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Liban - Municipales 2016

La bataille à Zghorta prend une nouvelle tournure

À Zghorta-Ehden, l'électorat se trouve en quelque sorte, à l'occasion de ce scrutin municipal, à la croisée des chemins.

D'une manière générale, le clivage entre le 14 et le 8 Mars sur lequel se sont basées les alliances politiques depuis la « révolution du Cèdre » connaît désormais son crépuscule. Par contre, les initiatives indépendantes, à l'instar de « Beyrouth Madinati », semblent marquer l'aube d'un changement qui se profile petit à petit à l'horizon. Les enjeux électoraux et politiques à Zghorta-Ehden apparaissent dès lors sous un nouveau jour.
Pour l'échéance municipale de dimanche prochain, la bataille électorale oppose deux listes : l'une consensuelle et complète, sous le nom de « Ensemble pour Zghorta et Ehden » (présidée par le médecin César Bassim) ; la seconde, la « Liste du Développement », indépendante, est composée de 17 candidats et elle est présidée par l'ingénieur Mikhaël Doueihi. Bien que le président et les candidats de chaque liste admettent que la liste rivale est formée d'une équipe d'un très haut niveau de compétence, et bien qu'ils louent réciproquement les qualités des deux présidents potentiels, les partisans des deux camps opposés insistent sur la dissemblance fondamentale entre eux.


Marina Araïji, candidate sur la « Liste du Développement », souligne que ce sont les valeurs et la structure qui distinguent leur liste de l'autre. La jeune candidate explique son point de vue sur ce plan : « Nos valeurs sont celles de la liberté et du pouvoir décisionnel non ligoté par l'autorité d'un politicien. » Quant à la structure et la formation de la liste consensuelle, Marina Araïji se réfère au temps qu'ont mis les leaders des familles politiques pour mettre sur pied leur coalition : « Si la formation de leur liste a nécessité deux ou trois mois de contacts, passant par des négociations et des tiraillements interminables, comment parviendront-ils à réaliser leurs projets à l'avenir ? »
Ce temps investi dans la formation de la liste consensuelle est ainsi mal perçu par la candidate de la « Liste du Développement », mais il constitue, aux yeux de l'ancien député Jawad Boulos, un des points forts de cette liste dont il a activement contribué à la formation. « Pour la première fois à Zghorta, les candidats ne sont pas arbitrairement agglutinés, relève Jawad Boulos. Ils forment par contre un regroupement à caractère municipal ayant un projet en main et capable d'attirer les financements nécessaires, à un moment où l'État de "failed state" est appelé à perdurer. »

 

« Deux exploits »
Quant à la liste indépendante, Jawad Boulos la qualifie d' « expérience positive ». « Les candidats font preuve de bonne foi, précise-t-il, et ils ont certainement la volonté d'imprimer leur marque sur la scène zghortiote, mais cette équipe-là possède-t-elle les ressources nécessaires pour faire face à l'ampleur des défis actuels ? »
Malgré le nombre de similitudes que partagent la « Liste du Développement » et celle de « Beyrouth Madinati » – telles que l'indépendance en termes d'appartenance à des autorités politiques, l'annonce d'un projet de développement clair et bien structuré plusieurs semaines à l'avance, l'autofinancement de la campagne électorale –, Jawad Boulos considère que la liste consensuelle est la vraie « Beyrouth Madinati » à Zghorta-Ehden. Mise à part l'emphase de la comparaison soulevée par M. Boulos, son optimisme vis-à-vis de la liste consensuelle se justifie si l'on établit une comparaison avec les élections municipales précédentes.
Dans ce contexte, deux « exploits » devraient être inscrits au compte de la liste consensuelle. Le premier est celui d'un accord politique qui est loin d'être facile à réaliser à Zghorta, compte tenu de l'histoire sanglante de la région et de la question présidentielle actuellement en suspens. Le second « exploit » porte sur le fait d'avoir placé la barre haut pour ce qui a trait aux membres composant la liste, surtout par rapport aux conseils municipaux passés.


Fier de n'avoir jamais été partie prenante dans ces combinaisons municipales de la postguerre, Michel Moawad, fondateur du « Mouvement de l'indépendance », a œuvré pour la première fois à la formation de la liste « Ensemble pour Zghorta et Ehden ». Répondant à la critique selon laquelle il serait préférable de ne pas mêler la politique au développement, Michel Moawad, qui avait soutenu les listes et candidats indépendants lors des scrutins passés, estime que « le cercle politique a le droit, voire même le devoir, d'intervenir dans la gestion de la cité ».


Les propos de Moawad sur le rôle de la politique seraient d'une plus grande pertinence s'il s'agissait, dans la région, de politique dans le sens étymologique de gestion de la cité, et non pas dans le sens de la distribution des parts qu'on attribue à la liste consensuelle, malgré les efforts soutenus pour instaurer un changement. La preuve de la volonté de changement chez les leaders des familles politiques de Zghorta se manifeste le plus clairement à travers les propos du député Salim Karam qui admet n'être pas habitué à une composition pareille du conseil municipal, la coutume voulant qu'un nombre déterminé de candidats soit consacré à la famille Karam. Le chef de famille a refusé de renoncer à son quota et a fini par arracher le nombre de candidats voulus, menaçant de se retirer de la liste et, par conséquent, de remettre en cause le consensus.
Pour le député Estéphan Doueihi, le consensus ne consiste pas en une répartition des sièges du conseil municipal entre les familles politiques, mais en une représentation équitable du tissu zghortiote, complexe et hétérogène. Conscient du vent de changement enclenché par la société civile, il promet tout de même aux habitants de la région un changement positif de la part d'une liste formée par des leaders faisant partie intégrante de l'establishment.

 

Changement de l'intérieur
Ce changement, Tony Frangié, fils du député Sleiman Frangié, en exprime le souci dans ses propos. Sauf que l'héritier éventuel de la présidence du courant des Marada ne croit pas au changement radical, mais plutôt à un changement émanant de l'intérieur. Dans cette même perspective, l'initiative prise par Tony Frangié et Michel Moawad, qui se sont rencontrés pour la première fois il y a deux mois, est un premier pas vers un changement attendu et espéré de la part du jeune homme qui vient de se lancer dans le domaine public et politique. Ainsi, Frangié est-il parvenu à mettre de côté des éléments dont la productivité est contestée pour soutenir de nouvelles figures.
Quant à la candidature de Marielle Moawad, l'épouse de Michel Moawad, et de Marianne Sarkis, mère de Tony Frangié, le fils aîné de Sleiman Frangié esquisse un sourire sur ses lèvres et répond brièvement : « Les deux femmes sont compétentes et je ne trouve personnellement aucun mal à les voir membres du conseil municipal, pourvu qu'elles servent d'exemple aux femmes afin qu'elles se lancent à leur tour dans la gestion des affaires publiques. » Force est de relever dans ce cadre que les femmes zghortiotes se sont effectivement présentées aux élections municipales avec quatre candidates dans la « Liste du Développement » et trois, autres que Marianne Sarkis et Marielle Moawad, dans celle du consensus.

 

Samir Frangié
Ayant une perception globale de la situation zghortiote, tout en se tenant à l'écart des structures municipales de sa ville natale, l'ancien député Samir Frangié jette un regard lucide sur cette bataille municipale : « La liste consensuelle est une alliance entre toutes les familles, indépendamment de leurs positions politiques, qui ont cette fois-ci choisi le haut de gamme de leurs partisans ». Parallèlement, il estime que la liste indépendante représente le changement dans le pays. « Pour la première fois, précise-t-il, la société civile à Zghorta prend l'initiative de présenter une liste d'éléments jeunes non politisés à la manière traditionnelle, ce qui est un indice positif pour l'avenir ».
Samir Frangié souligne dans ce contexte que c'est bien la « Liste du Développement » qui est la « Zghorta Madinati ». L'initiative de la société civile oblige tout le monde à refaire ses comptes, affirme l'ancien député Frangié qui estime que la « sortie du cycle de violence n'est pas très loin » et que ces nouvelles tentatives constituent le premier signal d'une « bataille » qui devrait être menée tôt ou tard.

 

 

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commentaires (4)

On ne doit pas être "sages" avant d’avoir été "jeunes".

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

06 h 29, le 26 mai 2016

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • On ne doit pas être "sages" avant d’avoir été "jeunes".

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 29, le 26 mai 2016

  • ELNA... IL 3ANZET M3AWDIN 3ALA TARI2 IL 3AIN... MIA BIA3ERFOU GHAYRA...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 27, le 25 mai 2016

  • "Ce changement.... de (l'intérieuuur), Tony Frangié ; fils du député Sleiman Frangié et arrière petit-fils du fameux président lui aussi dénommé Sleiman Frangié ; et Michel Moawad fils de la fabuleuse députée Nâyla Moawad et de feu l'ex-président René Moawad en expriment le (souci?) dans leurs propos !? Sauf que ces deux héritiers ne croient pas au changement radicaaal, mahééék n'est-ce paaas, mais plutôt à un changement émanant donc.... de l'intérieuuur. Dans cette perspective, l'initiative prise par ces deux héritiers donc, est un premier pas vers un changement espéré de la part de ces deux jeunes hommes héritiers donc, qui se lancent ainsi à fond ; yâââ¨; dans la politique. Quant à la candidature de Marielle, l'épouse de ce même d'jeune Michèèèl, et de Marianne, mère de ce même d'jeune Tôôôny, ces deux d'jeunezzz esquissent alors un sourire sur ses lèvres ; mais en coin ; et répondent brièvement.... mais sèchement : Les deux femmes (inconnues au bataillon, mahééék ?!) sont compétentes et nous ne trouvons personnelleMent aucun mâââl à les voir membres du conseil municipal, pourvu qu'elles servent d'exemmmple n'est-ce pas ?" ! Yâ Mârém'mttânïôss L'äâäzzâm wé Le Grand !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 33, le 25 mai 2016

  • L’esprit Sain de Bâïyroûth Mâdînatî sise Z'ghôrtéééh ne peut se satisfaire de l’état de ce monde Malsain en 14 ou en 8 déchu, où le Mal triompherait et où le Bien serait vaincu ! Yâ Mâr Mééémâh woû Sarkîss woû Bâkhôss !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 54, le 25 mai 2016

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