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Liban - Pour préserver l’espoir

« Ma mère est morte sans connaître ce qu’il est advenu de son fils »

Pour que la cause des personnes disparues au Liban ne tombe pas dans l'oubli, l'ONG Act for the Disappeared a lancé le projet « Fus'hat amal »*. Dans ce cadre, nous publions une série de témoignages fictifs qu'auraient apportés des Libanais arrachés à leur milieu familial et social.

Khadija tenant la photo de son fils, Ahmad.

Mon nom est Ahmad. J'étais l'aîné des garçons de ma famille. J'ai pris ce rôle très au sérieux. Ainsi, après le décès de mon père, j'ai dû faire vivre ma mère et mes six frères et sœurs.
Quand la guerre a commencé, j'étais sur le point d'ouvrir un magasin. Il devait me permettre de continuer à aider ma famille et de former ma propre famille.
Mes projets n'ont jamais pu se concrétiser.
Quelques mois après le début de la guerre, alors que les combats s'intensifiaient, nous avons pris la décision de quitter Nabaa, où nous vivions avec ma grand-mère, pour nous installer à Beyrouth-Ouest.
Un jour, alors que nous nous rendions de chez ma grand-mère vers notre nouvel appartement en taxi, ma mère, ma sœur et moi avons été arrêtés à un barrage. On m'a demandé, ainsi qu'à deux autres passagers, de descendre de la voiture. Ma mère et ma sœur sont restées dans le taxi.
Ma mère Khadija cria et supplia les hommes armés de me laisser partir. Il n'en fut rien.
À l'instar de nombreuses autres familles de disparus, elle a reçu plusieurs appels d'individus qui lui promettaient de la laisser me parler au téléphone moyennant une certaine somme. À chaque fois, elle payait la somme due. À chaque fois, elle espérait que la situation serait différente et qu'elle pourrait faire confiance à la personne. Mais elle n'est jamais parvenue à me parler.
Depuis, elle n'a cessé de me chercher. Elle a rencontré d'autres parents qui vivaient la même tragédie. Ensemble, ils ont commencé à réclamer la libération de leurs proches. Jusqu'à cette date, elle a participé à toutes les manifestations et rassemblements, réclamant des réponses.
Il y a quelques jours, le jour de la fête des Mères, elle est décédée. À l'instar d'Odette, de Nayfeh et de plusieurs autres mères, elle est morte sans connaître ce qu'il est advenu de son fils.
Mais son combat n'est pas terminé.
Ne laissez pas notre histoire s'interrompre ici.

*« Fus'hat amal » est une plate-forme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch.
Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site Web de Fus'hat amal à l'adresse : www.fushatamal.org
Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.

 

Lire aussi, notre dossier spécial : Disparus de la guerre civile : S'ils pouvaient témoigner...

 

Mon nom est Ahmad. J'étais l'aîné des garçons de ma famille. J'ai pris ce rôle très au sérieux. Ainsi, après le décès de mon père, j'ai dû faire vivre ma mère et mes six frères et sœurs.Quand la guerre a commencé, j'étais sur le point d'ouvrir un magasin. Il devait me permettre de continuer à aider ma famille et de former ma propre famille.Mes projets n'ont jamais pu se...

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