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Liban - En toute liberté

Servir d’exemple

Il y a tellement à dire, mais allons au plus urgent, une lettre ouverte au roi Salmane : « Majesté, sauf votre respect, il y a erreur. Ces trois milliards, il ne vous appartient pas de les reprendre. Ils sont à nous. Sa Majesté le roi Abdallah nous en a fait don, comme le président Michel Sleiman le dit, l'atteste et en est témoin. Nous croyons, nous, qu'un cadeau ne se reprend pas, et nous ne redemanderons pas quelque chose qui est à nous. Il vous a paru bon de les reprendre, mais c'est, croyons-nous, faillir à l'intention du donateur et à l'amitié entre nos peuples. Vous avez été offensé, mais c'est l'honneur d'une personne de passer sur l'offense. C'est là sa véritable couronne, son "keffieh" royal. De plus, nous avons une arme que personne ne peut nous enlever ou nous vendre : notre sang. Sans les trois milliards, il sera mis un peu plus à contribution, c'est tout. Et tous les stratèges vous diront que la victoire, c'est d'abord avec son moral qu'une armée l'emporte. »

Cela dit, le plus urgent n'est pas là. Le plus urgent c'est, aujourd'hui, la division du monde islamique. Et, sans fausse modestie, la réponse à cette division se trouve (aussi) au Liban. L'Église maronite a légué au Liban une ouverture qui était son trésor et qui est aujourd'hui un trésor commun. C'est cette ouverture qui a permis aux Libanais de jouer, tout au long de la genèse de ce qui est devenu l'État libanais, un rôle rassembleur qui les honore. Ce rôle rassembleur, unificateur, les maronites l'ont joué sur le plan ecclésial. Ainsi, il n'y a pas de maronites catholiques et des maronites orthodoxes. Ils l'ont transposé ensuite sur le plan national et ont permis l'émergence du Liban comme pays arabe indépendant. Ce partenariat est ce que nous avons de plus précieux. « Le patriarche nous a invités, il y a quelques jours, à poursuivre cette mission, à édifier des ponts et des traits d'union entre les communautés. »
La crise régionale est donc une occasion en or pour l'Église et le Liban d'agir dans l'esprit qui est le leur, non pour exacerber le sentiment d'appartenance identitaire des diverses communautés, mais pour rapprocher, pour concilier. Il faut donner en exemple la manière dont Achraf Rifi sourit à Hussein Hajj Hassan et, dans la minute même, dénonce la volonté d'hégémonie de l'Iran.

Au-delà de ces épiphénomènes, il faut réfléchir sur le temps long dans lequel s'inscrivent ces deux théocraties que sont l'Iran et l'Arabie saoudite, réfléchir à la gnose eschatologique cachée qui inspire la République islamique et au retour aux fondamentaux de la doctrine wahhabite élaborée au début du XXe siècle. Il faut bien voir que l'une et l'autre sont deux formes d'un retour du refoulé spirituel, ou transcendantal, qui s'est accompli en Occident, qui leur a été offert comme avenir, et dont, à raison, ils n'ont pas voulu et ne veulent toujours pas.
Il faut bien voir que l'on est là devant un phénomène de civilisation qui interpelle tout le monde, y compris l'Occident. L'Occident athée de la mort de Dieu, de la conquête coloniale, des invasions impériales, de l'inégalité des échanges, du racisme déclaré ou poli et du relativisme éthique. Un relativisme décrit par le philosophe américain Eric Voegelin, qui a réfléchi sur les millénarismes, comme « une divinisation de la société par elle-même ».

Comme elle nous manque, en ces jours troublants, cette réflexion vigoureuse sur les rapports civilisationnels qui nous permettrait de jouer notre rôle de médiateurs culturels, de « brokers » de la paix et de la vérité. Comme il nous manque aujourd'hui de penser le XXe siècle dont nous héritons. Comme elle nous manque, cette réflexion en profondeur sur l'islam pour comprendre ce qui a rendu possible cette aberration culturelle et politique que l'on nomme État islamique.
Mais où sont les fonds consacrés à la recherche fondamentale ? Où sont les Michel Hayeck et les Youakim Moubarak d'aujourd'hui ? Où sont les Mohammad Hussein Fadlallah et les Mohammad Mehdi Chamseddine d'aujourd'hui? La haine a tout recouvert. Plutôt que de charger le Premier ministre de se rendre en Arabie saoudite, envoyons-y le mufti Deriane et le patriarche Raï, envoyons-y l'un des héritiers de ces pères fondateurs de l'unité profonde des Libanais, de cette unité profonde qui fait barrage – consciemment ou pas – au déluge de violence que cachent souvent les discours politiques déversés sur les ondes. Ce faisant, c'est d'abord au Liban que nous serions en train de rendre service, et en particulier à cette Église maronite, école d'équité, qui ne saurait demander aux autres ce qu'elle ne commence pas elle-même par appliquer.

 

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Il y a tellement à dire, mais allons au plus urgent, une lettre ouverte au roi Salmane : « Majesté, sauf votre respect, il y a erreur. Ces trois milliards, il ne vous appartient pas de les reprendre. Ils sont à nous. Sa Majesté le roi Abdallah nous en a fait don, comme le président Michel Sleiman le dit, l'atteste et en est témoin. Nous croyons, nous, qu'un cadeau ne se reprend pas, et...

commentaires (4)

- ARTICLE PLEIN DE BONNES INTENTIONS ET DE VERITES DU LOINTAIN PASSE... MAIS HELAS... ET CE SONT DES MARONITES QUI FURENT RESPONSABLES ET LE SONT AUJOURD,HUI AUSSI... PAR LEUR EGO, LEURS DIVISIONS ET LEURS SUIVISMES... DU MAL QUI FRAPPE LE PAYS ! - QUAND AU DON... SUSPENDU ET NON REVOQUE... LES LIBANAIS DEVRAIENT APPRENDRE A NE PAS CRACHER SUR LA MAIN QUI ROYALEMENT LEUR A OFFERT L,AIDE !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 37, le 24 février 2016

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Commentaires (4)

  • - ARTICLE PLEIN DE BONNES INTENTIONS ET DE VERITES DU LOINTAIN PASSE... MAIS HELAS... ET CE SONT DES MARONITES QUI FURENT RESPONSABLES ET LE SONT AUJOURD,HUI AUSSI... PAR LEUR EGO, LEURS DIVISIONS ET LEURS SUIVISMES... DU MAL QUI FRAPPE LE PAYS ! - QUAND AU DON... SUSPENDU ET NON REVOQUE... LES LIBANAIS DEVRAIENT APPRENDRE A NE PAS CRACHER SUR LA MAIN QUI ROYALEMENT LEUR A OFFERT L,AIDE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 37, le 24 février 2016

  • Merci pour cet article qui eclaire,qui dit des verites que plusieurs ignorent...Nous avons notre fierte dans la Verite...la prudence dans les affaires etrangeres est necessaire...le discernement est necessaire....

    Soeur Yvette

    09 h 52, le 24 février 2016

  • Maintenant qu’ils tentent désespérément de se débarrasser de leurs déguisements, ils se prennent au sérieux et prennent alors leurs comédies et leurs histoires pour de l'Histoire ! Fatalistes "futés", ce qu'ils se sont appropriés ils l’ont toujours eu grâce au hasard des circonstances de l’histoire de ce pays ! Ce qu'ils font, ce sont les circonstances qui le font toujours pour eux, ou bien ils se contentent simplement de "singer" les actions des autres. Mais eux, en tant que tel : Rien ! Et dans ce cas-ci, on peut bien dire qu’ils sont bien là l’auteur original ! Jamais quelqu’un comme eux ne spécula + platement sur la platitude de ses idées, tout en faisant œuvre de profonde banalité ! Ces petits requins pseudo-malins à la recherche de simples petits maroquins, ne sont que les membres d’1 sphère qui n’est en fait qu’1 conGlomérat de cols blancs et de treillis kaki à "politique" minable dégradant ce pays ! Ceci enrobé d'1 déluge de rhétorique à 2 Piastres, avec la vanité suffisante de Petits Poucet se croyant admis à jouer le rôle de Grands Tamerlan ; et de micros-héros à l’échelle libanaise comme on les "aime" tant, se développant dans cette conTrée depuis trop longtemps perturbant ainsi la vie Saine de tout un chacun…. Surtout des Libanais Sains ! Débitant grâce à leurs logorrhées Arabo-per(s)cées des banalités toutes éculées ! Mais les éléments Sains de la population libanaise, ne se laisseront pas assourdir par les braillards bruyants de bruyants pareils !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 57, le 24 février 2016

  • Envoyer chez le roi Salmane "le mufti Deriane et le patriarche Rai"? Au fond c'est une bonne idée. Mais il faut envoyer un chiite aussi, sinon ce sont des illusions. Et alors qui envoyer ? Hassan Nasrallah ? Est-ce un rêve ou un cauchemar ? Je ne sais plus.

    Halim Abou Chacra

    05 h 08, le 24 février 2016

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