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Culture - Arts de la rue

Quand la bombe devient un message de paix

Des rues de la ville jusqu'à la galerie Marc Hachem, des artistes libanais et du monde entier font de Beyrouth un musée à ciel ouvert, accessible à tous... Beirut Urban Walls* redonne au street art ses titres de noblesse.

« Human », de L7M.

Après les fameux graffitis new-yorkais des années 70, les galeries se sont progressivement ouvertes à l'art du graffiti et ont tenté de faire oublier ses origines quelque peu douteuses en inventant le concept de postgraffiti. L'évolution du graffiti a donc connu peu à peu une véritable renaissance artistique à travers cette explosion de créativité et ces nouvelles idées qu'on appelle aussi et surtout le street art, exposé par des artistes du monde entier dans les rues. L'expression street art est relativement récente et désigne une forme d'expression culturelle qui est celle d'apposer sa marque, sa signature, son sigle sur un mur, et d'utiliser ainsi l'espace urbain afin de communiquer à l'aide des mots ou des images. Pour transmettre des messages politiques, religieux, sexuels, ou personnels... L'art de rue est donc libre, accessible à tous. Il n'y a pas d'unité, pas de ligne de conduite, si ce n'est celle de... la rue.
Des artistes ayant pour but de vouloir se différencier des graffitis new-yorkais vont faire du pochoir la nouvelle forme d'expression. Outre la bombe aérosol que l'artiste utilise, le pochoir ou Stencils est un moyen très efficace et très pratique. Sa technique consiste à découper dans un matériau rigide, comme du carton, du bois ou du métal, et de décalquer le motif provenant d'une image et avec laquelle il bombera par la suite les murs de la ville.


(Lire aussi : Bilal Tarabey et Pierre de Rougé, Beyrouth extra-muros)

 

Âme d'enfant, maîtrise de géant
Mosko (en hommage au quartier de la Moskowa dans le 18e arrondissement à Paris) a une seule ambition : embellir le cadre de vie. Girafes, zèbres et félins envahissent d'abord les rues dans une procession en couleurs qui les mènera jusqu'aux portes des grandes galeries. Sa technique du pochoir polychrome est souvent soutenue par la pratique du pinceau et de la peinture acrylique. L'usage du pochoir devient un simple outil, la maîtrise se charge de produire la magie.
L7M est l'artiste le plus suivi sur les réseaux sociaux. Plus d'un million de personnes accompagnent son évolution. Pour la célébration de la destruction du mur de Berlin, il sera l'invité d'honneur sur 250 artistes sélectionnés. Il réalisera un grand mur avec son sujet de prédilection, les oiseaux. Reconnu non seulement par les collectionneurs mais également par les artistes, il est le protégé de Sylvestre Vergne, ancien directeur du musée du Luxembourg, pour qui il représente le futur Pollock. Invité par tous les gouvernements européens et par la cour royale de Londres, L7M aime à peindre les yeux, mais préfère rester à l'abri du regard du public. Cet artiste qui refuse toute apparition dans les médias a honoré Beyrouth de sa présence.

Jace est l'auteur des Gouzous, petits personnages reliquats de sa jeunesse. On les retrouve dans les espaces urbains du monde entier. Le Gouzou est la mascotte de cet artiste rebelle qui choisit la bombe pour s'exprimer. Le Gouzou n'a ni visage, ni sexe, ni appartenance religieuse ou sociale. Il est chacun et tous. Pour Beyrouth, il vient porter un message de paix et d'amour. Dans les décombres d'une ville en devenir, il plante une fleur et tombe amoureux de l'interdit que la puissance de l'art a permis.
Pimax est un artiste qui intervient sur les murs avec des affiches-pochoirs qui réinterprètent la Marilyn Monroe d'Andy Warhol (avec la banane du Velvet) ou bien Goldorak (robot manga) au majeur tendu, triomphant. Il dénonce le vandalisme par un travail sur des supports monogrammés et détourne le superficiel en plantant une hache dans le Love de Robert Indiana.
Astro boy, personnage de la bande dessinée japonaise, se retrouve souvent pochoirisé sur les murs de la ville.
Bruno Big est sélectionné pour créer le design des Nike du grand joueur brésilien Nemar, ainsi que de la Fondation Nemar pour l'enfance. Pour les JO, il réalisera une fresque de 50 mètres autour du village olympique, ainsi que le pavillon brésilien.
Yazan Halwani, le benjamin de cet événement, redonne vie aux icônes du Moyen-Orient dans un style particulier qui mêle la calligraphie arabe à l'hyperréalisme.

Du pont Cola, en passant par les rues de Beyrouth et l'école International College de Ras Beyrouth, tous ces artistes tentent de créer une interaction avec la ville sans sortir le street Art de son contexte. Cela encourage le mécénat et arrache les murs à leur mélancolie. Modifier le paysage urbain, graver leurs empreintes sur les murs de la ville, loin de la reconnaissance artistique et du concept « grand événement », voila la réelle dynamique qui anime ces artistes venus du monde entier.
Pour la petite histoire, Jace, par une inspiration qui tient au hasard, rejoint la mémoire collective des Libanais en reproduisant des Boum sur le mur situé tout près de la galerie. À l'endroit où, par un triste jour, un acte terroriste avait éventré les trottoirs de Beyrouth...

*« Beirut Urban Walls », à la galerie Mark Hachem (centre-ville), est curatée par Olivier Pytel. Jusqu' au 7 juin 2016.

 

 

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