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Liban - L’éclairage

Le Hezbollah aspire à un changement des règles de Taëf et des équilibres en place

L'interrogation reste entière. Le Hezbollah veut-il véritablement un président de la République ? Avec deux sur trois candidats issus de son propre camp, et à la lumière des nombreuses tergiversations auxquelles se livrent le parti et ses alliés qui continuent de boycotter les séances parlementaires pour l'élection d'un chef d'État, ce sont autant de signaux qui laissent croire que le parti chiite continue d'œuvrer en vue de la tenue d'une constituante ayant pour objectif de modifier l'équation prévue par Taëf et le partage du pouvoir, mise en place par l'Arabie saoudite, le parrain par excellence des accords qui ont donné lieu à la Constitution en vigueur. Tel est le changement auquel le parti chiite aspire à l'ombre du rôle iranien dans la région et de son influence certaine au Liban. Le Hezbollah cherche ainsi à modifier la Constitution à l'aide d'une série de propositions et d'initiatives. Celles-ci préluderaient à une nouvelle équation de manière à ne plus permettre la concentration de l'essentiel du pouvoir au Sérail, et plus précisément aux mains de la communauté sunnite, mais de restituer au chef de l'État une partie de ses prérogatives dans un jeu d'équilibres que le parti considère nécessaire pour pallier les lacunes en ouvrant la voie à la recomposition du pouvoir.

Selon un ancien ministre de l'Intérieur, le Hezbollah ne veut pas pour l'heure un président de la République et souhaite le vide au niveau des institutions de l'État, autant de dysfonctionnements susceptibles de conduire à la constituante dont le parti chiite fait subrepticement la promotion en vue de recomposer les règles du jeu au niveau du pouvoir. Des efforts que viennent contredire les démentis de plus d'un responsable au sein du parti, relayés par des composantes du 8 Mars qui persistent et signent qu'un tel plan n'a pas d'existence.
Le chef du Parlement, Nabih Berry, l'avait également martelé lors de la dernière séance de dialogue lorsqu'il avait explicitement affirmé que l'ensemble des parties étaient attachées à Taëf et qu'il n'y a pas lieu d'évoquer une constituante, encore moins la répartition du pouvoir entre les trois principales communautés, chiite, sunnite et chrétienne.

Un député du Rassemblement de la République se demande alors pourquoi les députés du Hezbollah continuent de boycotter les séances parlementaires destinées à l'élection du président, sachant que deux des candidats sont issus de son propre camp politique, s'il n'avait pas l'intention de renverser les équations en place.
De l'avis d'un diplomate informé, le parti souhaite un chef d'État qui puisse approuver son projet et sa vision, et non quelqu'un issu du système politique actuel, fondé sur les accords de Taëf. Ce qui montre clairement que le Hezbollah aspire à la recomposition du pouvoir selon une nouvelle équation qui conforte et renforce sa participation à la prise de décision.
C'est ce qui explique d'ailleurs le refus de certaines composantes du 14 Mars, lors de la réunion de dialogue, de toucher à la Constitution, notamment lorsqu'il a été question d'amender le texte principal en vue de réduire exceptionnellement le mandat du président de la République à deux années, ou encore, pour élire le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, à la tête de l'État.

Un ancien ministre issu du 8 Mars croit savoir, quant à lui, que le Hezbollah ne veut plus que le pouvoir reste concentré au Sérail, mais œuvre à redonner au président de la République quelques prérogatives en les arrachant des mains du Premier ministre et du Conseil des ministres réuni. En bref, le parti chiite ne veut pas remettre le pouvoir effectif à l'Arabie saoudite qui l'exerce par le biais des prérogatives confortables accordées à l'équipe du Sérail. En somme, enchaîne un responsable du 14 Mars, le vide sert les intérêts stratégiques du Hezbollah et son programme politique. D'ailleurs, ajoute-t-il, le parti chiite passe son temps à rassurer le chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, en l'exhortant à faire preuve de patience alléguant du fait que les développements en Syrie et dans la région vont invariablement verser dans l'intérêt de l'axe iranien, l'assurant d'une victoire certaine qui le propulsera sans aucun doute à Baabda. C'est la raison pour laquelle M. Aoun persiste dans sa candidature et refuse catégoriquement de lâcher prise.

D'après un ancien ministre qui évoque son expérience au sein du l'exécutif, la répartition en tiers du pouvoir est de toute manière implicitement appliquée en réalité. Il est donc temps de le faire officiellement et de reconnaître cet état de fait, affirme le ministre, cela étant préférable à la fausse parité dont se targuent les uns et les autres, et qui n'est aucunement appliquée. Ce dernier assure à qui veut l'entendre que, dans le cas de figure d'une trilogie appliquée au sein du pouvoir, les chrétiens pourraient bénéficier d'un tiers assuré, toute modification de la Constitution devant garantir par conséquent les droits de la communauté chrétienne. En définitive, un partage du pouvoir en tiers reste bien plus avantageux qu'une parité de façade. Le parti, quant à lui, craint rater le momentum et l'opportunité de modifier le texte fondamental si l'élection présidentielle doit avoir lieu. Ainsi, la crise au Liban n'est pas celle d'une vacance présidentielle mais bel et bien d'une crise du système.
Certains responsables occidentaux craignent d'ailleurs que les changements ne surviennent à l'issue d'un développement sécuritaire soudain, alors que le fantôme de l'émergence d'un canton alaouite pointe à ses frontières.

 

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commentaires (5)

Vaillant parti de la résistance à laquelle aucune force au monde ne peut imposer quoi que se soit , juste ORDONNE ET LE PEUPLE DU LIBAN DONNE .

FRIK-A-FRAK

15 h 22, le 06 mai 2016

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Vaillant parti de la résistance à laquelle aucune force au monde ne peut imposer quoi que se soit , juste ORDONNE ET LE PEUPLE DU LIBAN DONNE .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 22, le 06 mai 2016

  • C'est déjà fait, äâïynéééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 01, le 06 mai 2016

  • Dommage que les politichiens attendent que le hezbollah propose cette fois ci ...une évidence ....il en reste une autre ,l'abolition des accords du Caire ...juste histoire de remettre la pendule de l'histoire du pays à l'heure , entre les Cèdres millénaires et les palmiers pétrolifères ...changement climatique régional oblige......

    M.V.

    12 h 35, le 06 mai 2016

  • BON ARTICLE... MAIS CELA S,APPELLE -LA MAINMISE- CHER MONSIEUR PHILIPPE ABI-AKL ! QUAND A LA PROPULSION DU GENERALISSIME PARAVENTISSIME SUR LA CHAISE DE SES REVES... UNE FOIS LES CRISES DU M.O. INTERMINABLES RESOLUES... TEL QUE LE PROPOSE LE HEZBOLLAH ... IL FAUDRAIT ALLER LE CHERCHER DQANS L,AU-DELA !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 38, le 06 mai 2016

  • "Alors que le fantôme de l'émergence d'un canton alaouite pointe aux frontières." ! Quid des deux Cantons Chïïtes ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 54, le 06 mai 2016

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