Le ministre des Travaux publics et des Transports, Ghazi Zeaïter, a tenu hier une conférence de presse à l'aéroport de Beyrouth pour justifier le retard dans les travaux visant à assurer une sécurité maximale de l'aéroport. Il a profité de l'occasion pour régler ses comptes avec le Conseil des ministres – qui doit se réunir demain jeudi –, questionner ses priorités et revendiquer le budget nécessaire pour ces travaux.
Récemment, suite aux attaques terroristes en divers points du globe, la sécurité à l'aéroport international Rafic Hariri a été au centre d'une polémique, plusieurs médias ayant pointé du doigt des lacunes sécuritaires. De son côté, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, avait concédé il y a une semaine, le jour même des attentats de Bruxelles, et alors qu'il se trouvait à Londres, que le niveau de la sécurité à l'aéroport de Beyrouth était loin d'être parfait. On attendait donc le ministre des Travaux publics sur ce dossier et il s'est décidé à s'exprimer hier.
« Il manque des crédits pour les équipements techniques et administratifs relatifs à la sécurité à l'aéroport de Beyrouth, a fait valoir M. Zeaïter. Ils (le Conseil des ministres) assurent des crédits au ministère de l'Intérieur, aux Affaires étrangères pour le consulat du Liban à Milan, au ministère de l'Éducation, mais pas à l'aéroport. Ces dossiers sont-ils plus prioritaires que la sécurité de l'aéroport ? » Et d'ajouter : « Nous demandons l'accélération du processus d'adoption des crédits pour l'aéroport. Ces crédits doivent être assurés pour la sécurité des bâtiments. » M. Zeaïter a en outre indiqué que si les fonds ne sont pas débloqués lors du Conseil des ministres de demain, il ordonnera tout de même le début des travaux à l'AIB avec les fonds disponibles. « Et que l'État assume ses responsabilités », a-t-il lancé.
Retards dans les adjudications
Le ministre a évoqué deux grands projets à entreprendre, qui ont été mis sur le tapis depuis 2010 sans jamais avoir été finalisés : l'un d'eux est la construction de l'enceinte de l'aéroport, et le second est la modernisation du tapis de transport des bagages. Par rapport à l'enceinte, il a énuméré les retards dans les adjudications, jusqu'à ce début d'année 2016 où les autorités concernées ont fait allusion à plusieurs reprises à la nécessité d'assurer les fonds, à hauteur de 1,4 million de dollars. « Comme nous n'avons toujours pas assuré ces fonds, nous sommes face à deux choix : rester inactifs ou demander à l'entrepreneur de commencer les travaux bien que les procédures ne soient pas achevées afin d'assurer le service public. C'est ce choix que nous pourrions faire », a-t-il dit.
Par rapport au tapis de transport des bagages, qu'il faut moderniser et équiper de machines de détection d'explosifs et autres équipements, il s'agit d'un projet essentiel également décidé en 2010 et dont le budget est de 3,5 millions de dollars. « On a demandé à Dar el-Handassa (entreprise d'ingénierie), qui avait effectué le cahier des charges, de le moderniser, souligne le ministre. D'autre part, deux appels d'offres ont été lancés en 2015, mais sans résultat. » Une commission formée à cet effet a décidé d'ajouter de nouvelles spécifications, qui nécessitent un budget supplémentaire. En cas de retard dans le déblocage des fonds, a-t-il ajouté, la seule société s'étant présentée à l'ouverture des plis pourrait entamer les travaux afin d'assurer la bonne marche des services.
Concernant les fonds, le ministre a répondu à certaines critiques, affirmant que « tout propos concernant des accords occultes ou des commissions présumées encaissées est dénué de tout fondement ». Il a ajouté qu'il « faut coopérer entre ministères au lieu de se lancer des accusations mutuelles, car l'objectif est la sécurité de l'aéroport ».
Le ministre des Travaux publics a enfin souligné « avoir la conscience tranquille et avoir fait tout ce qu'il fallait pour assurer la sécurité à l'aéroport ». « L'aéroport de Beyrouth est l'un des plus sûrs au monde en ce qui concerne la sécurité, et cela en dépit de toutes les insuffisances », a-t-il dit, assurant que « le manque d'effectifs à l'AIB ne constitue pas un danger ». M. Zeaïter a précisé cependant que « le brise-lames qui protège la piste ouest donne des signes d'érosion depuis 2011 et doit être réhabilité de manière complète afin qu'il puisse être opérationnel pour de longues années à venir ».
commentaires (3)
C'est comme s'il avait dit : "Je ne suis pas Sectaire, mais je n'aime pas les Sunnites." !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
12 h 17, le 30 mars 2016