Rechercher
Rechercher

Spécial Crise des déchets

Un cas type de décentralisation à Bickfaya-Mhaidsé

Les municipalités de Bickfaya et Mhaidsé, avec l'aide de l'association Arcenciel, ont construit leur propre centre de tri pour faire face à la crise des déchets. Un exemple de décentralisation qui mériterait d'être généralisé.

Le tri se fait manuellement.

Un panneau « BiClean » blanc et vert nous indique l'entrée. Pour pénétrer dans ce grand chapiteau en taule, de la taille d'un demi-terrain de football, il faut passer entre deux portes en métal beige de près de 3 mètres. Une fois dedans, un bruit permanent vous agresse les tympans. Plus d'une douzaine d'hommes s'activent, telle une fourmilière. À quelques mètres de l'entrée, deux ouvriers, sweat à capuche pour l'un, veste à carreaux et casquette pour l'autre, posent des déchets sur un tapis roulant après les avoir sortis d'un sac-poubelle.
Les débris de toute sorte gravissent ainsi au-dessus de nos têtes pour atteindre un tapis de tri situé sur une passerelle. Là, sept ouvriers, bonnets et capuches vissés sur la tête, tous conditionnés à un type de déchet, trient méticuleusement les détritus. Les gestes sont rapides, les bras s'articulent comme des machines. Chaque déchet est jeté dans un grand sac situé en dessous de la passerelle, au rythme d'un orchestre improvisé.
Un ouvrier avec des gants mais sans masque prend les emballages plastiques, un autre les restes de nourriture... Le choc de canettes résonne, alors que le bruit étouffé des bouteilles de plastique adoucit la mélodie. Les déchets ne pouvant être recyclés tombent, eux, au bout du tapis dans un imposant sac, oubliés. Au fond, un ouvrier au physique imposant et aux gestes certains remplace les sacs pleins, les transportant quelques mètres plus loin au fond de cette grande tente de fer. Deux employés récupèrent les sacs de déchets recyclables et les vident dans une presse hydraulique rouge pour les compresser en balles.
Il faudra plus de 6 minutes en moyenne pour compacter une grappe de détritus. Ainsi, plusieurs pyramides de déchets compressés en carré garnissent la bordure du centre. Les balles de détritus de papier ou de carton sont rassemblées. À côté, les balles de canettes, suivies des balles de bouteilles en plastique... De nombreuses entreprises vont ainsi racheter ces résidus de déchets en carton, en métal, en verre... pour les recycler.

Une réponse locale à la crise des déchets
Au total, le centre de tri de Bickfaya – qui fonctionne sous la supervision et la direction de Mme Nicole Gemayel – aura coûté près de 100 000 dollars aux deux municipalités de Bickfaya-Mhaidsé et de Bhersaf-Sakiet el-Mesk. Une partie des machines a même été offerte par des entreprises locales. L'association arcenciel a supervisé la construction et la formation du centre.
Trois fois par semaine, des camions de la municipalité viennent ramasser les déchets dans les quatre villages partenaires. Deux jours sont consacrés aux déchets organiques et une journée aux déchets en plastique. Lorsque les détritus sont trop nombreux, surtout l'été, la municipalité loue des camions aux habitants pour augmenter ses moyens. « Le centre de tri a assaini la ville. Désormais, elle est propre », affirme Lyna Nakad, responsable à la municipalité de Bickfaya. Fière de ce projet, elle ajoute : « On a réagi à la crise dès le mois d'août. D'autres municipalités sont même venues se renseigner. »
Achevée il y a trois semaines, la construction du centre de tri avait débuté en octobre. Aujourd'hui, les habitants ne payent aucune contribution. La vente de la tonne de déchets permettra de rentabiliser le projet d'ici à un an et demi. Sur le long terme, Lyna Nakad confie qu'une faible contribution sera perçue. Les villages des alentours, n'appartenant à aucune municipalité, pourront bientôt s'intégrer au projet, à condition de respecter le tri.

 

 

Lire aussi dans notre dossier spécial

Pour des solutions diversifiées et innovantes

Le goût amer de la « délivrance », par Suzanne Baaklini

Des effets nocifs qui s'inscrivent dans la durée, mais difficilement quantifiables, faute d'études à l'échelle nationale, par Nada Merhi

Deux programmes de l'UE permettront de traiter, dans les régions périphériques, 43 % des déchets solides du pays, par Zeina Antonios

Une expérience pilote lancée par l'ABC pour initier le tri à la source

À Tabarja, une juriste et un commerçant paraplégique contournent la paralysie gouvernementale, par Rania Raad Tawk

Au Chouf, les municipalités ont trouvé une solution alternative à Sukleen : ChouClean, par Maylis Darras

Le CDR dans le collimateur

Un panneau « BiClean » blanc et vert nous indique l'entrée. Pour pénétrer dans ce grand chapiteau en taule, de la taille d'un demi-terrain de football, il faut passer entre deux portes en métal beige de près de 3 mètres. Une fois dedans, un bruit permanent vous agresse les tympans. Plus d'une douzaine d'hommes s'activent, telle une fourmilière. À quelques mètres de l'entrée, deux...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut