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Liban

Le Hezbollah, une organisation « terroriste », réaffirment les ministres des AE du CCG

« Ce qui nous dérange, c'est qu'une milice puisse prendre en otage la décision du Liban », affirme Adel al-Jubeir.

Tammam Salam recevant hier les ambassadeurs des pays du CCG accrédités au Liban. Photo Dalati et Nohra

Les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont réaffirmé, dans un communiqué publié hier, à la veille de leur réunion aujourd'hui au Caire, qu'ils considèrent le Hezbollah comme une organisation « terroriste ».
Dans un communiqué conjoint, les ministres des Affaires étrangères des pays du CCG et leurs homologues jordanien et marocain, réunis à Riyad, ont globalement appelé l'Iran à respecter l'accord nucléaire signé en juillet avec les grandes puissances. Ils ont « insisté sur la nécessité (pour l'Iran) d'appliquer la résolution 2231 du Conseil de sécurité » sur l'accord nucléaire qui demande notamment à l'Iran de ne pas développer pendant huit ans des missiles balistiques conçus pour transporter une tête nucléaire.
Les chefs des diplomaties des monarchies du Golfe ont également fait savoir qu'ils s'opposaient aux « ingérences de l'Iran dans les affaires de la région ». Ils ont en outre appelé à préserver l'unité de la Syrie, prenant position contre l'option fédérale, défendue notamment par Moscou. Ils ont aussi appelé le Conseil de sécurité de l'Onu à adopter un mécanisme contraignant afin de maintenir le cessez-le-feu en Syrie, saluant la création d'une coalition militaire islamique contre le terrorisme, dirigée par l'Arabie saoudite.

Jubeir
L'Arabie saoudite et les autres monarchies du Golfe pourraient tourner la page et construire des relations solides avec l'Iran si ce pays arrêtait de « s'ingérer » dans leurs affaires, a par ailleurs affirmé le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, dans une conférence de presse à l'issue de la réunion.
« Nous n'avons pas besoin de médiation avec Téhéran. Si l'Iran changeait ses agissements politiques, rien ne nous empêcherait de tourner la page et de construire la meilleure des relations basée sur le bon voisinage, sans ingérence dans les affaires d'autrui », a-t-il dit.
Selon M. Jubeir, les relations avec Téhéran se sont détériorées « à cause des politiques sectaires » de l'Iran ainsi que de son « soutien au terrorisme et (son implication dans) l'implantation de cellules terroristes dans les pays de la région ».
« L'Iran voisin est un pays musulman qui a une grande civilisation et un peuple chaleureux, mais les politiques suivies depuis la révolution de (l'ayatollah) Khomeyni ont été agressives », a soutenu le ministre saoudien.
« Nous étudions des mesures restrictives contre le Hezbollah, et les pays du Golfe veulent empêcher le parti de tirer profit d'eux sous une quelconque forme », a fait savoir M. Jubeir. Il a expliqué que ces mesures se traduiront par « des sanctions contre des personnes et des sociétés afin que celles-ci ne puissent pas se rendre dans les pays du CCG ». Nous voulons l'unité du Liban, a-t-il poursuivi.
« Ce qui nous dérange, c'est qu'une milice puisse prendre en otage la décision du Liban », a souligné le chef de la diplomatie saoudienne.
Concernant la Syrie, le diplomate saoudien a souligné que « notre position est fixe concernant la nécessité du départ du président syrien Bachar el-Assad ». « Il ne saurait rester au pouvoir en Syrie. Les semaines à venir montreront combien ce régime et ses alliés sont sérieux », a-t-il conclu.
De son côté, le quotidien saoudien Okaz, citant des sources arabes, a indiqué hier s'attendre à ce que la classification du Hezbollah en tant qu'« organisation terroriste » occupe une bonne partie des débats des ministres arabes des Affaires étrangères lors de la réunion du Caire, sur base de la décision prise à Tunis par les ministres arabes de l'Intérieur.

Au Grand Sérail
Au Liban, l'ambassadeur d'Arabie saoudite, Ali Awad Assiri, a été convié au Grand Sérail afin d'assister à une réunion des ambassadeurs du CCG, qui a regroupé les représentants du Koweït, des Émirats arabes unis, du Qatar et d'Oman.
« Nous avons répondu à l'invitation du Premier ministre Tammam Salam et sommes venus écouter ce qu'il a à dire », a fait savoir M. Assiri.
L'ambassadeur du Koweït, Abdel Aal el-Kinaï, a quant à lui affirmé avoir eu des assurances de la part de M. Salam au sujet des bonnes relations entre les monarchies du Golfe et le Liban. « Nous avons tous perçu l'attachement solide du Premier ministre aux meilleures relations avec les pays du Golfe et à leur consolidation permanente. Il a souligné sa volonté de rectifier toute confusion, toute faille qui pourrait entraver le développement de ces relations », a indiqué le diplomate koweïtien.
« M. Salam nous a demandé de faire parvenir un message clair à nos dirigeants, et nous insistons sur l'attachement des pays du Golfe à la stabilité du Liban et à la poursuite des efforts en vue de bonnes relations avec Beyrouth », a-t-il conclu. « Les pays du Golfe tiennent à la sécurité et à la stabilité de l'État et des institutions au Liban », a-t-il souligné.
« Tout Libanais honnête sera bien traité par les pays du CCG », a par ailleurs indiqué M. Kinaï, en réponse à une question, précisant qu'il n'y avait « aucune mesure sanctionnant les Libanais n'ayant aucun problème avec les pays du Golfe ».

Au palais Bustros
Parallèlement, et pour la deuxième fois en quelques jours, la crise entre le Liban et les pays du CCG, ainsi que le blocage présidentiel ont été au centre d'un entretien entre le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, et l'ambassadeur de France, Emmanuel Bonne, au palais Bustros. M. Bonne a informé M. Bassil que le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, assistera à la réunion du Caire, où il devrait mener des efforts pour tenter de décrisper la tension arabo-libanaise.
Si le communiqué succinct publié par le palais Bustros s'est contenté d'exprimer « l'attachement de la France à aider le Liban à équiper l'armée et à préserver le calme et la stabilité pour empêcher tout regain de tension », des informations rapportées par l'agence al-Markaziya indiquent que M. Bassil – qui doit représenter le Liban au Caire ce matin – a souligné, devant l'ambassadeur de France, que « toute démarche du ministère se fondera sur les constantes de la déclaration ministérielle ».
M. Bassil aurait en outre précisé à Emmanuel Bonne que le Liban ne peut qu'adopter une position claire concernant l'accusation de terrorisme portée au Hezbollah, dans la mesure où le parti chiite est une composante du gouvernement libanais et chaque État qui se soucie du Liban devrait également se soucier de l'unité du cabinet.
La crise actuelle a également été au centre d'entretiens entre le ministre de la Défense, Samir Mokbel, et l'ambassadeur de Tunisie, Mohammad Karim Boudali, et le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, et l'ambassadeur d'Égypte, Mohammad Badreddine Zayed.

Le Hezbollah
Il convient enfin de signaler que le Hezbollah n'a pas modifié sa position, en dépit des efforts menés pour calmer le jeu.
Le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, a ainsi repris hier les mêmes arguments développés par le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, contre les pays du Golfe, au sujet du Yémen, de la Syrie, de Bahreïn et de la Palestine, lors d'une cérémonie à Hadeth, estimant que l'accusation de terrorisme « de la part de pays qui ont toujours comploté contre chaque résistant dans cette région et dans le monde depuis la résistance palestinienne dans les années 60 et Abdel Nasser en Égypte (...) est une médaille » aux yeux du Hezbollah. Il a également repris les accusations contre le Golfe de collaboration avec Israël et de soutien aux jihadistes.
Plus pondéré, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohammad Raad, qui a été reçu hier par l'ancien Premier ministre Sélim Hoss à Aïcha Bakkar, a estimé que son parti « n'était pas à l'origine de l'escalade » actuelle. « Mais ceux qui traitent la résistance d'organisation terroriste délaisse pour nous toutes les valeurs », a-t-il ajouté. « La seule partie qui ait acclamé cela est l'entité israélienne », a-t-il dit, refusant par ailleurs de commenter l'annonce par le président iranien Hassan Rohani selon laquelle Téhéran pourrait dépêcher une délégation à Riyad.

Les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont réaffirmé, dans un communiqué publié hier, à la veille de leur réunion aujourd'hui au Caire, qu'ils considèrent le Hezbollah comme une organisation « terroriste ».Dans un communiqué conjoint, les ministres des Affaires étrangères des pays du CCG et leurs homologues jordanien et marocain, réunis à...

commentaires (4)

COMMENT DOIVENT-ILS L,APPELER APRES TOUTES SES INTERVENTIONS DANS TOUS LES PAYS OU CA NE LE REGARDE PAS... POUR TUER DE LEURS CITOYENS... UNE ORGANISATION CHARITABLE... OU UNE LEGION DE SAINTS ?

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 56, le 10 mars 2016

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Commentaires (4)

  • COMMENT DOIVENT-ILS L,APPELER APRES TOUTES SES INTERVENTIONS DANS TOUS LES PAYS OU CA NE LE REGARDE PAS... POUR TUER DE LEURS CITOYENS... UNE ORGANISATION CHARITABLE... OU UNE LEGION DE SAINTS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 56, le 10 mars 2016

  • Ce qui nous dérange est que la désignation terroriste soit galvaudée par les turcs sur les kurdes , par la Syrie sur les modérés, par les arabes sur le Hezbollah, pour éviter d.avoir à rendre des comptes pour leur support à l.EI et Nosra et autres groupuscules fanatiques.

    Sam

    08 h 35, le 10 mars 2016

  • « Ce qui nous dérange, c'est qu'une milice puisse prendre en otage la décision du Liban ». Merci au ministre saoudien de se préoccuper des intérêts du Liban plus que ne le font les dirigeants libanais eux-mêmes!

    Yves Prevost

    07 h 40, le 10 mars 2016

  • "Tonnerre à Rien a refusé de commenter l'annonce par le président iranien Hassan Rohani selon laquelle Téhéran pourrait dépêcher une délégation à Riyad." ! Pourquoi ? Ceci le met-il dans l'embarras parce qu'il a la pétoche d'un lâchage de la part de la Per(s)cée à son égard ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 06, le 10 mars 2016

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