Les résultats des élections municipales à Syr (caza de Denniyé) ont déçu le député Ahmad Fatfat, dont c'est le village natal. Pour ce membre du bloc parlementaire du Futur, il ne fait pas de doute que le vote des électeurs chrétiens a fait basculer les résultats en faveur de la liste adverse.
Deux listes étaient candidates pour les municipales à Syr, une présidée par l'ancien président de la municipalité Ahmad Alam, et une autre appuyée par M. Fatfat. « Il y avait deux chrétiens parmi les candidats de chaque liste, et, normalement, les votes chrétiens se répartissent sur les deux listes. Nous avons été surpris de voir que 90 % des chrétiens ont voté pour la liste adverse », a indiqué M. Fatfat à L'Orient-Le Jour. « Nous n'arrivons pas à comprendre ce qui s'est passé, surtout que les partis politiques ne sont pas réellement impliqués dans ces élections », a-t-il ajouté.
« Je peux faire de la surenchère comme Rifi mais je ne le ferai pas »
« 12 à 13 % de la population est chrétienne à Syr et la plupart n'habitent pas au village. D'habitude, il y a un équilibre dans les votes. Nous avons été surpris de voir cette position féroce dans les urnes et le taux de participation a influé sur la défaite à Syr », a souligné M. Fatfat lors d'un entretien hier avec Radio-Orient. « Ce vote chrétien en masse nous a surpris par sa négativité sans précédent. Nous avons essayé de prendre la situation dans un esprit positif. Nous regrettons le fait que ce qui s'est passé a donné une impression de communautarisme que nous ne voulions pas. Les candidats chrétiens rivaux ont eu le plus de voix parce que tout le monde a voté pour eux dans le village. Il y a des tensions et de la surenchère sur le plan communautaire, ce qui n'est pas de bon augure », a-t-il indiqué.
« Nous avons l'impression qu'il y a des réactions à chaque fois que le courant du Futur prend des positions politiques. J'aurais compris si les réactions émanaient d'islamistes extrémistes mais je ne comprends pas qu'elles émanent des électeurs chrétiens », a dit M. Fatfat à L'OLJ. « C'est un mauvais message politique à mon avis. Je pense que, parmi les sunnites, je suis celui qui essaie le plus de se rapprocher des partis chrétiens. J'aurais pu faire de la surenchère comme Achraf Rifi pour gagner les municipales, mais je ne voulais pas le faire », a-t-il ajouté.
Un accident de parcours
Une source proche de la scène électorale estime toutefois que le vote chrétien n'a nullement été effectué avec des arrière-pensées communautaristes ni dans le but de cibler le député de Denniyé. « Ce n'est pas un vote-sanction contre M. Fatfat ou contre le courant du Futur. Il s'agit juste d'un accident de parcours », confie cette source à L'OLJ.
« La position des chrétiens n'est pas communautariste. Ils n'ont pas uniquement voté pour les candidats chrétiens en barrant les noms des musulmans par exemple. Ils ont juste voté pour une liste plus qu'une autre. Ce ne sont pas les chrétiens qui ont fait tomber la liste de M. Fatfat, analyse la source. La différence entre les deux têtes de liste se situe autour de 568 à 570 voix en tout, dont 116 voix de différence seulement dans les urnes des chrétiens », dit-elle. À noter que Syr compte environ 235 électeurs chrétiens et quelque 2 000 électeurs musulmans. Le taux de participation total dans le village est de 45 %.
« Personne ne savait que M. Fatfat était à ce point impliqué dans les élections municipales. Nous ne savions même pas qu'il allait y avoir une bataille électorale. Mais il existe une belle relation entre les chrétiens et les musulmans à Syr », assure la source interrogée par L'OLJ.
Lire aussi
Leçons préliminaires, l'édito de Michel Touma
Rifi : « Le changement ne saurait tarder »
Tripoli s'insurge contre le monopole de la représentation politique
Deux listes étaient candidates pour les municipales à Syr, une présidée par l'ancien...
commentaires (7)
Non, elle est tombée d'elle-même.... Nul besoin "d'influence" externe !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
20 h 53, le 31 mai 2016