante de ce projet.
La polémique est toutefois loin d'être close. C'est sur Twitter que le chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, a mis en doute les explications du CDR. Le CDR affirme ne pas enfouir les déchets sans les avoir traités au préalable, « qu'il nous dise comment et où se déroule le traitement. Peut-on à ce point se moquer des gens? » a-t-il demandé, accusant le CDR de « mensonges » et « d'arrogance ».
(Lire aussi : S. Gemayel : On veut remblayer la côte de déchets non triés)
Quid de la municipalité de Beyrouth ?
En ce qui concerne Beyrouth, Hagop Terzian, membre du conseil municipal, interrogé par L'Orient-Le Jour, a réfuté les informations circulant ces derniers jours et faisant part d'un possible retrait du conseil municipal du contrat centralisé de gestion des déchets. « Nous sommes engagés dans ce plan provisoire de gestion des déchets à hauteur de 30 millions de dollars », a-t-il assuré (afin que les déchets de la capitale soient distribués entre les décharges de Costa Brava et Bourj Hammoud, et le centre de tri de Saïda). Et d'affirmer, concernant la décharge de Bourj Hammoud, qu'elle ne recevra « que les déchets inertes, non recyclables ».
Pour rappel, le conseil municipal de Beyrouth a adopté, le 28 avril 2016, la décision 333 concernant le traitement des déchets de la capitale libanaise. « Une décision à long terme, avalisée et signée par le mohafez de Beyrouth », a assuré M. Terzian. Le conseil a ainsi « accepté un don inconditionnel du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) pour une étude de faisabilité économique et financière liée à l'attribution du dossier du traitement des déchets ». Le processus de collaboration avec le Pnud comprend aussi « la préparation d'un cahier des charges exclusif à la municipalité de Beyrouth pour l'attribution du dossier ».
Affaire à suivre.
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commentaires (7)
Crise des déchets ; ou : Sur le Marbre, des Pets !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
12 h 09, le 12 juin 2016